Le prophète Abdias (Abdias 1.20) : (Sépharad), parlant du retour de la captivité des Juifs, dit : l’armée des enfants d’Israël, qui avait été transportée hors de son pays, possédera toutes les terres des chananéens, jusqu’à Sarepta ; et les villes du midi obéiront à ceux qui avaient été emmenés de Jérusalem jusqu’au Bosphore.
On connait trois Bosphores, où les Hébreux pouvaient avoir été emmenés :
1° Le Bosphore Cimmérien, à l’extrémité du Pont-Euxin, entre cette mer et les Marais Méotides ;
2° Le Bosphore de Thrace, qui est celui de Constantinople, ou le bras de mer entre Chalcédoine et Constantinople ;
3° Le Bosphore, ou le bras qui sépare l’Espagne de l’Afrique.
On nomme ces détroits Bosphores, ou plutôt, Bospores, en grec, parce qu’un bœuf les peut passer à la nage, et parce que la fille d’Inachus, transformée en génisse, passa à la nage le détroit de Thrace, entre Constantinople et Chalcédoine. Ce détroit n’a que quatre stades ou cinq cents pas de largeur.
Les interprètes sont partagés sur le détroit dont parle Abdias. Le Juif que Saint Jérôme consultait dans ses difficultés sur l’Hébreu, lui dit que le Bosphore marqué dans le Prophète, était le Bosphore Cimmérien où l’empereur Adrien avait relégué plusieurs Juifs pris dans la guerre qu’il fit dans la Palestine ; circonstance toutefois dont on ne trouve rien dans l’histoire d’autres croient avec plus de raison que les captifs marqués dans Abdias, avaient été relégués par Nabuchodonosor vers les Palus Méotides, qui passent pour un des plus affreux pays du monde, et où les persécuteurs des chrétiens ont souvent relégué les confesseurs de notre religion. Enfin, plusieurs autres entendent l’Hébreu de l’Espagne lls traduisent ainsi Abdias : Les captifs de Jérusalem qui sont à Sépharad ; c’est-à-dire, dans l’Espagne, posséderont les villes du midi. Les historiens profanes, comme Mégasthènes et Strabon, avancent que Nabuchodonosor poussa ses conquêtes jusque dans l’Afrique et dans l’Ibérie, au delà des colonnes ; ce que nous entendons des colonnes d’Hercule. Or, ce fut, dit-on, dans cette expédition contre l’Espagne, qu’il transporta plusieurs Juifs dans ce pays. Ainsi on concilie la version qui lit le Bosphore, avec le sentiment des Juifs et des auteurs qui les ont suivis, en interprétant Sépharad de l’Espagne.
Mais on peut douter que Sépharad signifie l’Espagne ; quelques-uns l’entendent de la France, et les anciens interprètes Grecs ont conservé ce terme hébreu sans le traduire. Du temps de saint Jérôme, les Hébreux l’expliquaient du Bosphore. Les Septante ont lu Ephrata, au lieu de Sépharad ; je croirais que Sépharad signifie quelque pays de delà de l’Euphrate, comme le pays des Sapires ou Saspires, vers la Médie, ou la ville de Hippara, dans la Mésopotamie.