Roi de Perse, le même qui est nommé Artaxerxès ou Artachsarta dans le livre d’Esdras (Esdras 4.7). [Voyez Artaxerxès]. Voici son histoire : Le grand Cyrus avait laissé deux fils, savoir : Cambyse et Tanaoxare, nommé autrement Smerdis, ou selon Justin, Mergis. Cambyse mena son frère avec lui en son expédition contre l’Égypte ; mais Smerdis étant le seul de son armée qui pût tendre l’arc que les Ehiopiens lui avaient envoyé, Cambyse en conçut tant de jalousie, qu’il ne voulut plus le souffrir dans son armée, et le renvoya en Perse. Quelque temps après, ayant songé une nuit qu’un courrier venait lui annoncer que Smerdis était assis sur le trône de Perse, il y envoya un de ses confidents ; nommé Prexaspe, avec ordre de le faire mourir, ce qui fut exécuté.
Après avoir demeuré environ trois ans en Égypte Cambyse reprit le chemin de la Perse). À son arrivée en Syrie, il y trouva un courrier dépêché de Suse, avec la nouvelle que Smerdis, fils de Cyrus, était monté sur le trône : En effet Pathisite, l’un des chefs des mages, à qui Cambyse avait laissé pendant son absence le gouvernement de ses États, avait placé sur le trône de Perse son propre frère, nommé Smerdis, qui ressemblait fort au prince de ce nom qui avait été tué par Prexaspe, et dont la mort n’était pas connue de tout le monde. Cambyse fit arrêter le courrier dont on a parlé, et ayant fait une recherche exacte de ce qui était arrivé à Smerdis son frère, il trouva qu’il avait été véritablement mis à mort, et qu’un autre Smerdis régnait en sa place.
Là-dessus il donna ordre à ses troupes de se mettre promptement en marche pour Exterminer l’usurpateur ; mais, comme il montait à cheval avec trop de précipitation, son épée sortit du fourreau, lui fit une blessure à la cuisse dont il mourut bientôt après. Avant sa mort, il manda tous les principaux des Perses, leur raconta la mort de son frère Smerdis et l’usurpation du mage, et les exhorta fortement à ne se point soumettre à cet, imposteur. Hérodote l’appelle Smerdis ; Heschile. Mardus ; Ctésias, Spondadate ; et Justin, Oropaste.
Dès que, la mort de Cambyse, il fut affermi sur le trône, les Samaritains, toujours ennemis des Juifs, lui écrivirent une lettre (Esdras 4.7), que les Juifs, peuple remuant et inquiet, rebâtissaient leur ville de Jérusalem et leur temple, et qu’il était à craindre que, quand ils auraient achevé leur entreprise, ils ne se révoltassent et ne secouassent le joug des Perses, et que leur exemple ne donnât occasion aux peuples de la Syrie et de la Palestine d’en faire autant ; qu’on n’avait qu’à consulter les archives des Perses pour savoir la vérité, de ce qu’ils annonçaient du dangereux caractère des Juifs. Cette lettre ayant été reçue à la cour, on rechercha dans les archives, et on y trouva qu’en effet les Hébreux avaient longtemps soutenu la guerre contre les rois d’Assyrie et de Babylone, et qu’à la fin ils avaient été vaincus par le roi Nabuchodonosor.
Sur cela un ordre fut envoyé aux Juifs, de ne pas continuer les ouvrages pour le rétablissement de Jérusalem et du temple, et on donna commission aux Samaritains de tenir la main à l’exécution de ces ordres. Ils ne l’eurent pas plutôt reçu, qu’ils se rendirent à Jérusalem ; et ayant notifié aux Juifs les intentions de la cour de Perse, ils les contraignirent par force et par autorité de suspendre leur entreprise. Ainsi l’ouvrage demeura interrompu jusqu’à la seconde année de Darius, fils d’Hystaspe, qui permit aux Juifs de continuer leur travail pour le rétablissement du temple (Esdras 6.1-14). Mais la défense de travailler aux réparations des murs ne fut levée qu’en 3550, par Artaxerxès à la longue main.
Pour revenir à Smerdis, il n’oublia rien pour s’affermir sur le trône de Perse. Il épousa Atosse, fille de Cyrus, et accorda à ses sujets une exemption de taxes et de tous services militaires pendant trois ans ; et, comme il avait tout à craindre s’il était reconnu pour n’être pas le vrai Smerdis, il évitait sur toutes choses de paraître en public, ce qui n’était pas fort extraordinaire en Perse, où les rois, pour conserver le respect qui est dû à leur majesté, ne se présentent que très rarement en public. Cependant, toutes ces précautions étudiées faisaient naître de grands soupçons contre lui. Ozanès, un des plus grands seigneurs de Perse, et dont la Phedyme, était du nombre des femmes du roi, s’informa secrètement de sa fille si le roi était le vrai Smerdis. Elle lui fit dire que n’ayant jamais vu Smerdis, fils de Cyrus, elle n’en pouvait juger. Il lui fit dire ensuite de s’informer de la vérité auprès d’Atosse, fille de Cyrus, et sœur du vrai Smerdis ; mais Phédyme répondit que les femmes du roi ne se voyaient point et n’avaient nulle habitude ensemble. Enfin Ozanés fit dire à sa fille de prendre garde si le roi avait ses oreilles, car Cyrus les avait fait couper au faux Smerdis, convaincu de quelque crime. Phédyme s’acquitta adroitement de cette commission, et pendant que le roi dormait profondément auprès d’elle, elle s’assura qu’il n’avait point d’oreilles, et en donna aussitôt avis à son père.
Ozanès découvrit la chose à six des principaux de la noblesse. Ils formèrent entre eux un parti, et étant entrés dans le palais, ils se jetèrent sur l’usurpateur et sur son frère Palisithe, auteur de toute cette intrigue. Ils les tuèrent tous deux, et ayant exposé leurs têtes au peuple, ils lui découvrirent toute l’imposture. Darius, fils d’Hystaspe, succéda à Smerdis de la manière dont nous avons parlé sous son article. Voyez Darius, fils d’Hystaspe.