Virgo en grec parthenos, en hébreu almah. Ces termes signifient proprement une fille non mariée et qui a conservé la pureté de son corps ; mais quelquefois par abus on les emploie pour signifier une jeune personne, suit qu’elle ait gardé la virginité ou non ; et assez souvent l’Écriture, pour marquer plus expressément la virginité, ajoute au nom de fille ou de vierge ces mots : qui n’a été connue d’aucun homme (Genèse 24.16 Nombres 31.17), ou quelques autres semblables. Quelquefois virgo signifie une jeune femme (Joël 1.8) : Pleurez comme une vierge qui pleure la mort de son mari qu’elle a épousé dans sa jeunesse. Et dans les Proverbes, Salomon reconnaît que les marques de la virginité sont très-équivoques (Proverbes 30.19).
Le nom hébreu almah signifie une personne cachée, parce que les filles qui n’étaient pas mariées demeuraient dans des appartements séparés où les hommes ne fréquentaient point ; et, quand les filles étaient obligées de sortir, elles étaient toujours voilées, et ne paraissaient découvertes que devant leurs plus proches parents. Amnon, fils de David, ayant conçu une passion violente pour sa sœur Thamar, ne pouvait seulement la voir que parce qu’elle était vierge et gardée de fort près (2 Samuel 13.2). Lorsque Héliodore vint à Jérusalem pour enlever les trésors du temple, les filles les plus resserrées parurent les unes dans les rues, les autres aux fenêtres, et les autres sur les murs (2 Machabées 3.19).
Vierge se met souvent dans l’Écriture pour un peuple, une ville, une nation. La vierge fille de Babylone, la vierge fille de Sion, la vierge fille d’Israël, la vierge fille de l’Égypte, la vierge fille de Sidon, etc. Toutes ces manières de parler signifient la province, le pays et le peuple de Babylone, d’Égypte, de Sidon, de Jérusalem, d’Israël.
Par excellence se dit de la très-sainte Vierge Marie, mère de Jésus-Christ, Vierge après, comme avant et dans l’enfantement ; Vierge désignée par ces paroles d’Isaïe (Isaïe 7.14 Matthieu 1.23) : Une [ou plutôt la] Vierge concevra et enfantera un fils, qui sera nommé Emmanuel.
L’état de virginité n’était pas en honneur dans l’Ancien Testament (1). La fille de Jephté, se voyant sur le point d’être immolée [Voyez Jephté] par son père (Juges 10.37-38) avant que d’avoir pu être mariée, va pleurer sa virginité sur les montagnes. La stérilité était un opprobre dans Israël. Isaïe (Isaïe 4.1) voulant montrer la rareté des hommes qu’on devait voir dans Israël, dit qu’elle sera telle, cette rareté, que sept femmes viendront d’elles-mêmes s’offrir en mariage, en disant : Nous ne vous demandons rien, nous nous entretiendrons d’habits et de nourriture ; seulement prenez-nous pour femmes, et délivrez-nous de l’opprobre de la stérilité où nous sommes. Le même prophète console Jérusalem, et lui dit (Isaïe 44.4) : Vous ne serez plus dans la confusion ; vous oublierez la honte de votre jeunesse et l’opprobre de votre veuvage.
Mais, dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ a recommandé la virginité, en disant : il y a des eunuques qui se sont rendus tels pour le royaume des cieux ; que celui qui le peut comprendre le comprenne (Matthieu 19.12). Saint Paul a mis dans son jour le conseil du Sauveur : Je n’ai point reçu de commandement du Seigneur sur l’obligation de garder la virginité ; mais voici le conseil que je donne, comme étant fidèle ministre du Seigneur : Je crois donc qu’il est avantageux à l’homme, à cause des fâcheuses nécessités de la vie présente, de ne se point marier. Etes-vous lié avec une femme, ne cherchez point à vous délier. N’êtes-vous point engagé dans le mariage, ne cherchez point à vous y engager… Je désire devons voir dégagé de soins et d’inquiétudes. Celui qui n’est point marié s’occupe du soin des choses du Seigneur et des moyens de plaire à Dieu ; mais celui qui est marié s’occupe du soin des choses du monde et de ce qu’il doit faire pour plaire à sa femme ; et ainsi il se trouve partagé (1 Corinthiens 7.23-26). [Voyez mon Repertorium biblicum. Voyez Virginitas].
(1) « Quoique la virginité ne fût en Israël que la vertu d’une saison, et qu’elle dût bientôt faire place aux vertus conjugales, elle n’y était pas sans prérogatives et sans honneurs. Jéhovah aimait, les prières des enfants chastes, des vierges pures, et c’était une vierge, et non une reine, qu’il avait choisie pour opérer la rédemption du genre humain… Les vierges, ou almas, figuraient dans les cérémonies du culte judaïque avant que ce culte eût un temple. Nous les voyons sous la conduite de Marie, sœur de Moïse, célébrer par des danses et des cantiques de triomphe le passage de la mer Rouge. Ces chœurs dansants de jeunes filles, transplantés d’Égypte au désert, se maintinrent longtemps parmi les Hébreux. Les vierges de Silo, qui semblent avoir été, du temps des juges, plus particulièrement consacrées au culte d’Adonaï que les autres filles d’Israël, dansaient au chant des cantiques et au son des trompes, à peu de distance du lieu saint, pendant une fête du Seigneur, lorsque les Benjamites les enlevèrent, Ce grave événement ne fit point tomber cet usage, qui ne cessa qu’à l’époque désastreuse ou l’arche fut perdue et le premier temple détruit. Toutes les almas étaient probablement admises à ces chœurs sacrés, lorsque leur réputation n’était ternie d’aucune tache ; mais on distingue dans la foule une portion choisie qui se groupe autour de l’autel avec plus de ferveur et de persévérance. Tandis que l’arche du Seigneur campait encore sous les tentes, les femmes qui veillaient et priaient à la porte du tabernacle offrirent à Dieu les miroirs d’airain qu’elles avaient apportés d’Égypte. C’étaient sans doute de pieuses veuves qui avaient refusé de former de nouveaux liens, pour s’occuper plus constamment des choses du ciel, et des almas vouées par leurs parents au service du sanctuaire, et placées sous l’égide de ces feinmes justes… Après le retour de la captivité, l’influence des Perses, qui bannissaient les femmes de leurs solennités religieuses, pesa sur l’institut des almas : elles cessèrent de former en quelque sorte un corps dans l’État, et de figurer ostensiblement dans les cérémonies du culte. Sous les pontifes-rois, elles vivaient renfermées, et leurs jours s’écoulaient dans une si profonde retraite, que lorsqu’elles coururent éperdues auprès du grand prétre Onias, su moment oti l’attentat sacrilège d’Héliodore mettait tout Jérusalem en rumeur, les historiens juifs trouvèrent le fait si insolite et si merveilleux, qu’ils les consignèrent dans leurs annales. Il y avait donc, quoi qu’on eût pu dire, des vierges attachées au service du second temple, lors de la présentation de Marie. » M. l’abbé Oasien, Histoire de la Mère de Dieu, complétée par les traditions d’Orient, etc. Voyez l’Harmonie de la Synagogue et de l’Église, par M. Drach. Voyez aussi Zach prêtre de la famille d’Abia, ci-après.