Ce terme hébreu se trouve jusqu’à soixante et dix fois dans le texte hébreu des Psaumes, et trois fois dans Abacuc. Les-Septante le lisaient encore plus souvent, puisqu’ils ont diapsalma en quelques lieux, où nous ne lisons plus sélah dans l’Hébreu. Ces interprètes, Symmaque et Théodotion, traduisentordinairement sélah par diapsalma, qui signifie une pause que l’on fait en chantant. Diapsalma int erpositum in can endo silen tium, dit saint Augustin ; ou un changement de ton, suivant Théodoret et Suidas. D’autres veulent que ce soit le commencement d’un nouveau sens ou une nouvelle mesure de vers. Saint Jérôme ajoute que le sélah joint ce qui suit à ce qui précède, et montre que ce que l’on vient de dire mérite un souvenir éternel. Il suit Aquila, la cinquième et la sixième édition, en traduisant sélah par toujours.
Quelques anciens ont cru que sélah marquait l’interruption ou la cessation de l’inspiration actuelle du Psalmiste, ou des mouvements intérieurs de sa dévotion. Saint Hilaire et Cassiodore croient que le diapsalma désigne un changement de vois, de personne ou de chant dans les Psaumes. Quelques modernes prétendent que le sélah n’a aucune signification, et que c’est simplement une note de la musique ancienne, dont on ne sait plus l’usage aujourd’hui. En effet, on peut ôter le sélah de tous les lieux où il se trouve, sans que le sens du psaume en soit interrompu. Il ne fait qu’embarrasser au lieu d’éclaircir le texte. D’autres disent que c’était une note qui marquait l’élévation de la voix, et qu’en cet endroit il fallait se récrier et faire une exclamation. Aben-Ezra enseigne que c’est comme la conclusion de la prière, et qu’il répond à-peu-près à la signification de l’amen, ainsi soit-il. Les Juifs, à la fin de leurs épitaphes et de leurs livres, mettent ordinairement sélah, la fin, ainsi soit-il.
Nous ne doutons point que sélah ne marque la fin ou la pause. C’est sa propre signification. Mais comme on ne le voit pas toujours à la fin d’un sens, ni à la fin d’un cantique, nous conjecturons que les anciens musiciens mettaient quelquefois sélah aux marges de leurs livres des Psaumes, pour marquer où il.fallait faire la pause et finir le chant ; de même que dans d’anciens livres des Évangiles, que l’on lisait solennellement à la messe, on a écrit sur la marge en abrégé, ou tout au long, telos en grec, on finis en latin, pour marquer l’endroit où le diacre devait finir ; car alors on lisait le texte dans des livres qui contenaient les quatre Évangiles tout de suite. Ou bien, les anciens Hébreux chantaient à-peu-près comme font encore aujourd’hui les Arabes, avec de grandes pauses, finissant tout d’un coup, et reprenant de même tous à la fois. Pour cela il était important dans les cérémonies de marquer, sur la marge du cantique, l’endroit de la pause et de la fin, afin que tout le chœur cessât et reprît en même temps.