Eprouver (Genèse 21.1). Dieu tenta Abraham, et lui dit de lui immoler son fils Isaac. Il voulut par là éprouver son obéissance et sa foi, l’affermir et le fortifier par cette épreuve, et donner à tous les siècles, dans la personne d’Abraham, le modèle d’une parfaite obéissance. Dieu ne tente pas les hommes pour connaître leurs dispositions, comme s’il les ignorait ; mais il les éprouve pour exercer leur vertu, pour la purifier, pour la faire remarquer aux autres, pour leur donner lieu de mériter. Ainsi, quand on lit dans l’Écriture (Exode 16.4) que Dieu tente son peuple pour voir s’il marche dans ses voies ou non, et qu’il permet qu’il s’élève parmi eux des mauvais prophètes qui leur annoncent des choses vaines afin de les tenter, pour voir si c’est de tout leur cœur qu’ils cherchent le Seigneur (Deutéronome 13.3), toutes ces expressions ne doivent pas se prendre à la lettre, mais il faut les expliquer par saint Jacques, qui dit (Jacques 1.13) : Que personne, quand il est tenté, ne dise qu’il est tenté de Dieu ; car Dieu est incapable de tenter et de pousser au mal. À Dieu ne plaise qu’on dise que Dieu nous tente pour nous faire commettre ce qu’il défend et ce qu’il punit.
Le démon nous tente, pour nous induire au mal, au péché, à la défiance, au mépris de Dieu et de ses lois, à l’orgueil et à la vanité. Il nous tend des pièges jusque dans nos meilleures actions, pour tâcher de nous en faire perdre le fruit, en nous en attribuant la gloire à nous-mêmes, ou en ne l’attribuant pas à Dieu. Satan tenta David, et l’engagea à faire faire le dénombrement de son peuple par une vaine curiosité (1 Chroniques 21.1) ; il tenta Notre-Seigneur dans le désert (Matthieu 4.1 Marc 1.13 Luc 4.2), pour tâcher de le faire tomber dans l’orgueil, ou de lui inspirer des sentiments d’ambition ; il tenta Ananie et Saphire (Actes 5.3), pour les faire mentir au Saint-Esprit. Saint Paul (1 Corinthiens 7.5) recommande aux Corinthiens de ne point s’exposer à la tentation de l’incontinence, sous prétexte de vouloir vivre dans une plus grande perfection dans le mariage. Enfin dans la prière que Jésus-Christ nous a enseignée (Matthieu 6.13) nous prions le Seigneur de ne nous pas induire en tentation ; et un peu avant sa mort (Matthieu 26.41) il exhorte ses disciples à la vigilance, afin qu’ils n’entrent point en tentation. Saint Paul dit que le Seigneur ne permettra pas que nous soyons tentés au delà de nos forces (1 Corinthiens 10.13).
Les hommes tentent le Seigneur, lorsqu’ils lui demandent mal à propos des preuves de sa présence ; de son pouvoir, de sa bonté. Il est permis sans doute de demander à Dieu son assistance, et de le prier de nous donner ce dont nous avons besoin ; mais il n’est pas permis de le tenter ni de lui demander, par exemple, des miracles, ni de s’exposer à des dangers d’où nous ne pouvons sortir sans un effet miraculeux de son secours. Dieu n’est point obligé de faire des prodiges en notre faveur, et il ne demande point de nous des actions qui soient au-dessus de nos forces. Les Israélites dans le désert ont souvent tenté le Seigneur (Exode 15.2-7,17), comme s’ils avaient eu sujet de douter de sa présence au milieu d’eux, ou de sa bonté et de sa puissance ; après tout ce qu’il avait fait en leur faveur. Dieu nous défend de le tenter (Deutéronome 6.16) : Avant la prière, préparez votre cœur, afin que vous ne soyez pas comme un homme qui tente Dieu (Ecclésiaste 18.23).
Les hommes se tentent l’un l’autre, lorsqu’ils veulent savoir si les choses sont telles qu’on les dit, ou si les hommes sont vraiment tels qu’on les croit ou qu’on souhaite. La reine de Saba vint tenter la sagesse de Salomon, en lui proposant des énigmes à résoudre (1 Rois 10.1 2 Chroniques 9.1). Daniel prie celui qui avait soin de sa nourriture et de celle de ses compagnons de tenter, pendant quelques jours (Daniel 1.12-14), si l’abstinence des viandes souillées les fera devenir plus maigres. Les scribes et les pharisiens (Matthieu 16.1 ; 19.3 ; 22.18) ont souvent tenté Jésus-Christ, dans l’Évangile, pour essayer de le faire tomber dans leurs pièges.