Dans l’Écriture, se prend pour la crème ou beurre liquide, comme il est presque toujours dans l’Orient. Voyez notre Commentaire sur la Genèse, 18.8, et le Supplément qui est à la fin de l’Apocalypse. On nourrissait les enfants de miel et de beurre (Isaïe 7.15, 22), c’est-à-dire de laitage, de crème et de miel, qui était fort commun dans la Palestine. Quelques-uns croient que sous le nom de butyrum, dans l’Écriture, il faut entendre du fromage : mais nous ne pouvons être de leur avis. Les Hébreux ont un nom pour signifier le fromage, différent de celui qu’ils emploient pour signifier le beurre ou la crème [Voyez Assaisonnement. Le mot beurre est poétiquement employé pour exprimer l’abondance ; ainsi, dans ses invectives contre le possesseur illégitime d’une grande fortune, Sophar, l’un des interlocuteurs de Job, dit : qu’il ne voie point… les torrents de miel et de beurre (Job 20.17). Sur quoi M. Brach fait cette remarque : « Le terme hébreu peut aussi se traduire par crème de lait ; mais il signifie communément beurre : c’est ce qui a déterminé saint Jérôme à adopter ce dernier sens. Nous autres Européens nous avons de la peine à nous figurer un torrent de beurre ; mais dans les climats brûlants de l’Orient, le beurre n’a pas la consistance que nous lui voyons. Shaw nous apprend (p. 169) qu’en Barbarie on verse le beurre dans des cruches pour le conserver. » Job, décrivant l’état fortuné où il était d’abord, dit : Quand je lavais mes pieds dans le beurre. C’est encore une tournure poétique pour exprimer l’abondance ; toutefois, dit à ce sujet M. Mach, je ne saurais m’empêcher de citer les deux faits suivants qui peuvent jeter de la lumière sur ce passage. Hasselquist (Voyage, page 58) rapporte que les prêtres grecs de Magnésie, à la cérémonie du lavement des pieds du Jeudi saint, oignent de beurre frais les pieds qu’ils viennent de laver. Brun nous apprend que le roi d’Abyssinie a coutume de s’oindre la tête tous les jours avec du beurre. Jahn (Archéol. Biblica, paragraphe 47) dit qu’il n’est nullement fait mention de beurre dans la Bible ; car, dit-il, ce qui dans la Vulgate (Juges 5.25), est rendu par beurre était un breuvage. Ce texte ne prouve pas la proposition. Il me serait difficile d’admettre, sur des preuves de ce genre, que le beurre n’était pas connu des Hébreux ou qu’ils n’en faisaient pas usage. M. Glaire (Introd aux livres saints, tome 2 page 82) admet l’opinion de Jahn, qu’il copie. Au livre des Proverbes (Proverbes 30.33), c’est, dit-on, de la crème qu’il est fait mention ; car dans l’Hébreu, il y a : Celui qui presse le lait en fait sortir la crème. Je ne suis pas fort en économie rurale, toutefois j’ai quelque motif de croire que presser, agiter ou battre le lait ne serait pas un bon moyen d’en faire sortir la crème. J’ai vu que pour obtenir de la crème, il fallait laisser le lait en repos, et qu’elle venait toute seule à la surface du lait, et je n’ai pas ouï dire qu’en aucun pays et en aucun temps on ait employé le procédé contraire. Quand on a de la crème, on la presse, on l’agite, on la bat, pour en faire sortir le beurre, procédé qui est d’autant plus prompt que la température est plus chaude. Je crois donc que le texte des Proverbes doit être expliqué ainsi qu’il suit : Celui qui presse (ou bat) le lait (c’est-à-dire la crème). en fait sortir le beurre].