Ville et ïle dans la Méditerranée, près les côtes de Phénicie, vis à vis Antarade, qui est une ville de terre ferme. L’île d’Arade n’a que sept stades ou huit cent soixante-quinze pas de tour, et est éloignée de deux cents pas du continent. C’est à Arade que demeuraient les Aradiens, descendants [d’Arad, neuvième fils] de Chanaan (Genèse 10.18 ; 1 Chroniques 1.16). Ce pays avait été promis aux Israélites ; mais ils de s’en rendirent pas les maîtres, si ce n’est peut-être sous David et sous Salomon [D. Calmet dit ailleurs que l’île d’Arade était éloignée du continent d’environ vingt stades, c’est-à-dire deux mille six cents pas, et ayant de tour sept stades, c’est-à-dire huit cent cinquante pas ou environ ; comme le marque Strabon. Dans un autre endroit il adopte l’opinion qui confond la ville ou l’île d’Arade avec la ville d’Arphad ; Barbié du Bocage suit aussi cette opinion qui ne me paraît point fondée (Voyez Arphad). Les habitants d’Arade étaient de bons matelots et de bons soldats, d’après ce que dit Ézéchiel (Ézéchiel 27.8-11) ; ils se mettaient au service des Tyriens. Les Romains avaient à Arade une espèce de procurator auquel le consul Lucius écrivit, ainsi qu’à plusieurs autres, en faveur des Juifs (1 Machabées 15.23). Les Aradiens, dit encore Calmet, n’avaient point d’autre eau que celle de leurs citernes ou celle qu’ils allaient prendre dans le continent. On dit qu’en temps de paix, ils tiraient, par un tuyau de cuir, de l’eau douce d’une source qui était au fond de la mer. Tout annonce, dit Barbié du Bocage, qu’Arade était une ville très-commerçante dont la puissance ne laissait pas d’être considérable, même au temps des Romains. De même que la plupart des villes phéniciennes, Arade eut ses princes ou rois particuliers. On y adorait les faux dieux. Une colonie sortie de cette ville participa, de concert avec les Sidoniens et les Tyriens, à la fondation de la ville de Tripoli qui, par ce motif, reçut des Grecs le nom de Tripolis.
Voici quel est l’état actuel de l’île d’Arade, nommée aujourd’hui Rouad : « Séparée du continent par un intervalle de deux mille, écrivait, au mois de juin 1831, M. Poujoulat, elle n’a guère plus d’une demi-lieue de circuit ; et cependant sur cette étroite roche subsiste une population de près de quinze cents habitants, tous marins ou pêcheurs ; des oliviers, des figuiers et des palmiers couvrent le peu de terre susceptible de plantations. L’an dernier, par un de ces mouvements si rares dans ce pays, on a réparé deux vieilles tours placées sur le rivage oriental, et un château du moyen-âge situé au milieu de l’île. Des soldats gardent les deux tours et le château ; ce château sert de demeure à quelques pauvres familles. On a aussi construit, l’an dernier, deux tours pour défendre le côté occidental de l’île ; ces deux tours ont aussi une garnison. C’est dans l’île de Rouad qu’on envoie.les exilés de Syrie, et c’est probablement pour mieux garder les proscrits que l’autorité a déployé sur le rocher d’Aradus une sorte d’appareil militaire. Vous vous rappellerez, à ce sujet, que cette île eut pour premiers habitants des exilés de Sidon ; la colonie sidonienne, longtemps gouvernée par des chefs qu’elle se choisissait elle-même, subit à la fin la commune destinée des peuples de Syrie. Plus tard, Aradus, devenu un lieu de refuge, vit accourir dans son sein une si grande multitude d’hommes qu’on fut obligé, au rapport de Strabon, de multiplier les étages des maisons. L’île de Rouad est placée sous l’autorité d’un aga, soumis au mutselim de Tripoli comme l’aga de Tortose. »