Roi d’Égypte. Nous ne devrions point parler ici de ce prince puisque son nom ne se trouve pas dans l’Écriture. Mais comme plusieurs prétendent qu’il est le même que Sésac, qui vint attaquer Roboam, fils de Salomon, roi de Juda, est bon d’en dire un mot en cet endroit. Voici ce que nous en apprend Hérodote. Cet auteur dit que depuis Maris il n’y a aucun roi jusqu’à Sésostris qui mérite que l’on fasse mention de ses exploits. Ce prince, ayant assujetti les peuples qui sont au delà du golfe Arabique, ou de la mer Rouge, tourna ses armes coutre les nations qui habitaient le continent, et les réduisit à son obéissance ; mais celles qu’il trouvait belliqueuses, et qui avaient vaillamment défendu leur liberté, il les distinguait des autres par des inscriptions honorables qu’il érigeait dans leur pays, faisant mention de leur valeur et de leur brave résistance ; celles au contraire qui ne se défendaient point, il les notait d’une espèce d’infamie, en érigeant dans leur pays des monuments qui marquaient qu’ils ne s’étaient défendus que comme des femmes, et cela était marqué sur ces monuments d’une manière également honteuse et ignominieuse, non-seulement par les lettres, mais aussi par les figures qu’on y avait gravées.
Il ne se contenta pas de subjuguer les na-lions de l’Asie, il passa dans l’Europe, et soumit les Thraces et les Scythes ; et ce qui fait croire qu’il ne passa pas plus avant, c’est qu’on ne trouve plus de monuments de Sésostris au delà de ce pays. Hérodote croit que de là il passa dans le pays des Colchiens, de quoi il n’a point de preuves certaines, si ce n’est que les Colchiens, de même que les Égyptiens, reçoivent la circoncision, que leur langue est la même, et qu’ils travaillent le lin de la même manière. Hérodote assure qu’il a encore vu dans la Palestine des inscriptions et des monuments de Sésostris, avec des inscriptions et des figures honteuses, qui marquaient le peu de générosité et de résistance de ces peuples. Les inscriptions écrites portaient ces paroles : J’ai gagné ce pays par mes épaules.
Pendant son absence, son frère s’était emparé du gouverrument de l’Égypte, et lorsque Sésostris revint, il fut invité par son frère à entrer dans une maison où il se vit aussitôt environné de flammes, qu’on avait mises au bois qui était tout autour. Sésostris suivit dans cette occasion le conseil de sa femme, qui l’avait accompagné dans toutes ses expéditions. Il jeta sur le bois allumé deux de ses six fils, et s’étant ainsi fait un passage, il passa sur leurs corps avec ses autres fils, et évita ainsi le danger. Il châtia sévèrement son frère, de ce qu’il avait fait contre lui, et employa une multitude de captifs, qu’il avait amenés avec lui, à faire divers ouvrages dans l’Égypte : Il eut pour successeur son fils Phéron. Voilà le précis de ce qu’Hérodote nous dit de Sésostris, où il ne dit qu’un mot des conquêtes de ce prince dans la Palestine. Et voilà toutefois le fondement de ceux qui croient que Sésac est le même que Sésostris [Il est certain que Sésostris n’est pas le même que Sésac. C’est Rhamsès III roi de la 19e dynastie. Voyez Pharaons. D’après un papyrus possédé par M. Sallier et examiné par M. Champollion le jeune, M.Sallier, dans un rapport lu à la société académique d’Aix, le 2 août 1828, déclare que la date de ce papyrus est de la 9e année du règne de Sésostris lthamsès, et s’exprime en ces termes : Il est à remarquer que la 9e année indiquée par l’écrivain est celle que Diodore de Sicile désigne comme ayant été l’époque du retour de Sésostris en Égypte. Depuis neuf ans qu’il était sur le trône, il n’avait cessé de parcourir le monde en conquérant… Cette époque touche aux temps de Moïse, et vraisemblablement le grand Sésostris était le fils du roi qui poursuivit les Hébreux aux bords de la mer Rouge. Peut-être est-il encore le même qu’lÉgyptus qui força son frère Danaüs, ou Armaïs, à se réfugier en Grèce, parce qu’en son absence il avait tenté de s’emparer du trône. »]