Jacob ayant eu douze fils, qui furent chefs d’autant de grandes familles, et qui toutes ensemble formèrent un grand peuple, chacune de ces grandes familles fut nommée tribu. Mais comme Jacob, au lit de la mort, adopta Éphraïm et Manassé (Genèse 48.5), fils de Joseph, et voulut qu’ils composassent deux tribus d’Israël, au lieu de douze tribus, il s’en trouva treize, celle de Joseph ayant été partagée en deux. Toutefois, dans la distribution des terres que Josué fit au peuple par l’ordre de Dieu, on ne compta que douze tribus et on ne fit que douze lots, la tribu de Lévi, qui était attachée au service du tabernacle du Seigneur, n’ayant point eu de partage dans la terre, mais seulement quelques villes pour y demeurer, et les prémices, les dîmes et les oblations du peuple pour leur subsistance.
Les douze tribus étaient campées dans le désert autour du tabernacle de l’Alliance, chacune selon son rang. À l’orient étaient Judas, Zabulon et Issachar. Au couchant étaient Éphraïm, Manassé et Benjamin. Au midi se trouvaient Ruben, Siméon et Gad. Au septentrion, Dan, Aser et Nephtali. Les lévites étaient distribués autour du tabernacle plus près du saint lieu que les autres tribus ; en sorte que Moïse et Aaron, avec leurs familles, étaient à l’orient, Gerson au couchant, Caath au midi, et Mérari au septentrion.
Dans les marches de l’armée d’Israël, les douze tribus étaient partagées en quatre gros corps composés chacun de trois tribus. Le premier corps, qui faisait comme l’avant-garde de l’armée, était composé des tribus de Juda, d’Issachar et de Zabulon. Le second était composé des tribus de Ruben, de Siméon et de Gad. Entre ce second corps de troupes et le troisième venaient les lévites et les prêtres avec l’arche du Seigneur, les tentures, les ais, les colonnes et tous les autres instruments du tabernacle.
Le troisième corps de l’armée d’Israël était composé des tribus d’Éphraïm, de Manassé et de Benjamin. Enfin, le quatrième et dernier, qui faisait comme l’arrière-garde, comprenait les tribus de Dan, d’Aser et de Nephtali. Voyez ci-devant l’article Marches et campements des Israélites dans le désert.
Dans le partage que Josué fit de la terre de Chanaan aux tribus d’Israël, Ruben, Gad et la moitié de la tribu de Manassé eurent leur lot au delà du Jourdain. Toutes les autres tribus et l’autre moitié de celle de Manassé eurent leur partage au deçà de ce fleuve. Nous avons marqué, sous le titre de chacune des douze tribus, l’histoire du patriarche qui en est le chef, et ce qui peut concerner la tribu dont il est auteur, son partage, ses aventures, etc. Ainsi on peut voir les articles de Juda, de Siméon, de Lévi, de Benjamin, de Dan, Manassé, Ruben, Gad, Aser, Zabulon, Issachar et Nephtali.
Les douze tribus demeurèrent unies sous un même chef, ne formant qu’un même État,. un même peuple et une même monarchie, jusqu’après la mort de Salomon. Alors dix tribus d’Israël quittèrent la maison de David et reconnurent pour roi Jéroboam, fils de Nabat, et il ne demeura sous ta domination de Roboam que les tribus de Juda et de Benjamin. Cette division peut être regardée comme la cause des grands malheurs qui arrivèrent dans la suite aux deux royaumes et à toute la nation des Hébreux ; car, premièrement, elle causa l’altération ou le changement de l’ancien culte et de l’ancienne religion, Jéroboam, fils de Nabat ; ayant substitué le culte des veaux d’or à celui du Seigneur, ce qui fut cause que les dix tribus abandonnèrent le temple du Seigneur ; secondement, cette séparation causa une haine irréconciliable entre les dix tribus et celles de Juda et de Benjamin, et suscita entre eux une infinité de guerres. Le Seigneur, irrité, les livra à leurs ennemis. Téglatphalasar enleva d’abord les tribus de Ruben, de Gad, de Nephtali, et la demi-tribu de Manassé qui était au delà du Jourdain ; et les transporta au delà de l’Euphrate (2 Rois 15.29 1 Chroniques 5.26), l’an du monde 3264, avant Jésus-Christ 736, avant l’ère vulgaire 740.
Quelques années après, Salmanasar, roi d’Assyrie, prit la ville de Samarie, la ruina, enleva tout le reste des habitants du royaume d’Israël, les fil transporter au delà de l’Euphrate (2 Rois 17.6 ; 18.10-11), et envoya d’autres habitants dans le pays pour le cultiver en leur place. Ainsi finit le royaume des dix tribus à Israël, l’an du monde 3283, avant Jésus-Christ 717, avant l’ère vulgaire 721. C’est un grand problème parmi les Pères et les interprètes, savoir si ces dix tribus sont encore aujourd’hui au delà de l’Euphrate, ou si elles sont revenues dans leur pays. La plupart croient qu’elles n’y sont jamais retournées ; mais l’opinion contre nous paraît mieux fondée dans l’Écriture, qui promet en plusieurs endroits le retour de ces tribus, et qui nous représente toute la Palestine bien peuplée par des Israélites de toutes les tribus, longtemps avant la venue de Jésus-Christ. Il faut toutefois avouer que ce retour n’a pas été marqué dans l’histoire, parce qu’il s’est fait insensiblement et qu’il n’a pas empêché qu’il ne soit resté un très-grand nombre d’Israélites au delà de l’Euphrate ; en sorte que saint Pierre adresse encore sa première épître aux Juifs convertis qui étaient répandus dans les provinces de Pont, de Cappadoce, de Bithynie, d’Asie, etc. [Voyez Transmigrations].
On peut voir notre Dissertation sur cette question : Si les dix tribus sont revenues de leur captivité, à la tête du second livre des Paralipomènes.
Quant aux tribus de Juda et de Benjamin, qui demeurèrent sous la domination des rois de la famille de David, elles subsistèrent plus longtemps dans leur pays ; mais enfin, ayant rempli la mesure de leurs iniquités, Dieu les livra à leurs ennemis. Nabuchodonosor ayant pris Jérusalem, fit mettre le feu au temple, ruina la ville et transporta tout le peuple de Juda et de Benjamin à Babylone et dans les autres provinces de son empire (2 Rois 25.1-3 2 Chroniques 26.17-18). Cela arriva l’an du monde 3446 avant Jésus-Christ 584 ; avant l’ère vulgaire 588.
La captivité de Juda dura soixante et dix ans, ainsi que les prophètes (Jérémie 25.11-12 ; 29.10) l’avaient prédit. On eu peut fixer le commencement en 3398, et la fin en 3468, qui est la première année de Cyrus à Babylone ; ou en mettre le commencement en l’an 3416, qui est celui de la prise de Jérusalem et de sa ruine par Nabuchodonosor, et la fin en 3486, qui est le commencement de Darius, fils d’Hystaspe, époux d’Esther et protecteur des Juifs. Le retour de Juda est bien marqué à la fin du second livre des Paralipomènes (2 Chroniques 26.20-23) et dans les livres d’Esdras et de Néhémie. L’édit de Cyrus qui leur permet de retourner dans leur pays, est de l’an du monde 3463, avant Jésus-Christ 532, avant l’ère vulgaire 536.
Voyez Juifs, captivité, Prince, Transmigrations.