Dans les premiers siècles, se dit de femmes chrétiennes régulièrement au service de l’Église (en grec diaconos, tardivement diaconissa)
Avant de parler de la diaconesse féminine, il faut se rappeler le rôle considérable que les femmes ont joué dans l’introduction de nouveaux cultes, dans le paganisme, et la bienfaisance des femmes en Israël.
La place et la charge de la diaconesse grandissent et se précisent. Au IIIe siècle, il est probable que peu d’églises sont sans diaconesses. Par contre les veuves restent ce qu’elles étaient, assistées et honorées, mais formant de moins en moins un corps constitué. On voit clairement dans les Constitutions apostoliques, qui donnent au IVe siècle un tableau des usages du IIIe, le vrai rapport. Il y est beaucoup parlé des veuves (III, 1ss). Elles sont « soumises aux évêques, aux prêtres, aux diacres et même aux diaconesses », à qui elles fournissent des recrues ; elles restent dans leurs maisons « à chanter, à prier et à lire » (III, 7). La diaconesse, par contre, est l’objet d’une consécration ; l’évêque assisté des prêtres, des diacres et des diaconesses lui impose les mains et prie ainsi : « Donne-lui l’Esprit-Saint, préserve-la de toute souillure ». Cette consécration est rapportée entre celles du diacre et du sous-diacre (VIII, 18s). Les auteurs qui cherchent à en diminuer la portée ne tiennent pas compte de ce que ce don de l’Esprit signifie pour l’antiquité chrétienne (et en particulier dans les Const. apost.). L’Église a besoin des services ecclésiastiques de la diaconesse pour tous les cas où le diacre ne peut fonctionner : ainsi les onctions des femmes au baptême par immersion, la cure d’âme féminine (III, 15 : « là où l’on ne peut envoyer un diacre »). Il faut y joindre le soin des femmes malades, des orphelins, des veuves, l’accueil à faire aux femmes pauvres dans le culte, à la porte, et pour les placer, la surveillance des veuves et des vierges. La diaconesse aurait voulu davantage participer en quelque mesure au sacrement de l’eucharistie, prendre la parole. L’Église ne l’a jamais admis. En Irlande elles présentent le calice aux femmes : c’est un cas unique. Chez les gnostiques, les Montanistes, les Nestoriens et dans les communautés des Priscillianistes, elles sont arrivées à leurs fins. Les Const. apost, constatent et consacrent la fonction dans un temps où déjà sa décadence est proche. Le clergé se défie des empiétements du ministère féminin ; ses succès hors de l’Église l’ont compromis. Le baptême par immersion, peu à peu abandonné, rend une partie de ses services inutiles. La vie monastique absorbant les vocations y met fin. En Gaule le concile d’Orange (441) décide qu’« on n’ordonnera plus de diaconesses ». La chrétienté d’Occident suit de loin. En Orient la charge dure plus longtemps : à Constantinople, sous Justinien, il y a encore, pour 60 diacres et 90 sous-diacres, 60 diaconesses ; le Basileus veille rigoureusement sur leur célibat. Mais de plus en plus ce n’est qu’un titre d’honneur qu’on donne aux femmes pieuses, aux abbesses. On sait que le pasteur Fliedner, en 1836, a relevé le nom et la chose dans les églises évangéliques.
An.
Numérisation : Yves Petrakian