Ville de la tribu de Juda, située sur une montagne de même nom, dans la partie la plus méridionale de la Palestine (Josué 15.55). C’est là ou demeurait Nabal du Carmel, mari d’Abigaïl (1 Samuel 25.5). Saint Jérôme dit que de son temps les Romains avaient une garnison au Carmel ; ce qui doit s’entendre de la ville de ce nom, au midi de Juda. C’est sur cette même montagne que Saül, au retour de son expédition contre Amalec, érigea un arc de triomphe (1 Samuel 15.11).
Montagne au midi de Ptolémaïde et au nord de Dura, sur la Méditerranée. Au pied de cette montagne, du côté du nord, coulait le torrent Cison, et un peu plus loin, le fleuve Béléus. Josèphe attribue le Carmel à la Galilée ; mais il appartenait plutôt à la tribu de Manassé et au milieu de la tribu d’Aser (Josué 19.26). Le nom de Carmel signifie une vigne de Dieu ; et saint Jérôme nous apprend que le sommet de cette montagne était fertile en pâturages [Elle conserve encore aujourd’hui ce nom de champ fertile ; « et en effet, le Carmel est couvert d’oliviers, de figuiers, de vignes et d’autres arbres à fruits, et les bois de chênes et de pins y sont encore à présent assez abondants pour que l’on puisse reproduire à leur égard les expressions de grands bois et de forêts du Carmel dont se sert l’Écriture. Ses pâturages, remarquables par leur bonté, contribuaient, autant que ses jardins et ses vergers, à donner au Carmel un aspect de beauté qui devait en rendre le séjour agréable et bien fait pour lui mériter les louanges des prophètes. Les grottes dont le Carmel est percé sont innombrables ; plusieurs ermites y sont venus, à diverses époques, chercher un paisible asile. Le séjour d’Élie et d’Élisée les ont surtout rendues célèbres. Au haut de la montagne, on montre encore celle où le prophète Élie se cacha pour fuir la persécution de Jésabel. Cette grotte peut avoir 15 ou 16 pieds de longueur sur 10 à 12 de largeur ; on y descendait comme dans un puits. Une chapelle dédiée à la Vierge, qui venait souvent à Nazareth visiter le Carmel, est adossée à cette grotte,Où l’on entre à présent par une porte : à côté est un hospice destiné aux pélerins. Plus haut que cette grotte, on trouve celle d’Élisée, qui peut avoir 25 pieds de longueur sur 10 à 12 de largeur. Ce fut au pied de cette montagne, sur le bord du Cison, que le culte de Baal fut détruit, que les 450 prophètes de ce dieu et les 400 prophètes des grands bois furent massacrés par l’ordre d’Élisée, et que l’impiété d’Achab se trouva confondue. Lors de la conquête du pays par Josué, la contrée du Carmel était gouvernée par un roi dont Jachnan était la résidence, et qui avait dans son domaine plusieurs bourgs et villages situés sur la montagne. Dans le partage du pays de Chandail, le Carmel échut à la tribu d’lssachar. » Barbié du Bocage].
On adorait sur cette montagne une ancienne divinité, nommée aussi Carmel ; mais elle n’y avait ni temple, ni statue, dit Tacite ; seulement on y voyait son autel et on lui rendait un culte religieux. Jamblique dit que Pythagore allait souvent sur cette montagne et se tenait seul dans le temple qui y était. On y voit encore aujourd’hui (1730) un monastère habité par des religieux carmes.
« À l’époque de la révolution grecque, en 1821, une grande fermentation s’éleva contre tout ce qui était chrétien. Abdallah, pacha d’Acre, crut voir alors dans l’habitation des cénobites du Carmel, une forteresse, une véritable place de guerre, où la révolte pourrait se mettre à l’abri. Dans cette persuasion ou plutôt dans cette Crainte, il fit démolir le couvent, malgré les réclamations des consuls français. Le grand seigneur, sur les instances du roi de France, ordonna au pacha de rebâtir l’édifice démoli, à ses frais… Ce dernier aurait pu bâtir pour les moines un kiosque simple et fragile à la manière des Turcs, ou faire durer éternellement la construction de l’édifice… Aussi les moines ont-ils mieux aimé mettre eux-mêmes la main à l’œuvre et se charger de toutes les dépenses… Lorsqu’on a jeté les fondements de l’édifice, il ne restait plus que quatre cénobites du couvent d’Élie ; deux ont présidé aux travaux, les deux autres se sont mis à parcourir le monde chrétien ; enfin ils sont venus à bout d’achever l’œuvre commencée et de relever le monastère dans l’espace de trois ans. J’ai été émerveillé de la solidité de cette construction ; je ne sais point ce qu’était l’ancien couvent qu’on a détruit sous prétexte qu’il ressemblait à une citadelle ; mais je crois que dans le nouvel édifice, les bons pères peuvent fort bien soutenir un siège lorsque l’occasion s’en présentera. » Correspondances d’Orient, Lettr. XC, tome 4 page 119-121].
On sait l’histoire de ce qui arriva sur le mont Carmel, lorsque le prophète Élie pria Achab d’y amener les faux prophètes de Baal, et qu’il fit descendre le feu du ciel sur l’holocauste qu’il y avait préparé (1 Rois 18).
Ce nom se donne quelquefois en général à toutes sortes de lieux plantés de vigiles et d’arbres fruitiers et remarquables par leur fertilité. On prétend qu’il se donne aussi à la pourpre, parce que l’on pêchait au pied et au nord du Carmel, les coquillages qui servaient à teindre en cette couleur.