Dernière lettre de l’alphabet hébreu, qu’on prétend avoir eu autrefois la forme d’un 10 ou d’une croix. Et c’est en effet ce qu’on remarque dans les médailles samaritaines et dans d’autres anciens monuments, où il se trouve des thau à -peu-près de la forme de l’X ou de la croix et la plupart de nos commentateurs croient que dans le passage d’Ézéchiel (Ézéchiel 9.4), on doit entendre qu’on imprimait sur leurs fronts la lettre thau ou la forme de la croix. Mais pourquoi le thau plutôt qu’une autre lettre ? C’est, disent quelques-uns, que cette lettre est la première du mot Thorah, la loi. Les Septante ont traduit simplement : Mettez une marque sur le front de ceux qui gémissent. Le Chaldéen et le Syriaque l’ont entendu de même, comme aussi Aquila et Symmaque, suivant le témoignage de saint Jérôme.
Origène, dans un fragment donné dans la nouvelle édition des Héxaples, dit qu’Aquila et Théodotion portent : Mettez la marque du thau sur les fronts de ceux qui gémissent. Mais saint Chrysostome, Théodoret, Eusèbe de Césarée et les autres Grecs ont suivi les Septante, et l’ont entendu d’une simple marque imprimée sur les fronts de ces personnes, afin qu’on ne les confondît pas avec la foule de ceux qui devaient être mis à mort, et les Pères latins qui ont vécu avant que l’édition de saint Jérôme eût paru ont lu de même que les Septante, et n’ont pas cru qu’on ait imprimé un thau ni une croix sur le front des gens de bien qui se trouvaient à Jérusalem. Voyez les commentateurs sur Ézéchiel (Ézéchiel 9.4).
On a accusé longtemps les Samaritains d’avoir retranché trois lettres de leur alphabet ; mais on a reconnu leur innocence, depuis qu’on a vu leurs manuscrits et leurs médailles anciennes frappées dans la Phénicie, voisine de leur pays. On leur reproche seulement d’avoir changé la forme de la lettre thau, qu’Origène et les Pères qui l’ont suivi assurent avoir eu la forme d’une croix : Saint Jérôme, qui avait pu voir les anciens exemplaires du Pentateuque samaritain, avance de même que leur thau avait la figure d’une croix. On convient qu’aujourd’hui cette lettre a une autre forme, et on sait par les médailles que véritablement le thau était à -peu-près fait comme une croix. Ce changement est-il simplement l’effet du hasard ou de la longueur du temps, ou serait-ce une affectation des Samaritains pour nous ôter ane preuve du mystère de la croix consacrée dans la prophétie d’Ézéchiel ? C’est sur quoi je ne voudrais rien assurer ; il est toujours certain que ces sortes de changements ne sont pas fort ordinaires, à moins qu’il n’y ait du dessein.En comparant les anciennes lettres samaritaines aux modernes, il parait une plus grande différence entre l’ancien thau et le nouveau qu’entre les autres lettres du même alphabet comparées l’une à l’autre. Voyez notre Dissertation si Esdras a changé les anciens caractères hébreux, imprimée à la tête du commentaire sur Ésdras, et les médailles samaritaines gravées à la tête du premier tome de ce Dictionnaire.