On peut distinguer cinq sens dans l’Écriture. 1° Le sens grammatical. 2° Le sens littéral, ou historique. 3° Le sens allégorique, ou figuré. 4° Le sens anagogique. 5° Le sens tropologiquc, ou moral.
Le sens grammatical, est celui que les termes du texte présentent à l’esprit, suivant la propre signification des termes.Ainsi quand on dit que Dieu se repent, qu’il se met en colère, qu’il monte, qu’il descend, qu’il a les yeux ouverts, et les oreilles attentives, etc., le sens grammatical de toutes ces expressions conduirait à croire que Dieu serait corporel, et sujet aux mêmes infirmités que nous. Mais comme la foi nous apprend qu’il n’a aucune de nos faiblesses et de nos imperfections, dans ces rencontres, on n’en demeure jamais au sens grammatical.
Le sens littéral et hsitorique, est celui qui s’attache à l’histoire, au fait, au sens que le récit et les termes de l’Écriture présentent d’abord à l’esprit. Ainsi quand on dit qu’Abraharn épousa Agar, qu’il la renvoya ensuite, qu’Isaac naquit de Sara, qu’il reçut la circoncision ; tous ces faits, pris dans le sens historique et littéral, ne disent autre chose, sinon ce qui est exprimé dans l’histoire : le mariage d’Abraham avec Agarela naissance d’Isaac, etc.
Le sens allégorique et figuré est celui qui recherche ce qui est caché sous les termes, ou sous l’événement dont il est parlé dans l’histoire. Ainsi le mariage d’Abraharn avec Agar, qui fut ensuite répudiée et chassée à cause de son insolence et de celle de son fils, est une figure de la Synagogue, qui n’a jamais été qu’une esclave, et qui a été réprouvée, à cause de son infidélité et de son ingratitude. Sara est la figure de l’Église, et Isaac la figure du peuple choisi.
Le sens analogique, ou de convenance, est celui qui rapporte quelques expressions de l’Écriture à la vie éternelle, à la béatitude, à cause de quelque conformité ou proportion entre les termes dont on se sert pour exprimer ce qui se passe en ce monde, et ce qui arrivera dans le ciel. Par exemple, à l’occasion du sabbat, ou du repos qui était commandé au peuple de Dieu, on parle du repus dont les saints jouissent dans le ciel. À l’occasion de l’entrée des Israélites dans la Terre promise, on traite de l’entrée des élus dans la terre des vivants, etc.
Le sens moral, ou tropologique, est celui qui tire des moralités ou des réflexions pour la conduite de la vie et pour la réforme des mœurs, de ce qui est dit ou raconté historiquement et littéralement dans l’Écriture. Par exemple, à l’occasion de ces paroles du Deutéronome (Deutéronome 15.4) : Vous ne lierez point la bouche du bœuf qui foule le grain, saint Paul dit (1 Corinthiens 9.10) qu’il faut fournir aux prédicateurs, et à ceux qui nous instruisent de quoi se nourrir et s’entretenir.
Le sens littéral a pour objet les faits et l’histoire ; l’allégorique, ce que nous croyons, ou les mystères de notre foi ; l’anagogique, la béatitude, et ce qui y a rapport ; le tropologique, le règlement de nos mœurs.
On peut remarquer les cinq sens dont nous venons de parler, dans le seul mot de Jérusalem. Selon le sens grammatical, il signifie la vision de paix ; selon le littéral, une ville capitale de Judée ; selon l’allégorique, l’Église militante ; selon l’anagogique, l’Église triomphante ; selon le moral, l’âme fidèle dont Jérusalem est une espèce de figure.