(du sumérien Poura-noun = la grande eau, qui devint Pourat en assyrien et Oufrâtou en perse). Un des fleuves qui coulaient du jardin d’Éden (Genèse 2.14). Les auteurs bibliques le considèrent comme le fleuve par excellence ; ils l’appellent « le grand fleuve » (Deutéronome 1.7 ; Josué 1.4) ou, plus couramment, « le fleuve » (Exode 23.31 ; Josué 24.2 ; Josué 24.14 ; 2 Samuel 10.16 ; 1 Rois 4.21 ; 1 Rois 4.24 ; 1 Rois 14.15, etc.). À l’époque de leur plus grande puissance, David et Salomon étendirent leur influence, au nord-est, jusqu’à l’Euphrate (2 Samuel 8.3 ; 2 Samuel 8.6 ; 2 Samuel 10.15-19 ; 1 Rois 4.21 ; 1 Rois 4.24). La même limite extrême est donnée au royaume d’Antiochus (1 Macchabées 3.32), et au Ier siècle ce fleuve marque la limite de l’Orient (Apocalypse 9.14 ; Apocalypse 16.12). Jérémie cite l’Euphrate à propos de la bataille de Carkémis (Jérémie 46.2-6) et de l’exil de Babylone (Jérémie 51.63) ; mais pour l’épisode de Jérémie 13.4 ; Jérémie 13.7 ; voir Aïn-Fara.
Peu de fleuves ont joué, dans l’histoire, un rôle aussi considérable que l’Euphrate. C’est d’ailleurs le cours d’eau le plus important de l’Asie Antérieure (environ 2 600 km) et c’est lui qui, avec son frère jumeau, le Tigre, a rendu possibles les brillantes civilisations suméro-akkadienne, babylonienne et assyrienne. Ses eaux, retenues par des barrages à l’époque des crues (mai), et dérivées dans d’innombrables canaux d’irrigation, semaient la fertilité dans l’immense plaine d’alluvion qui s’étend au nord-ouest du golfe Persique. Babylone était construite sur ses rives. Navigable sur la plus grande partie de son cours, l’Euphrate a deux sources, l’une dans l’Anti-Taurus (Euphr. occidental), l’autre dans le massif de l’Ararat (Euphr. oriental). Il est cité, parmi les grands fleuves, comme emblème d’abondance, dans Siracide 24.26. Voir Assyrie et Babylonie, paragraphe 1.
L’Euphrate et le Tigre avaient autrefois deux embouchures distinctes dans le golfe Persique, mais les alluvions qu’ils charrient et déposent dans leur cours inférieur ont peu à peu fait reculer la mer, et les deux fleuves se rejoignent aujourd’hui fort loin en amont de leur embouchure commune, pour former le Chatt el-Arab (145 km).
G. G.
Numérisation : Yves Petrakian