Empereur Romain, successeur de Jules César. La bataille d’Actium qu’il donna contre Marc-Antoine, et qui le rendit maître de l’empire, arriva quinze ans avant la naissance de Jésus-Christ, et l’an du monde 3985. Auguste vécut encore dix-sept ans depuis ; il mourut l’an 14 de l’ère corn-mune, et dix-sept ans après la naissance du Sauveur. Ce fut cet empereur qui ordonna le dénombrement dont il est parlé dans saint Luc (Luc 2.1) ; ce qui obligea saint Joseph et la sainte Vierge de se transporter à Bethléem, où Jésus-Christ prit naissance.
Auguste fit donner à Hérode par le sénat la couronne de Judée. Après la défaite de Mare-Antoine, Hérode s’attacha à Auguste, et lui fut toujours très-fidèle. Auguste le combla de biens et d’honneurs ; et lorsque ce monarque entreprit d’assujettir l’Arabie à l’empire Romain, Hérode donna cinq cents de ses gardes à Ælius Gallus, qui était chargé de cette expédition. Auguste voulut bien prendre soin de l’éducation d’Alexandre et d’Aristobule, fils d’Hérode, et les retenir dans son palais. Auguste étant venu en Syrie, Zénodore et les Gadaréniens vinrent lui faire des plaintes contre Hérode, l’accusant de violence, de rapine et de tyrannie ; mais Hérode par sa présence dissipa ces accusations, et obligea ses accusateurs à se donner la mort, de peur d’être livrés entre ses mains, et Auguste loin d’avoir égard à ces accusations, le combla d’honneurs et augmenta son royaume de la Tétrarchie de Zénodore.
Il eut la bonté d’entrer dans l’examen des brouilleries d’Hérode avec ses enfants, et il les réconcilia ensemble.
Sylleus, ministre d’Obodas, roi des Nahathéens, ayant accusé Hérode d’avoir fait irruption en Arabie avec une puissante armée, et d’y avoir fait mourir bien du monde, Auguste en écrivit à Hérode d’une maniere piquante ; mais il sut si bien justifier sa conduite, que l’empereur lui rendit ses bonnes grâces et les lui conserva jusqu’à la fin. Mais cela ne l’empêcha pas de désapprouver beaucoup les rigueurs qu’Hérode exerça envers ses fils, ayant fait mourir Alexandre, Aristobule et enfin Antipater ; ce qui fit dire à cet empereur qu’il valait beaucoup mieux être le pourceau d’Hérode que son enfant.
Auguste, après la mort de Lépidus, avait pris la charge de souverain pontife des Romains. Cette dignité lui donnait inspection sur les cérémonies et la religion. Un de ses premiers soins fut de faire examiner les livres sibyllins, qui étaient alors fort communs et causaient de grands désordres parmi le peuple et dans le gouvernement, chacun sa donnant la liberté de les interpréter et de les tourner à sa fantaisie et suivant ses inclinations. Auguste en fit faire la recherche, et en fit brûler, dit-on, près de deux mille exemplaires, il ne conserva que ceux qui portaient le nom de quelques sibylles, et qui passaient pour être leurouvrage ; et encore les soumit-il à un examen sévère. Ceux qu’il conserva comme authentiques, furent mis dans deux cassettes d’or sous le piédestal de la statue d’Apol Ion, dont le temple était bâti dans l’enceinte du palais. Voyez ci-après l’article Sibylles. Le reste de l’histoire d’Auguste n’a point de rapport à notre dessein.
Saint Luc parle d’un dénombrement ordonné par Auguste, et sur lequel on s’est plu à faire des difficultés. Voyez Quirinius.
D’anciens historiens mentionnent, à propos d’Auguste, un fait peu connu et qui mérite d’être cité ici. Jean d’Antioche, surnommé Malalas, auteur d’une histoire du monde depuis son origine jusque dans le sixième siètile après Jésus-Christ, le rapporte ainsi qu’il suit : « Auguste César Octavien alla visiter l’Oracle de Delphes la cinquante-cinquième année de son règne, au mois d’octobre. Ayant offert le sacrifice d’une hécatombe, il demanda à la Pythie de lui apprendre quel serait relui qui, après lui, gouvernerait l’empire Romain. Mais la prêtresse ne lui donna aucune réponse ; il fit donc un niveau sacrifice, et renouvela la demande ce çes termes : Pourquoi l’Oracle garde-t-il le silence, et ne me donne-t-il aucune reponse ? Alors enfin la Pythie répondit : L’enfant Hébreu, Dieu, Roi des bienheureux, me prescrit de quitter ce lieu et de rentrer de nouveau dans, l’enfer ; retire-toi donc, et ne continue pas à fatiguer mes autels (Suit deux vers en grec). Ces deux derniers vers sont défectueux. Suidas au mot grec rapporte mieux en ces termes la réponse de la Pythie : L’enfant Hébreu, Roi des dieux immortels, m’ordonne de quitter ce temple, et de retourner de nouveau dans l’enfer ; retire-toi donc en silence et laisse mes autels.
Auguste donc ayant quitté l’Oracle, et étant venu au capitole, y fit construire un aulel élevé, où il fit graver en lettres latines : C’est ici l’autel du premier-né de Dieu : Ara Primogeniti Desi. On voit encore maintenant même cet autel au Capitole, ainsi que le rapporte le sage Timothée. Joannes Malala, lib. 9. pages 98, dans le 23e vol des Écrivains de l’histoire Bysantine. 1733.
Malalas vivait au neuvième siècle ; et Timothée, qu’il cite ; était un chronographe bien plus ancien, puisque Hesychius, écrivain du quatrième siècle, parle de lui et l’appelle chronographe ami de Dieu. Le même fait est rapporté par Suidas, Georges Cedrenus, Nicéphore, Baronius, avec quelques variantes. L’authenticité de cette prophétie sibylline a été attaquée ; M. Bonnetly a examiné les objections qu’on a dirigées contre elle et montré leur peu de valeur. Voyez les Annal de Philos chrét., tome 14 pages 62-71.