Corps liquide — le plus commun — qui joue sur notre globe un rôle primordial. L’eau est prise pour unité dans un grand nombre de mesures (densité, chaleur, température, etc.). Elle a joué dans la constitution de notre planète un rôle essentiel qui se poursuit d’ailleurs de nos jours, Elle est un puissant agent d’érosion : c’est elle qui, à partir des roches brutes, a déposé les sédiments de terre arable, nivelé les montagnes, creusé les vallées. Elle est ensuite le grand solvant de la nature : elle est à la base de toute vie terrestre ; non seulement la vie paraît avoir pris naissance au sein des eaux, mais sans eau aucune vie ne pourrait se maintenir. Le végétal s’en sert pour transporter les corps nutritifs qu’il puise dans le sol ; l’animal s’en sert pour évacuer les déchets organiques ; l’un et l’autre la réclament dans leur constitution intime : la pomme de terre contient 80 pour cent d’eau et le sang 90. Dans la nature l’eau se présente sous des formes variées. Les mers, les rivières, les lacs et les eaux souterraines représentent la masse liquide d’eau. Mais l’air contient sous forme de vapeur une quantité énorme d’eau. Cette eau participe à un cycle général qui assure la fécondité de la terre : par évaporation l’eau est empruntée par l’air aux masses liquides ; les vents la transportent au loin dans les terres sous forme de nuages ; puis elle retombe en pluie bienfaisante. On pourrait croire que, par ce cycle, la quantité d’eau reste constante sur la terre ; il n’en est rien, car la vapeur d’eau est décomposée par les radiations solaires qui en détruisent une certaine quantité. D’autre part il s’en fixe des masses énormes sur les minéraux qu’elle hydrate. C’est ce qui porte certains savants à supposer la fin de la vie terrestre par déshydratation. L’astronomie montre l’aspect désolé des planètes où l’eau paraît avoir été détruite (Mars). On voit par ces quelques réflexions l’importance de ce corps. On ne s’étonnera pas que les anciens aient vu dans l’eau un des éléments essentiels de la nature. Lavoisier a montré que, malgré sa vitale dignité, l’eau était un composé de deux corps simples, l’hydrogène et l’oxygène, dans la proportion de 2/16 en poids et 2 /1 en volume.
La Bible nous présente l’eau comme un des éléments essentiels du monde (Genèse 1.2) ; c’est même au sein des eaux que s’est passée la création (Genèse 1.6 ; Genèse 1.9). Les eaux interviennent encore au moment du déluge (Genèse 7.10) et l’on comprend que le souvenir d’un tel cataclysme ait laissé dans l’esprit un grand respect pour la puissance des eaux. L’eau d’ailleurs est peu abondante dans les pays de la Bible, à l’exception de la Mésopotamie et des rives du Nil ; aussi, en dehors des vallées arrosées où la végétation vient facilement (Genèse 13.10), le pays est-il désert. Seuls des troupeaux peuvent utiliser ces terres, ce qui donne une grande importance à l’eau de boisson. L’eau n’était pas un bien public, mais la propriété privée d’une famille, d’une tribu ou d’un village. Puiser l’eau était un travail de femme (Genèse 24.11-19 ; Jean 4.7, etc.). Pour faire boire les hommes et les bêtes il était souvent nécessaire de payer l’eau (Nombres 20.19). Sans doute il eût été honteux de refuser de l’eau à un voyageur (Genèse 24.17 ; Jean 4.7), mais l’abreuvage des troupeaux soulevait facilement des disputes (Genèse 26.20 ; Exode 2.16 ; Exode 2.17). Combler un puits était un acte d’hostilité (Genèse 26.15 ; 2 Chroniques 32.30). Les sources d’eau sont à peu près exclusivement des puits (Genèse 16.7 ; Genèse 16.14), dont l’importance pour les habitants de ces pays ne saurait être exagérée (Genèse 21.19 ; Genèse 21.25 ; Genèse 26.15 ; Genèse 29.2 ; Exode 2.15 ; Jean 4.6 ; Jean 4.12).
La pluie (voir ce mot) était une bénédiction, et son absence était considérée comme une malédiction de Dieu (Deutéronome 28.23 ; 1 Rois 17.1 ; Amos 4.7).
Pour répartir l’eau dans la campagne, on pratiquait certains procédés d’irrigation (voir ce mot). Pour l’amener dans les villes (le plus grand problème de la vie des cités), diverses époques construisirent des aqueducs ; nombreux sont aujourd’hui les vestiges de ces constructions dues aux rois de Juda ou à l’empire romain. Dans les lieux où les puits ne pouvaient donner, on utilisait l’eau de citerne [voir ce mot, Étang et Ville] (Deutéronome 6.11 ; 2 Chroniques 26.10 ; Néhémie 9.25) ; mais l’eau conservée est bien moins estimée que l’eau vive. L’eau vive, c’est l’eau qui vient naturellement par fontaine ou source (voir ce mot), dans un puits ou hors d’un puits (Genèse 26.19 ; Jérémie 2.13 ; Jean 4.11). Une source d’eau vive est donc un bien inestimable, et l’on comprend qu’en maints passages Dieu lui-même soit comparé à une source d’eau vive (Jérémie 17.13 ; Jean 4.10 ; Jean 7.38 ; Apocalypse 7.17 ; Apocalypse 21.6).
L’eau amère s’oppose non à l’eau vive, mais à l’eau douce (Jacques 3.11) ; elle désigne l’eau saumâtre ou salée (Exode 15.23). L’eau trompeuse de Jérémie 15.18 est celle qui ne coule pas longtemps (cf. Job 6.15 et suivant).
L’eau enfin est souvent citée comme moyen de purification (Exode 30.18-21 ; Exode 40.30-32 ; Lévitique 11.32 ; Lévitique 14.8 ; Lévitique 15.5-13) ; eau de purification dans (Nombres 19.9 ; Nombres 19.13 ; Nombres 19.21 ; Nombres 31.23 ; Marc 15.2 ; Marc 7.2 ; Jean 13.5). C’est pourquoi l’eau est prise pour symbole de la purification de l’âme de son péché (Ézéchiel 36.25 ; Jean 3.5 ; Éphésiens 5.28 ; 1 Pierre 3.20 ; 1 Jean 5.6-8). Voir Baptême. H. L.
Numérisation : Yves Petrakian