Montagne de Galilée, nommée par les Grecs Ithaburius ou Athaburius. Eusèbe dit qu’elle est sur les frontières de Zabulon, au milieu de la Galilée, à dix milles de Diocésarée, vers l’orient, et qu’elle confine aussi avec les tribus d’Issachar et de Nephtali. Josué (Josué 9.22), la place sur les confins de la tribu d’lssachar. Le nom de Thabor, en hébreu, signifie une hauteur et le nombril, parce que cette montagne s’élève au milieu d’une grande campagne nommée la vallée de Jezrael ou le Grand-Champ. Josèphe dit que le Thabor est haut de trente stades, et qu’à son sommet il y a une plaine de vingt-six stades de circuit, environnée de murailles et inaccessible du côté du septentrion. Polybe assure qu’il y avait une ville sur son sommet ; et Josèphe l’insinue, lorsqu’il dit qu’il fit fermer de murailles, dans l’espace de quarante jours, le haut du mont Ithabyrius, dont les habitants n’avaient pas d’autres eaux que des eaux de pluie. Il ajoute que le Thabor est situé entre le Grand-Champ et Scythopolis ; ce qu’on ne peut expliquer du Grand-Champ de Jezrael, au milieu duquel le Thabor était placé, mais d’un autre Grand-Champ, qui est au pied du mont Carmel, et qui s’étend au midi, à l’orient et au septentrion de cette montagne.
Le Thabor est entièrement isolé au milieu d’une grande campagne où il s’élève comme un pain de sucre dit saint Jérôme. C’est ce qui est confirmé par tous les voyageurs, qui ajoutent qu’il est fort beau à voir, étant revêtu d’arbres et de verdure ; et qu’au haut de son sommet il y a une plaine assez vaste où il y avait autrefois une ville, et où l’on bâtit depuis un grand monastère. Cette montagne est aujourd’hui entièrement déserte. Il est parlé de la ville du Thabor (1 Chroniques 6.77). Sanutus parle d’un fleuve qui prenait sa source au pied du Thabor, du côté de l’orient, et qui tombait dans le Jourdain à l’extrémité du lac de Génézareth. Le Thabor était opposé au mont Hermon, qui était de l’autre côté de la vallée de ezrael, vers le midi. Hermon était stérile et désert, et le Thabor était habité et chargé de bois et de verdure. Le Psalmiste oppose ces deux montagnes (Psaumes 98.13).
Déhora et Barac (Juges 4.6) assemblèrent leur armée sur le Thabor, et livrèrent la bataille au pied de cette montagne à Sisara, général de l’armée de Jabin, roi d’Asor, l’an du monde 2719, avant Jésus-Christ 1281, avant l’ère vulgaire 1285. Voyez ci-devant l’article de Sisara.
Osée (Osée 5.1) reproche aux princes d’Israël et aux prêtres des veaux d’or de tendre des pièges à Maspha, et de mettre des filets sur le Thabor. Ces pièges et ces filets étaient apparemment des idoles ou des autels superstitieux, que l’on avait dressés à Maspha, au delà du Jourdain et sur le Thabor, dans la Galilée, pour engager les peuples d’Israël dans l’idolâtrie et la superstition.
Quelques-uns croient que c’est sur le Thabor que Melchisédech vint au devant d’Abraham, et que c’est là qu’il offrit son sacrifice au Seigneur ; Adrichoinius dit qu’on y montrait encore de son temps l’autel sur lequel ce sacrifice avait été offert. On lit dans quelques histoires apocryphes que Melchisédech demeura sept ans dans l’exercice de la pénitence sur le Thabor, et qu’Abraham l’étant allé trouver par l’ordre de Dieu, il en reçut l’onction sainte et la bénédiction. Mais on ne doit faire aucun fond sur de pareils récits.
Josèphe l’historien, étant gouverneur de la Galilée, fit fortifier le haut du mont Thabor, voulant en faire une place imprenable. Mais Vespasien envoya un de ses officiers nominé Placide, qui attira par adresse en pleine campagne les Juifs qui étaient sur cette montagne et les tailla en pièces.
On croit, depuis plusieurs siècles, que ce fut sur le Thabor que Jésus-Christ se transfigura (Matthieu 18.1 Luc 9.27-28) en présence de saint Pierre, de saint Jacques et de saint Jean. Eusèbe le dit expressément sur le psaume (Psaumes 88.13), et saint Jérôme, dans l’épitaphe ou éloge historique de sainte Paule, et dans sa lettre 17 à Marcelle. Saint Jean Damascène l’assure aussi, et depuis très-longtemps la chose a été regardée presque comme indubitable. Cependant Maldonat, Lightfoot, M.Reiand et quelques autres en ont douté. L’ancien Itinéraire de Bordeaux veut que Notre-Seigneur se soit transfiguré sur le mont des Oliviers. Les anciens Pères qui ont parlé de la transfiguration n’ont pas marqué le mont Thabor. Les évangélistes ne le nomment point, et le chemin qu’ils font faire à Jésus-Christ ne paraît pas favorable à l’opinion qui veut qu’il se soit transfiguré sur le Thabor. Voyez notre Commentaire sur saint Matthieu, chapitre 17.1 [Barbié du Bocage remarque que l’opinion qui place sur le Thabor le théâtre de le transfiguration de Notre-Seigneur est aujourd’hui contestée. C’est une chose improbable, suivant M. de Lamartine, que cette scène sacrée se soit passée sur le Thabor, parce qu’à cette époque le sommet du Thabor était couvert par une citadelle romaine. La position isolée et l’élévation de cette charmante montagne, qui sort comme un bouquet de verdure de la plaine d’Esdrelon, l’ont fait choisir, dans le temps de saint Jérôme, pour le lieu de cette scène sacrée. On a élevé une chapelle au sommet, où les pèlerins vont entendre le saint sacrifice ; nul prêtre n’y réside : ils y vont de Nazareth.
Le Thabor est la plus haute montagne de la Galilée, dit M. Gillot de Kerhardène (Correspondances d’Orient, lettr. 135, tome 5 pages 477). J’ai visité, à différentes époques, ce mont sacré, que les Arabes appellent Gebel-El-Nour (montagne de la Lumière). Le sommet du Thabor présente une étendue d’une demi-lieue de tour, environnée de murailles, débris d’une citadelle. On y remarque aussi les ruines de deux monastères et d’une église bâtie en mémoire de la transfiguration. Les flancs nord-ouest de la montagne sont boisés ; les flancs sud-est offrent une complète nudité.
Le mont Thabor, si célèbre dans l’Ancien et le Nouveau Testament, dit M. Michaud (Histoire des croisades, tome 3 pages 307), s’élève comme un dôme superbe à l’extrémité orientale de la belle et vaste plaine d’Esdrelon. Le penchant de la montagne est couvert en été de fleurs, de verdure et d’arbres odoriférants. De la cime du Thabor, qui forme un plateau d’un mille d’étendue, on aperçoit le lac de Tibériade, la mer de Syrie et la plupart des lieux où Jésus-Christ opéra ses miracles.
Une église, qu’on devait à la piété de sainte Hélène, élevée au lieu même où le Sauveur s’était transfiguré en présence de ses disciples, avait longtemps attiré la foule des pèlerins. Deux monastères bâtis au sommet du Thabor rappelèrent pendant plusieurs siècles la mémoire d’Élie et de Moïse, dont ils portaient le nom ; mais depuis le règne de Saladin, l’étendard de Mahomet flottait sur cette montagne sainte : L’église de Sainte-Hélène, les monastères d’Élie et de Moïse avaient été démolis, et sur leurs ruines s’élevait une forteresse d’où les musulinans menaçaient les établissements chrétiens.
On ne pouvait arriver sur le Thabor sans affronter mille dangers ; rien n’intimida les guerriers chrétiens. Le patriarche de Jérusalem, qui marchait à la tête des croisés, leur montrait le signe de la rédemption et les animait par son exemple et ses discours. D’énormes pierres roulaient des hauteurs occupées par les infidèles ; l’ennemi faisait pleuvoir une grêle de javelots sur tous les chemins qui conduisaient à la cime de la montagne. La valeur des soldats de la croix brava tous les efforts des Turcs ; le roi de Jérusalem se signala par des prodiges de bravoure, et tua de sa main deux émirs. Parvenus au sommet du Thabor, les croisés dispersèrent les musulmans, ils les poursuivirent jusqu’aux portes de la forteresse : rien ne pouvait résister à leurs armes. Mais tout à coup quelques-uns des chefs redoutèrent les entreprises du prince de Damas, et la crainte d’une surprise agit d’autant plus vivement sur les esprits, que personne n’avait rien prévu. Tandis que les musulmans se retiraient pleins d’effroi derrière leurs remparts, une terreur subite s’empara des vainqueurs ; les croisés renoncèrent à l’attaque de la forteresse, et l’armée chrétienne se retira sans rien entreprendre, comme si elle ne fût venue sur le mont Thabor que pour y contempler le lieu consacré par la transfiguratioe du Sauveur.
On ne pourrait croire à cette fuite précipitée sans le témoignage des historiens contem porains. Les anciennes chroniques, selon leur usage, ne manquent pas d’expliquer par la trahison un événement qu’elles ne peuvent comprendre ; il nous paraît cependant plus naturel d’attribuer la retraite des croisés à l’esprit de discorde et d’imprévoyance qu’ils portaient dans toutes leurs expéditions. D’ailleurs il n’y a ni sources ni fontaines sur le mont Thabor, et le manque d’eau put empêcher les croisés d’entreprendre le siège de la forteresse.
On sait que le mont Thabor a des souvenirs de la France plus rapprochés de notre temps ; le général Bonaparte et ses compagnons les y ont gravés pour toujours. Voyez Asor et Béatitudes (Montagne des).
Ville située sur le sommet du mont Thabor. Elle fut donnée aux lévites de la famille de Mérari (1 Chroniques 6.77). Nous en avons déjà parlé dans l’article précédent. Polybe et Josèphe en font mention [Barbié du Bocage ne mentionne pas de ville au sommet du Thabor, mais il en reconnaît une petite au pied. Thabor, dit le géographe de la Bible de Vence, était une ville lévitique de la tribu de Zabulon (1 Chroniques 6.77), nommée ailleurs Céséleth-Thabor, (Josué 19.12), ou Cartha (Josué 21.35). Voyez Cartha].
Casaloth, ou Céséleth-Thabor (Josué 9.12-18), ou Chasalus, comme elle est nommée dans Eusèbe et saint Jérôme, était au pied du mont Thabor, à dix milles de Diocésarée, vers l’orient. [Voyez mon addition à l’article précédent].
Ville de la tribu d’Issachar (Josué 19.22), reconnue par N. Sanson et admise par le géographe de la Bible de Vence.
Le chêne de Thabor, dont il est parlé (1 Samuel 10.3), ne pouvait être près du Thabor de Galilée, comme il paraît à l’endroit où ce nom se rencontre. Ce chêne devait être entre Bethléem et Béthel. On peut traduire le chéne de la hauteur. On trouve encore le nom de Thabor dans un sens appellatif, pour signifier une éminence, dans l’Hébreu (Juges 9.36).