Fleuve de Damas, dont parlait Naaman, général du roi de Syrie, en ces termes : 2 Rois 5.12 Les fleuves d’Abana et de Pharphar, qui coulent à Damas, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Nous croyons que ce fleuve est le même que le Barrady, ou Chrysorroas, qui prend sa source au pied et à l’orient du Liban, et qui coule autour et au dedans de Damas, et va perdre ses eaux dans le désert, à quatre ou cinq lieues au midi de cette ville.
Les fleuves qui coulent à Damas n’ont rien perdu, à ce qu’il paraît, de leur valeur. Écoutons M. Poujoulat qui les a vus et qui en écrivait, un jour du mois de mai 1831, à M. Michaud, qui, lui, visitait l’Égypte.
« Qui donne tant de fraîcheur et d’éclat aux jardins de Damas, ce sont les eaux abondantes que le Barrady ou Barrada leur envoie. Le voyageur est frappé de la manière admirable dont les eaux du fleuve sont partagées et distribuées dans les quartiers de la ville et dans tous les lieux voisins… Le Barrady prend sa source au nord-ouest de Damas, à dix lieues de distance. Le Barrada ne peut être que le Pharphar de l’Écriture ; la dénomination moderne est une dérivation corrompue du nom primitif. Les Grecs et les Romains appelaient cette rivière Chrysorrimas. L’eau de ce fleuve n’est bonne à boire qu’après sa jonction avec la rivière nommée Fige, dont la source est à cinq heures au nord de Damas ; arrivées au village de Maksan, à deux heures de la ville, les deux rivières qui n’en forment plus qu’une seule sous le nom de Barrady, se divisent en sept branches. La gorge montagneuse où le fleuve se divise offre un de ces beaux aspects romantiques comme vous avez pu en rencontrer dans les montagnes de la Suisse ou du Tyrol. Aux temps antiques, le fleuve ne se partageait qu’en deux branches ; c’étaient le Pharphar et l’Abana ; on a creusé au fleuve cinq nouveaux canaux pour que tout le pays soit largement abreuvé. La première branche, nommée Djazzié, arrose Salidthid, jour délicieux couvert de maisons de plaisance, situé à une demi-heure de chemin de Damas, au nord-ouest ; le Djazzié passe ainsi sur des hauteurs qui, d’après l’estimation de Pokocke, dominent en quelques endroits le Barrada de plus de soixante pieds ; la seconde branche, nommée Tora ou Toura, roule une plus grande quantité d’eau que toutes les autres, et baigne des lieux élevés situés au nord de la ville ; la troisième, nommée Banias, abreuve le quartier du sérail qui est le plus beau quartier de Damas ; la quatrième, qui conserve le nom de Barrada, coule au pied des murailles de Damas, du côté du nord ; la cinquième, nommée Carnevat ou Kenovat, fournit de l’eau à la majeure partie de la cité, à l’aide d’un grand nombre de petits conduits qui vont aboutir aux fontaines publiques, aux bains, aux khans et aux mosquées ; la sixième, nommée Akrabani ou rivière des scorpions, traverse la partie méridionale de Damas et abreuve aussi une moitié du grand faubourg de Meidan ; l’Akrabani pourrait bien être l’Abana de l’Écriture ; Benjamin de Tudèle dit que l’Abana traverse la ville ; la septième enfin, nommée Derary ou Deramy, coule au sud de l’Akrabani et donne de l’eau à l’autre moitié du faubourg de Meidan. Toutes ces rivières, après avoir ainsi abreuvé la population et le pays dans tous les sens, rejoignent un peu au delà de Damas le Barrada qui leur a donné naissance, et les sept canaux réunis en grand fleuve vont se perdre obscurément dans un abîme, à sept heures, à l’est de Damas, appelé par les Arabes Bahr-El-Illerg (la mer du Pré). Le Bahr-El-Merg, dont la circonférence est d’environ huit lieues, ne s’élève et ne s’abaisse dans aucun temps ; dans toutes les saisons, son niveau se montre perpétuellement le même. L’œil cherche en vain l’issue par où puissent s’écouler les eaux du lac ; on ne saurait lui assigner que des voies souterraines. Ainsi, les eaux du Barrada ont le même sort que les eaux du Jourdain ; les deux fleuves promènent leurs flots glorieux dans de belles et riches vallées, et tous deux se perdent dans un abîme entouré de silence et de mystère. »