Il n’existe pas moins de 18 noms de plantes épineuses ou crochues dans l’Ancien Testament, ni aujourd’hui moins de 200 espèces différentes en Palestine et Syrie. On sait que ces sortes de végétaux se développent en raison directe de la sécheresse du climat ; pendant des mois, ils constituent toute la végétation spontanée. Ils servent plus ou moins de nourriture au chameau, à la chèvre, à l’âne. On en brûle pour le chauffage, la cuisine, ou simplement pour nettoyer le terrain. Certaines espèces sont employées comme haies de défense (Proverbes 15.19 ; Siracide 28.24 ; voir Haie). Mais il n’en est qu’une seule dont on puisse avec quelque certitude donner le nom scientifique.
C’est le tsèèlîm (Job 40.16-17), sous lequel couche le béhémoth (voir ce mot ; peut-être l’hippopotame du Nil), et qui le couvre de son ombre. C’est un jujubier, zizyphus lotus Desf., famille des Rhamnacées, arbuste à stipules épineuses, du nord de l’Afrique, qu’on trouve aujourd’hui à l’état sauvage dans les localités arides depuis l’Égypte jusqu’au Maroc, dans le midi de l’Espagne et même en Sicile. Ce lotus produit une baie de la grosseur d’une petite cerise, fade ou médiocrement sucrée, qui formait, s’il faut en croire l’Odyssée et Hérodote, la nourriture des Loto-pliages de la côte de Libye. Voir Lotus.
Pour les autres espèces, on ne peut faire que de vagues conjectures.
(Genèse 3.18 ; Exode 22.6 ; Juges 8.7 ; Juges 8.16 ; 2 Samuel 23.6 ; Psaumes 118.12 ; Ésaïe 32.13 ; Ésaïe 33.12 ; Jérémie 4.3 ; Jérémie 12.13 ; Ézéchiel 28.24 ; Osée 10.8). Une des conséquences de la faute d’Adam fut la production par le sol de qôts et de dardar. C’est une plante qu’on ne peut prendre avec la main, qu’on consume sur place et qui parfois met le feu aux gerbes de blé voisines ; dont la présence indique un pays désolé et dévasté, où elle envahit les autels des hauts-lieux, et qu’il faut extirper du champ où l’on veut faire des semailles. Tout ce qu’on peut déduire de ces données, c’est que le mot qôts servait à désigner une sorte de buisson épineux.
(Genèse 3.18 ; Osée 10.8). Cette plante, dont le nom accompagne celui de qôts, a été identifiée par plusieurs versions avec le chardon.
(Ésaïe 5.6 ; Ésaïe 7.23-25 ; Ésaïe 9.17 ; Ésaïe 27.4 ; Ésaïe 33.12), semble désigner d’une manière générale tout buisson épineux ; Version Synodale : ronces.
Accompagne le précédent dans les passages d’Ésaïe ; Version Synodale : épines.
(1 Samuel 13.6 ; 2 Rois 14.9 ; 2 Chroniques 25.18 ; Job 31.40 ; Job 41.6, Version Synodale : dard, Proverbes 26.9 ; Cantique 2.2 ; Ésaïe 34.13 ; Osée 9.6). On peut déduire de ces passages que le khôakh formait - des buissons dans lesquels une troupe armée pouvait se cacher ; que c’était une plante à épines crochues ; qu’on l’opposait volontiers, dans les comparaisons, comme végétal sans beauté, aux plantes belles et utiles ; que sa présence dans une région était regardée comme une marque de ruine et de désolation. On a proposé de l’identifier avec le chardon, la bardane, le tribule terrestre, le paliure piquant ou épine du Christ, la ronce.
(Amos 4.2 ; Ésaïe 34.13). « Le rire de l’insensé ressemble au pétillement des sîrîm sous la chaudière » (Ecclésiaste 7.6). L’Éternel châtiera Israël et lui barrera le chemin en le couvrant de sîrîm (Osée 2.6). « Quand vous seriez enlacés comme des sîrîm, dit l’Éternel à Ninive, et tout trempés de votre vin, vous seriez consumés comme une paille entièrement desséchée » (Nahum 1.10). On peut supposer que le sîr est un arbrisseau épineux des régions désertiques.
« Il n’y aura plus, pour la maison d’Israël, ni sillon piquant, ni qôts douloureux » (Ézéchiel 28.24).
« Si vous ne chassez pas devant vous les habitants du pays, ceux d’entre eux que vous aurez laissés de reste seront comme des sikkîm dans vos yeux » (Nombres 33.55).
« … et des tsininîm dans vos côtés » (Nombres 33.55). « Si vous vous mêlez avec ces nations, elles seront des tsininîm dans vos yeux » (Josué 23.13).
Dans son discours aux gens de Succoth, Gédéon menace de les fouetter avec des qôtsim du désert et avec des barqânîm, supplice qu’il fit subir aux anciens de la ville après sa victoire (Juges 8.7-16). Certains auteurs ont voulu y voir non une plante épineuse, mais un traîneau à battre le blé, garni par-dessous de pierres aiguës.
« La voie du paresseux est comme une haie de khédèq  » (Proverbes 15.19).
« À la place du sirpad croîtra le myrte » (Ésaïe 55.13).
« Exténués par la disette et par la faim… , ils s’étendent pêle-mêle sous le khâroûl » (Job 30.7, Version Synodale : broussailles). Dans le champ et la vigne du paresseux et de l’insensé, « les khâroûlîm en couvraient la surface » (Proverbes 24.31, Version Synodale : ronces). Moab et Ammon seront comme Sodome et Gomorrhe, « un lieu couvert de khdroûl » (Sophonie 2.9, Version Synodale : orties).
Les mouches d’Égypte et les abeilles d’Assur « se poseront sur tous les naalsoûtsîm ». « Là où croissait le naatsoûts s’élèvera le cyprès » (Ésaïe 7.19 ; Ésaïe 55.13, Version Synodale : buisson).
Dans les palais d’Édom « croîtront les sîrîm, ainsi que le qimmôch et khôakh dans ses forteresses ». « Leurs plus précieux objets d’argent deviendront la proie du qimmôch » (Ésaïe 34.13 ; Osée 9.6, Version Synodale : orties).
« Le plus intègre est pire qu’un, msoûcân (Michée 7.4, Version Synodale : haie d’épines).
« Tous les arbres dirent à Vâtâd : Viens, toi, règne sur nous. » « Avant que vos chaudières aient senti le feu de Vâtâd…, que le tourbillon l’emporte » (Juges 9.14 et suivant, Psaumes 58.10, Version Synodale : épine).
(Marc 4.7 18 et parallèle, Matthieu 7.16 parallèle Luc 6.44 ; Jean 19.2 ; Hébreux 6.8). Terme grec encore plus générique que les noms hébreux, et applicable à toutes plantes et arbrisseaux munis d’épines ou d’aiguillons. Jésus en fait l’image des soucis et convoitises qui étouffent le bon grain de la Parole, et les cite comme végétaux improductifs opposés aux arbustes ou arbres fruitiers. Parmi les genres aujourd’hui les plus communs, on remarque surtout des acacias, astragales, ronces, pimprenelles, panicauts, morelles, nerpruns, etc. C’est ce dernier (grec rhamnos) qui est cité dans Lettre de Jérémie 71 (apocryphe : buisson). Il faut y ajouter les nombreuses espèces du suivant.
(Matthieu 7.16 ; Hébreux 6.8). Ce sont les divers chardons (probablement les mots hébreux khôakh et dardar), surtout des carduus proprement dits et des centaurées, cousinies, carthames, scolymes, etc. Les épines tiennent donc une grande place dans le symbolisme biblique. Ainsi ; Siracide 43.19 compare poétiquement le givre à des pointes d’épines. Mais, d’une manière générale, elles représentent les conséquences du péché, opposées aux « fruits », et les souffrances qui en découlent (Genèse 3.18 ; Nombres 33.35 ; Proverbes 22.5 etc.). Voir Aiguillon. D’où la grandeur de l’emblème de la couronne d’épines imposée à Jésus par les soldats de Pilate (Marc 15.17 ; Matthieu 27.29 ; Jean 19.2 ; Jean 19.5), par dérision contre le prétendu Roi des Juifs et contre ses prétendus sujets (Pline l’Ancien avait défini la couronne d’épines « la plus méprisable des couronnes »). Quelle qu’ait été la plante flexible qu’ils avaient sous la main pour en tresser hâtivement les rameaux épineux (le câprier ? [voir Câpre] ; un rhamnusï le nubka arabe ? le paliure, ou le jujubier épine du Christ ? etc.), les épines dont l’inimitié du monde a meurtri le front du Seigneur représentent bien le péché de l’humanité, maudit dès le jardin d’Éden dans les épines et les chardons (Genèse 3.18) ; mais de la dérision ennemie Dieu a fait une proclamation de gloire : de même qu’une victime menée au sacrifice sous une guirlande de fleurs, Jésus marque sous l’insulte humiliante sa royauté de patience et d’amour, et les chrétiens « le voient, à cause de la mort qu’il a soufferte, couronné de gloire et d’honneur ». Voir (Hébreux 2.9). Dalman, Les itinéraires de Jésus, p. 321ss. Ch.-Ed. M. et Jean Laroche
Numérisation : Yves Petrakian