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Astres
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Bost

Moïse, pour précautionner les Hébreux contre l’abus qui régnait dans presque tout l’Orient, d’adorer le soleil, la lune et les astres, nous apprend, tout au commencement de la Genèse, que Dieu leur donna l’être, et les tira du sein de la matière, qu’il avait produite du néant (Genèse 1.14-16). Job (7) nous décrit les astres au commencement du monde, qui louent le Créateur ; et Isaïe (Isaïe 14.13), fait dire à Lucifer dans sa révolte : Je monterai dans les cieux, j’élèverai mon trône sur les astres, je m’assiérai sur la montagne du testament, etc.

La beauté et l’éclat que les hommes ont remarqués dans les astres, et les grands avantages qu’ils en ont tirés ; l’ordre admirable qu’ils ont remarqué dans leur cours, l’influence qu’on leur a attribuée pour la production et la conservation des animaux, des fruits, des plantes et des minéraux, ont déterminé presque tous les, peuples du mondé à leur attribuer la vie, la connaissance, la puissance, et à leur rendre un culte souverain. Prenez garde, dit Moïse (Deutéronome 4.19), que levant vos yeux vers le ciel, vous ne considériez le soleil, la lune et, tous les astres des cieux, et que, séduits par leur beauté, vous ne vous portiez à les adorer, et à rendre à ces créatures, que le Seigneur a créées pour le service de toutes les nations qui sont sous le ciel, un culte superstitieux et idolâtre. Et Job (Job 31.25, 26) : Si j’ai vu le soleil dans son éclat, et la lune dans tout son brillant ; si mon cÅ“ur s’en est réjoui en secret, et si j’ai baisé ma main (pour les adorer), ce qui est unn très-grand péché, et une espèce de renoncement contre le Très-Haut, etc. Le culte de Baal, d’Astarté, de la Reine du ciel, de la milice du ciel, etc., qui est si souvent reproché aux Juifs, n’est autre que le culte des astres, surtout du soleil et de la lune. Saint Étienne dans les Actes (Actes 7.42), après avoir parlé de l’adoration du veau d’or par les Israélites dans le désert, dit que Dieu les a abandonnés à leur aveuglement, et qu’ils ont rendu leurs adorations à la milice du ciel, et qu’ils ont porté dans le désert la tente de Moloch, et l’arche de leur dieu Rempham. Nous examinerons ailleurs les termes de saint Étienne.

Les Juifs anciens et modernes donnent beaucoup aux influences des astres. Philon leur attribue une très-grande part à tout ce qui arrive sur la terre. Il dit ailleurs que les astres sont non-seulement des animaux, mais même qu’ils sont des esprits très-purs ; que l’air est plein d’animaux, ou d’esprits, qui en descendent continuellement pour animer les corps ; il avait puisé ces sentiments dans Platon, son maître. Origène a été dans les même erreurs. Les Rabbins donnent de même de l’Intelligence au Ciel et aux étoiles ; ils tiennent qu’elles connaissent Dieu, qu’elles se connaissent elles-mêmes, que Dieu est l’objet de leurs désirs, que leurs connaissances et leurs actions sont plus parfaites que celles de l’homme.

Maimonide dit qu’il n’y a point de dispute entre les sages sur le sujet des astres : ils conviennent tous qu’ils ont une grande influence sur la génération et la corruption des corps sublunaires. Quelques-uns attribuent la direction des événements plutôt aux anges qu’aux étoiles ; mais d’autres soutiennent que ce sont les astres qui versent leurs influences sur la terre : chaque herbe a, selon eux, son étoile particulière, dont elle reçoit sa vertu ; cette vertu s’étend même sur le corps humain et sur les principales actions de la vie. Cela toutefois ne détruit pas la liberté de l’homme ; les planètes ne leur imposent aucune nécessité ; leurs effets tombent principalement sur nos corps, sur la santé, sur la complexion et sur tout ce qui en dépend.

Les livres saints semblent quelquefois donner, du sentiment aux astres : on nous dit que les astres louaient le Seigneur au commencement du monde (Job 38.7) : on invite le soleil, la lune et les étoiles à louer le Seigneur : on dit que la lune retire sa lumière, qu’elle obéit à la voix de Josué ; que le soleil s’arrête au commandement de ce chef du peuple de Dieu ; que le soleil se lève comme un époux qui sort de sa chambre nuptiale (Psaumes 18.6). Moïse semble favoriser le sentiment qui attribue des influences au soleil et à la lune, lorsqu’il promet à Joseph (Deutéronome 33.14) abondance des fruits du soleil et de la lune. Job (Job 9.7) dit que le Seigneur donne des ordres au soleil, et qu’il ne se lève point. Et le Psalmiste (Psaumes 103.19), que le soleil connaît le lieu et le temps de son coucher. Et Salomon (Ecclésiaste 1.5) : Le soleil se couche et se lève, et revient au lieu d’où il est parti, et renaissant au même endroit, tourne par le midi et s’avance du côté du septentrion : cet esprit visite toutes choses et tourne de tous côtés, et revient sur lui-même par de longs circuits ; ce qui est assez semblable à cette expression de l’Ecclésiastique : (Ecclésiaste 42.16) Sol illuminans per omnia respicit, et gloria Domini plenum est opus ejus. Et encore (Ecclésiaste 3.2) : Sol in aspectu annuntians, in exitu vas admirabile, opus excelsi. Baruch (Baruch 5.59) dit que le soleil et la lune, ces astres si brillants, obéissent au Seigneur, etc.

Mais toutes ces expressions, qui sont purement Populaires, ne doivent pas s’expliquer à la lettre ; autrement il faudrait dire que la terre, que les arbres, que les eaux sont animés, puisqu’on trouve dans l’Écriture des expressions qui semblent aussi l’insinuer. Toutes les créatures louent le Seigneur, bénissent le Seigneur, obéissent au Seigneur, chacune en sa manière. Si l’on donne quelque chose de plus au soleil, à la lune, aux étoiles, c’est que ce sont des créatures plus parfaites, et où la magnificence de Dieu éclate d’une manière plus sensible.