Divinité païenne. L’Écriture ne nomme jamais ce faux dieu mais plusieurs interprètes croient qu’il est désigné sous le nom de Rempham, dans les Actes (Actes 7.43), où saint Étienne cite Amos (Amos 5.26). On peut voir ci-devant l’article Rempham.
La mythologie fait Saturne fils du Ciel et de Vesta, qui est la Terre. Son fils Jupiter le fit eunuque, de peur qu’il n’eût d’autres enfants. Il épousa Cybèle, ou Rhéa, dont il eut plusieurs enfants ; et sachant qu’un d’entre eux lui devait ôter l’empire, il les dévorait tous aussitôt qu’ils naissaient. Rhéa, voulant sauver son fils Jupiter nouveau-né, donna à Saturne, au lieu de l’enfant, une pierre enveloppée, qu’il dévora. Jupiter, devenu grand, fit la guerre à son père, le vainquit, le chargea de liens et le jeta dans les enfers, avec tous ceux qui l’avaient servi dans la guerre.
Saturne eut trois fils de Rhéa ; savoir, Jupiter, Neptune et Pluton, et une fille nommée Junon, sœur jumelle et épouse de Jupiter ; quelques-uns y ajoutent Cérès et Vesta. On dit que Saturne régna en Italie après Janus, qu’il y établit la communauté des biens et l’égalité des conditions ; de là vient que dans les fêtes nommées Saturnales qu’on célébrait au mois de décembre, les serviteurs se mettaient à table avec leurs maîtres, ou même les maîtres servaient à table leurs serviteurs. C’est ce règne de Saturne qu’on appelle le Siècle d’or. On dépeignait autrefois Saturne comme un vieillard courbé, ayant une faux à la main ; on lui attribuait le gouvernement des temps et des saisons, et on lui donnait en grec le nom de Chronos, qui signifie le temps.
Le nom de cette fausse divinité ne devrait pas naturellement entrer dans un dictionnaire de la Bible, qui ne doit être rempli que de noms consacrés par les livres saints. Mais comme Saturne renferme plusieurs traits de ressemblance avec le patriarche Noé, et que plusieurs fausses divinités, dont il est parlé dans l’Écriture, sont, au jugement de quelques savants, les mêmes que Saturne, on ne sera pas fâché de trouver ici un précis de son histoire. On a cru que Baal, que Moloch, que Remphan, étaient Saturne, que la coutume des sacrifices d’hosties humaines était venue de Saturne, qu’il était confondu avec Abraham, ou avec Israël : les anciens parlent de Saturne Phénicien, du Saturne Africain ou Carthaginois, du Saturne Égyptien. On peut voir ce qu’on a dit de Baal, de Moloch et des Sacrifices de victimes humaines.
Quant aux traits de ressemblance qui se trouvent entre Noé et Saturne, ils ne peuvent être plus sensibles. Il est représenté avec une faux comme inventeur de l’agriculture : Noé est nommé Vir agricola (Genèse 9.20) ; et il est dit qu’ll commença à cultiver la terre.
Les saturnales qu’on célébrait dans le vin et dans la licence et où les serviteurs s’égalaient à tours maîtres, marquent l’ivresse de Noé, et sa malédiction qui assujettit Chanaan à ses frères, tout égal qu’il leur était par sa naissance. On disait que Saturne avait dévoré tous ses enfants, à l’exception de Jupiter, de Neptune et de Pluton. Noé vit périr dans les eaux du déluge tous les hommes de son temps, dont plusieurs étaient ses parents, et plus jeunes que lui. Dans le style de l’Écriture on dit souvent que l’on fait ce qu’on n’empêche pas, ou même ce que l’on prédit.
Jupiter fit, dit-on, son père eunuque, parce que Cham vit Noé dans une nudité indécente, et ne le couvrit pas. Sem, Cham et Japhet, fils de Noé, sont manifestement Typhon ou Pluton, Jupiter et Neptune. Cham ou Jupiter eut l’Afrique pour partage ; Japhet ou Neptune eut la mer, ou les îles ; Sem ou Pluton eut l’Asie. Sem était le plus privilégié de ses frères, par rapport à la vraie religion ; il s’attacha au Seigneur et lui demeura fidèle ; il demeura auprès de son père à Noé. Cet attachement le rendit odieux a ses frères et à leurs descendants. Ces grandes prérogatives excitèrent leur haine et leur jalousie : c’est pourquoi ils feignirent qu’il était dieu des enfers. [Voyez Noé].