Monts Caspies.
Ce terme ne se trouve pas expressément dans le texte de la Bible, à moins qu’Esdras ne l’ait voulu marquer par ces mots (Esdras 8.17) : Mise eos ad Eddo, gui est primus in Chasphioe loco : Je les envoyai vers Eddo qui était chef de ceux qui habitent à Chasphia. Esdras étant sur le point de partir pour se rendre dans la Palestine, souhaita d’avoir quelques Nathinéens pour servir dans le temple du Seigneur. Il envoya donc vers Eddo, qui était à la tête de ces Nathinéens, qui travaillaient apparemment aux mines dans les monts Caspies, situés entre la Médie et l’Hyrcanie. C’est dans ces montagnes que plusieurs mettent les Portes Caspiennes, qui sont une gorge très-étroite par laquelle on passe de la Médie dans l’Albanie, au couchant de la mer Caspienne. Selon d’autres, les Portes Caspiennes sont dans le mont Taurus, et font la communication de l’Assyrie avec la Médie. Les Orientaux croient que ce fut Alexandre le Grand qui fit bâtir une fort longue muraille pratiquée dans les ouvertures de la montagne, pour fermer le passage dans la Perse aux peuples du Nord, appelés par eux Gog et Magog. Il y a près de là une ville nommée Derbend, qui signifie en langue persane passage fermé, ou barrière. Les Turcs les nomment Demir-capi, Portes de fer. La muraille qui fut bâtie par Alexandre surnommé Dhoul-Carnein, différent d’Alexandre le Grand, est nommée par les Arabes, la digue d’Alexandre, ou le rempart de Gog et Magog.
Elle fut ruinée par le temps ou par l’effort des Scythes ; mais Jezdegierd, fils de Baharam, roi de Perse, la fit réparer, et Chosroës, surnommé Nuschirvan, un de ses successeurs, acheva de la fortifier. La province où la ville de Derbent et la muraille dont nous venons de parler se trouvent, s’appelle Schirvan. Autrefois elle était nommée le trône d’or, parce que le roi de Perse avait permis au gouverneur de cette province de s’asseoir en rendant la justice, sur un trône d’or, en considération de l’importance du poste qu’il gardait. On dit qu’Artaxerxès Ochus ayant pris une partie de la Judée, ou plutôt ayant conquis l’Égypte, en transporta un grand nombre de Juifs dans l’Hyrcanie proche la mer Caspienne. Orose dit que les Juifs trà nsportés sur les bords de cette mer, y étaient fort multipliés de son temps, et espéraient d’en revenir pour peupler la Judée et l’auteur de l’histoire dit qu’Alexandre le Grand ayant trouvé grand nombre de Juifs en ce pays-là, les enferma dans les Portes Caspiennes dont on a parlé.
La mer Caspie ou La mer Caspienne, est une espèce de grand lac, qui n’a aucùne communication sensible avec aucune mer ; c’est sa vaste étendue qui lui a fait donner le nom de mer. Les Hébreux nomment ainsi tous les grands lacs, comme celui de Sodome et de Génésareth l’on a depuis, peu donné une description exacte de cette mer et de ses environs, sur les memotres envoyés par le Czar de Moscovie à messieurs de l’Académie des Sciences de Paris. Les eaux de la mer Caspienne sont salées et amères comme celles des autres mers, à l’exception du côté de l’Hyrcanie, où elles ne sont ni douces ni salées. Cette mer est extrêmement poissonneuse. Plusieurs grandes rivières, comme le Volga, l’Araxe, le Jaik, le Chesel et le Jehun se perdent dans la mer Caspienne, et toutefois elle ne paraît jamais ni augmenter, ni diminuer, et c’est dans elle plus que dans aucune autre que se vérifie sensiblement ce que dit Salomon (Ecclésiaste 1.7) : Tous les fleuves entrent dans la mer, et la mer ne déborde point. On conjecture que ces eaux s’écoulent par des conduits souterrains, ou dans le golfe Persique, ou dans la mer Noire, ou qu’elles vont sourdre en différents endroits pour produire des fleuves, l’Euphrate, le Tigre, et qu’en passant sous la terre, elles se filtrent et perdent leur salure.