Nous avons remarque sur le verbe adorer, que baiser sa main et la porter à sa bouche, était une marque d’adoration. Les Hébreux, par une manière de pléonasme, disent assez souvent : Ouvrant la bouche, il parla, il maudit, il chanta, etc. Ils disent aussi que Dieu ouvre la bouche des prophètes, qu’il met ses paroles dans leur bouche, qu’il leur ordonne de parler, et de dire ce qu’il leur inspire. Interroger la bouche du Seigneur (Josué 9.14), le consulter. Dieu dit qu’il sera dans la bouche de Moïse et d’Aaron (Exode 4.15). Demandons la bouche de la fille (Genèse 24.57), sachons ce que Rébecca en pense. Entendons ce qui est dans la bouche d’Achitophel (2 Samuel 17), consultons-le sur cette affaire.
Ouvrir la bouche, emporte assez souvent une espèce d’emphase, pour dire parler hautement, hardiment, librement (1 Samuel 2.1) : Dilatatum est os meum super inimicos meos, dit Anne, mère de Samuel (Ézéchiel 24.27) : In die illa aperietur os tuum, et loqueris et non silebis. Et Isaïe (Isaïe 57.4) : Super quem dilatasti os ; et dans un sens contraire, fermer la bouche (Psaumes 106.42), imposer silence, est une marque d’humiliation et de douleur. Et (Psaumes 37.14) : Factus sum sicut mulus, non aperiens os suum et non habens in ore suo redargutiones. Mettre sa bouche dans le ciel (Psaumes 72.9) signifie :parler arrogamment, insolemment, sans craindre Dieu.
Dieu ordonne que sa loi soit toujours dans la bouche de son peuple (Exode 13.9), que les Israélites s’en entretiennent souvent. Il leur défend de prononcer même le nom des dieux étrangers (Exode 23.13). Dieu dit que la terre a ouvert sa bouche et a reçu le sang d’Abel (Genèse 4.11). Les Hébreux disent ordinairement, faire passer à la bouche de l’épée, au lieu que nous disons, au fil de l’épée. à bouche (Nombres 12.8) est une manière de parler commune chez les Hébreux, de même que parmi nous. Moïse raconte que Dieu ouvrit la bouche de l’ânesse de Balaam (Nombres 22.28), c’est-à-dire qu’il la fit parler à son maître. Mettre sa main sur sa bouche (Juges 18.19) ; (Sagesse 8.12) ; (Isaïe 52.15) signifie se taire par respect, par admiration, par crainte (Esdras 9.12). Remplir d’une bouche à l’autre, d’une extrémité à l’autre ; comme un sac qui est plein depuis le fond jusqu’à l’ouverture (Esther 13.17 ; 14.9, Judith 13.25). Ne fermez pas la bouche de ceux qui vous louent ; ne souffrez pas qu’ils soient opprimés et qu’ils n’aient pas lieu de publier vos louanges. Souvent l’Écriture dit que Dieu fait ce qu’il permet simplement, ou même ce qu’il, prédit d’une seule bouche (Daniel 3.51), d’un commun accord. Observer la bouche du roi (Ecclésiaste 8.2), écouter attentivement ses paroles. Marcher à la bouche de quelqu’un, suivant ses ordres. Transgresser la bouche du Seigneur (1 Samuel 15.24), violer ses ordonnances. Vous serez justifié par votre bouche, vous serez condamné par votre bouche, par le bon ou le mauvais usage, de votre langue.
Osée (Osée 6.5), dit que le Seigneur a fait mourir son peuple par les paroles de sa bouche, c’est-à-dire qu’il leur a prédit la mort, la captivité, etc., par la bouche de ses prophètes. Isaïe (Isaïe 11.4), dit que le Messie frappera la terre du souffle de sa bouche, et fera mourir l’impie du vent qui sortira de ses lèvres. Ces expressions marquent la souveraine puissance de Dieu, à qui il ne faut qu’un souffle pour exterminer ses ennemis. Le même prophète (Isaïe 49.2) dit que le Seigneur a rendu sa bouche comme un glaive tranchant. Et saint Paul dit que la parole du Seigneur est comme une épée à deux tranchants (Hébreux 4.12). Toutes manières de parler fort énergiques, pour exprimer le souverain empire de Dieu sur les cœurs comme sur les corps.
La bouche parle de l’abondance du cœur, dit Jésus-Christ (Matthieu 12.34), nos discours sont l’écho des sentiments de notre cœur. Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche (Matthieu 15.14) qui souille l’homme ; ce n’est ni le boire ni le manger qui nous rend souillés aux yeux de Dieu. Saint Paul dit qu’il a été délivré de la gueule du lion (2 Timothée 4.17) ; c’est-à-dire qu’il a échappé à la cruauté de Néron. Metite in ore misericordioe, dit Osée (Osée 10.12), c’est-à-dire, faites en sorte que vous moissonniez à proportion de vos miséricordes et dès aumônes que vous aurez faites. Cette expression in ore, ou ad os (Osée 10.12), signifie souvent, pro ratione, pro portione servata ; par exemple : Ils prendront de leurs voisins, selon qu’il en faudra pour manger l’Agneau (Exode 12.4). Vous la ferez racheter selon le nombre des années : Ad os multitudinisannorum (Lévitique 25.16). Vous leur partagerez leur lot, selon le rapport des commissaires : Ad os visitatorum (Nombres 26.54), etc.