Fils de Ner, général des armées de Saül. [Trompé par D. Calmet, qui dit ailleurs, il est vrai, qu’Abner était cousin germain de Saül, mais qui ne recoupait qu’un personnage du nom de Ner, qu’il appelle aussi Abi-Gabaon (Voyez ce mot) et qu’il dit fils d’Abiel (au mot Ner), et par l’auteur d’une note de la Bible de Vence (4e édition sur (1 Chroniques 7.29) qui insinue que Jéhiel ou Abi-Gabaon est le même qu’Abiel, j’ai prétendu contre eux, dans mon Histoire de l’An. Test (tome 1 page 216, col. 2, n. 2) qu’Abner était, non le cousin germain de Saül, mais son oncle, me fondant sur une partie de leurs données, perdues dans une confusion qui aurait dû me les faire rejeter toutes. Mais depuis j’ai examiné sans leur secours ce point de généalogie ; j’ai vu deux personnages du nom de Ner, l’un fils d’Abi-Gabaon, c’est dire de Jéhiel (1 Chroniques 8.29 ; 9.35) ou Séror (1 Samuel 9.1) et père de Cis qui l’est de Saül, et du second Ner qui l’est d’Abner, d’où il suit que ce dernier n’est vraiment que le cousin germain de Saül. Je sais maintenant à n’en pas douter, comment il n’est que cela, et voici en un petit tableau le résumé des recherches qui m’ont fait revenir de mon erreur.
Jéhiel ou Ségor, surnommé Abi-Gabaon, a pour fils (1 Chroniques 8.30 ; 9.36) :
Il conserva la couronne à Isboseth, fils de ce prince, et le maintint à Mahanaïm au delà du Jourdain, pendant sept ans, contre les forces de David, qui régnait alors à Hébron, dans la tribu de Juda (Depuis l’an du monde 2949 jusqu’en 2956). Il y eut de temps en temps quelques guerres entre les deux partis de David et d’Isboseth, dans lesquelles David avait toujours l’avantage (2 Samuel 3.1). Un jour, Joab, général des troupes de David, et Abner, géneral de celles d’Isboseth, s’étant trouvés sur la piscine de Gabaon (2 Samuel 2.12-16) avec leurs armées, Abner dit à Joab : Que quelques jeunes gens se lèvent, et qu’ils jouent (ou qu’ils s’escarmouchent. Abner, à ce qu’il semble, proposa cette sorte de combat, comme si son dessein était qu’on n’en vint pas à une bataille générale ; mais il est probable qu’il ne voulait que gagner du temps) devant nous. Joab répondit : Qu’ils se lèvent ; aussitôt, douze hommes de Benjamin, du côté d’Isboseth, se présentèrent, et douze autres du côté dé David, et chacun d’eux ayant pris par la tête celui qui se présenta devant lui, ils se passèrent l’épée au travers du corps, et tombèrent morts tous ensemble. Il se donna ce jour-là un combat assez rude entre les deux armées, et Abner fut mis en fuite par les gens de David.
Les trois fils de Sarvia, sœur de David, étaient à la bataille, savoir : Joab, Abisaï et Asaël ; or, Asaël était extrêmement vif, il égalait à la course les chevreuils des montagnes. Il se mit donc à poursuivre Abner, sans vouloir se détourner ni à droite ni à gauche ; Abner fit ce qu’il put pour l’obliger à s’attacher à quelqu’autre, mais voyant qu’il continuait à le poursuivre, il lui porta un coup de l’arrière-main avec sa lance, qui le perça et le tua sur la place. Joab et Abisaï continuèrent à poursuivre Abner jusqu’au coucher du soleil ; alors, toute l’armée d’Abner s’étant rassemblée autour de lui sur une éminence, il commença à crier à Joab : Votre épée ne se rassasiera-t-elle donc pas de sang et de meurtres ? Ignorez-vous qu’il est dangereux de jeter son ennemi dans le désespoir ? Joab répondit : Vive le Seigneur ! si vous eussiez parlé plutôt, il y a longtemps que le peuple se serait retiré. En même temps il sonna du cor, et toute l’armée cessa de poursuivre Abner.
Quelque temps après, Abner se brouilla avec Isboseth, au sujet d’une concubine de Saül, dont Isboseth accusa Abner d’avoir abusé (2 Samuel 3.7-8). Abner, étrangement irrité de ce reproche, lui répondit : Suis-je un homme à être traité comme un chien aujourd’hui, moi qui me suis déclaré contre Juda, et qui ai soutenu dans sa chute la maison de Saül, votre père, et après cela vous venez aujourd’hui me chercher querelle pour une femme ? Que Dieu me traite dans toute sa sévérité, si je ne procure à David ce que le Seigneur lui a promis avec serment, et si je ne le fais reconnaître pour roi par tout Israël, depuis Bersabée jusqu’à Dan. Isboseth n’osa lui rien répondre, parce qu’il le craignait. Alors Abner envoya à David, pour lui dire de sa part : À qui appartient tout ce pays, sinon à vous ? Si vous voulez me donner part à votre amitié, je vous offre mon service et je vous rendrai maître de tout Israël. David y consentit et lui fit dire qu’il ne lui demandait qu’une chose, c’est qu’il lui ramenât Michol, fille de Saül, qui avait été sa femme, et que Saül avait donnée à Phaltiel. Abner lui renvoya donc Michol, et commença à parler aux anciens d’Israël en faveur de David, et après avoir ainsi disposé les esprits, il le vint trouver à Hébron, pour lui découvrir leurs bonnes dispositions. David lui fit un festin, et le combla de caresses, et lui dit d’aller travailler à lui ramener tout Israël, ainsi qu’il l’avait promis. À peine était-il sorti d’Hébron que Joab et ses gens arrivèrent de la campagne ; on leur dit qu’Abner était venu voir David et avait fait alliance avec lui. Aussitôt Joab alla trouver le roi, et lui dit : Qu’avez-vous fait ? Pourquoi avez-vous laisse aller Abner ? Ne savez-vous pas quel homme c’est, et qu’il n’est venu ici que pour vous tromper, et pour observer vos démarches ? En même temps, il sortit et envoya, à l’insu du roi, après Abner, et lui fit dire de revenir ; Abner étant entré à Hébron, Joab le tira à part au milieu de la porte comme pour lui parler en secret, et lui enfonça son épée dans l’aine, pour venger la mort d’Asael, son frère. David ayant su ce qui s’était passé, en témoigna publiquement son chagrin, fit faire des funérailles solennelles à Abner, voulut lui-même assister à son convoi, composa en son honneur un cantique lugubre, et après cela, jura qu’il ne mangerait point jusqu’au soir. Ainsi mourut Abner, l’an du monde 2956 ; avant Jésus-Christ 1044. ; avant l’ère vulgaire 1048.