Parmi les productions des rivages de Phénicie, dit M. Michaud (Histoire des croisades, tome 1 pages 305), une plante dont le suc était plus doux que le miel attira surtout l’attention des croisés. Cette plante était la canne à sucre ; on la cultivait dans plusieurs provinces de la Syrie, et surtout dans le territoire de Tripoli, où l’on avait trouvé le moyen d’en extraire la substance que les habitants appelaient zucra.
Au rapport d’Albert d’Aix, elle avait été d’un grand secours aux chrétiens, poursuivis par la famine aux sièges de Marrait et d’Archas.
Cette plante, qui est aujourd’hui une production si importante dans le commerce, avait été jusqu’alors ignorée dans l’Occident. Les pèlerins la firent connaître en Europe ; vers la fin des croisades, elle fut transportée en Sicile et en Italie, tandis que les Sarrasins l’introduisaient dans le royaume de Grenade, d’où les Espagnols la transportèrent dans la suite à Madère et dans les colonies d’Amérique.