On donne aussi ce nom à la montagne de Sumer, dont nous venons de parler (2 Chroniques 13.4).
C’était une montagne agréable et fertile, et d’une situation avantageuse à douze milles de Dothen, à douze milles de Merrom, et à quatre milles d’Atharoth, sur laquelle le roi Amri bâtit la ville de Samarie. Avant ce temps cette montagne était déjà célèbre par la bataille qui se donna entre Abia, roi de Juda, et Jéroboam, roi d’Israël (2 Chroniques 13) ; Abia à la tête de quatre cent mille hommes, fut se camper sur la montagne de Séméron ; Jéroboam était plus fort du double, puisqu’il avait huit cent mille combattants, tous gens choisis et très-vaillants. Le roi de Juda voulut haranguer Jéroboam et les siens qui étaient campés dans la plaine, pour tâcher de les faire rentrer en eux-mêmes en leur représentant les crimes et l’injustice du parti qu’ils avaient embrassé. Pendant qu’il leur parlait, Jéroboam, dont l’armée était de la moitié supérieure en nombre à celle d’Abia, faisait défiler ses troupes par derrière pour tâcher de le surprendre et de l’envelopper ; mais il s’en aperçut et cria au Seigneur, et les prêtres sonnèrent des trompettes : en même temps, toute l’armée de Juda jeta de grands cris, et le Seigneur répandit une terreur panique dans toute l’armée d’Israël qui prit la fuite, et les enfants de Juda tombant dessus en tuèrent une si grande quantité, qu’on en compta cinq cent mille de défaiis ; Abia poursuivit sa victoire, et prit plusieurs villes sur les ennemis, et depuis ce temps Jeroboam ne fut plus en état de faire aucune entreprise sur Juda.
Observations (de Folard) sur la défaite de Jéroboam par Abia au pied de la montagne de Séméron (2 Chroniques 13.3) et suivants Voici une bataille célèbre entre deux armées dont le nombre serait presque incroyable, si l’on n’en voyait encore de plus nombreuses dans l’Écriture. Ici ce sont tous les sujets des deux rois en état de porter les armes, qui s’assemblent pour décider de leur sort, et du même coup terminer la guerre. Les Juifs étaient tous soldats, les guerres perpétuelles qu’ils eurent ou contre leurs voisins, ou entre eux-mêmes, les avaient extrêmement aguerris ; c’est pourquoi l’Écriture dit qu’ils étaient tous braves et tous vaillants ; cependant, s’il faut en croire Abia dans sa harangue, l’armée de son ennemi était composée d’une multitude de gens de néant, impies et sélérats.
Il est fâcheux aux sujets de deux royaumes d’être obligés d’exposer leur vie, et d’abandonner leurs femmes, leurs enfants, leurs biens, dans une entreprise si interfaine, et pour la querelle de deux princes méchants et impies : il est triste d’avoir de-tels chefs, et de hasarder ce que l’on a de plus cher, pour satisfaire surtout à l’ambi, tion d’un roi tel que Jéroboam, qui joint à l’impiété et à la scélératesse la lâcheté et le défaut d’expérience ; car c’est le comble des malheurs, et la perte d’une armée est assurée lorsqu’elle est commandée par un général qui n’a ni cœur, ni honneur, ni conduite, ni rien qui le rende digne de commander ; la supériorité, ni la valeur même de ses troupes n’est d’aucun effet, il suffit qu’elles le con, naissent et le méprisent pour désespérer de la victoire.
Abia n’était pas le plus fort, il n’avait que quatre cent mille hommes contre Jéroboam qui en avait huit cent mille ; ainsi comme il n’était pas grand guerrier, il eut besoin de toute sa rhétorique pour encourager son armée. Il ne manqua pas de se servir du prétexte de la religion ; c’était le plus sûr moyen pour animer le courage d’un peuple plein de zèle pour le culte du Seigneur, et qui n’avait pas encore oublié les miracles qu’il avait faits en sa faveur, quoiqu’il n’en fut jamais digne, et toujours ingrat, comme on le voit ici, surtout Jéroboam et ses sujets, alors plongés dans les crimes et l’idolâtrie.
Lorsque deux généraux sont dans la résolution de se combattre, ils ne sont pas longtemps sans en trouver l’occasion. Abia, quoique inférieur à son ennemi, n’avait garde d’éviter le combat, il connaissait trop bien à qui il avait affaire : il s’alla camper sur la montagne de Séméron qui était dans la tribu d’Ephraim. C’est là que les deux armées se trouvèrent en présence, et qu’Abia leur lit sa harangue ; elle est excellente et rusée ; je dis rusée, car il fait le dévot et la débite en apôtre ; il ne valait pourtant guère mieux que Jéroboam en matière de religion. Il n’était pas difficile de tromper les Juifs, ils étaient la plupart simples et ignorants ; mais pour les réveiller et animer leur courage, il ne fallait que leur parler de la religion, ils étaient aussitôt zélés pour le culte du Seigneur ; aussi donna-t-il la victoire à Juda, et son roi n’y eut guère de part, si c’est de lui que l’auteur sacré parle (a) Dieu le frappa, et il mourut.
Il fallait que l’auditoire fût attentif à écouter Abia qui faisait le prédicateur et l’homme inspiré, car comme il parlait ainsi, Jéroboam tdchait de le surprendre par derrière ; et étant campé vis-à-vis des ennemis, il enfermait Juda sans qu’il s’en aperçût. Jéroboam faisait défiler des troupes par derrière les hauteurs pour l’environner de la multitude de son armée, et ensuite l’attaquer de front et à dos, et pour lui couper toute voie de retraite. Pour avoir le temps de faire un tel mouvement, it faut que la harangue d’Abia ait été plus longue que l’auteur sacré ne la rapporte ; quoi qu’il s’en suit, les troupes de Jéroboam se mirent en bataille, et commencèrent à s’étendre et à gagner les derrières de l’armée d’Abia.
Il n’y a personne qui ne s’imagine, en sant cette manœuvre, que je ne suis pas d’accord avec moi-même, que je donne Jéroboam pour un franc ignorant dans l’art de la guerre, et que ce mouvement qu’il fait contredit mon opinion, puisque Abia s’érige en harangueur tandis que son ennemi lui tend un piège où il est prêt à tomber. Je n’ai garde d’accuser Abia d’imprudence, quoique je ne croie pas qu’il frit fort habile dans la science des armes mais je vois ici un trait d’un homme rusé, sans pourtant croire que ce soit le résultat d’un profond raisonnement, peut-être ne pensa-t-il jamais à cette ruse, et que, Dieu seul conduisit tout cela, pour donner la victoire au petit nombre de son peuple qui lui était fidèle, et qu’il voulut que la ruse de Jéroboam fût la cause de sa perte et de la défaite de son armée réprouvée.
Pour bien comprendre ceci, il faut l’expliquer le plus clairement qu’il sera possible et en peu de mots. Il paraît d’abord que le piège de Jéroboam était fin, rusé, et profond, nullement ; car en divisant ainsi ses forces pour tourner autour d’une grande armée et l’environner de toutes parts, il rend inutile la moitié de ses troupes, en faisant un mouvement qui ne se fait pas en peu de temps ; ce qu’il, oppose de front à son ennemi, n’est qu’égal à ce que son ennemi lui Peut opposer, et ce mouvement du plus fort, qui n’est fait que dans le dessein d’envelopper le plus faible, le réduit au parti des désespérés, c’est-à-dire, à la nécessité de vaincre ou mourir.
Mais Juda ayant tourné la téte, vit qu’on allait fondre sur lui de front et par derrière ; Abia qui s’aperçoit qu’il est près d’être enveioppé, et qu’il faut encore plus de temps pour achever la manœuvre de son ennemi qu’il ne lui en faut pour l’attaquer à forces égales, profite d’un moment si précieux ; il cria en même temps au Seigneur, et l’es prétres commencèrent à sonner des trompettes ;, et toute l’armée de Juda fit de grands cris : et comme ils criaient ainsi, Dieu jeta l’épouvante dans le cœur, de Jéroboam et dans taule l’armée d’Israël. C’est-à-dire, Juda attaqua vigoureusement et enfonça tout ce qui osa lui résister ; la tuerie fut des plus affreuses, puisqu’il y eut cinq cent mille hommes des plus braves tués du côté d’Israël. Ainsi ce royaume fut presque tout dépeuplé par le glaive, pour la cause d’un prince sans cœur, sans expérience et sans religion.
Ville [royale des chananéens (Josué 11.1 ; 12.20) ; elle fut donnée à la tribu] de Zabulon (Josué 19.15). Voyez ci-après Simoniade [Voyez aussi Amathéens].