Se dit non-seulement du sens de la vision, par lequel nous discernons les objets extérieurs, mais aussi du discernement intérieur, de la connaissance des choses spirituelles, et même de la vue surnaturelle des choses cachées, de la prophétie, des visions, des extases ; d’où vient qu’on appelait anciennement voyants ceux qu’on appela dans la suite nabi, ou prophètes, et qu’on appelle les prophéties visions : visio Amos, visio Abdioe, etc.
De plus le verbe voir s’emploie pour marquer presque toutes sortes de sensations : il est dit dans l’Exode (Exode 20.18) que les Israélites voyaient les voix, les tonnerres, les feux, le son de la trompette, et toute la montagne de Sinai chargée de brouillards ou de fumée ; et saint Augustin remarque que le verbe voir s’attribue aux cinq sens de la nature ; voir, ouïr, flairer, goûter, toucher : Non enim tantum dicimus, vide quid laceat, sea etiam vide quid sonet ; vide quid oleat, vide quid sapiat, vide quid caleat.
Voir le bien, ou les biens ; c’est-à-dire, les éprouver : (Psaumes 26.13) : J’espère que Dieu me fera retourner dans mon pays, dans la Judée, et d’y vivre encore dans la prospérité. Job (Job 7.7) Je mourrai, et je ne verrai plus ; je ne jouirai plus des biens de ce monde. Et le Psalmiste : Plusieurs disent : Qui nous fera voir les biens (Psaumes 28.3) ? Pouvons-nous espérer de jouir encore de quelque bonheur pendant cette vie ?
Voir La face du roi, être son domestique, l’approcher de près. Les rois de Perse, sous prétexte de conserver le respect dû à leur majesté, se laissaient rarement voir à leurs sujets, et ne se montraient presque jamais en public. Il n’y avait que leurs plus intimes amis, ou leurs serviteurs les plus familiers qui eussent cet avantage : Erant primi et proximi qui videbant faciem regis, dit Esther (Esther 1.10-14). Souvent dans l’Écriture on fait allusion a cet usage ; lorsqu’on parle des sept principaux anges qui ont l’honneur de voir la face du Seigneur, et de paraltre en sa présence. Voyez (Tobie 22.15). Voyez (Apocalypse 1.4).