Désigne couramment, au sens propre, le visage humain ou le devant de la tête des animaux ; au sens figuré, s’applique occasionnellement à la terre (Exode 33.16), au ciel, au fronton d’un temple (Ézéchiel 41.14), etc.
Mais l’anthropomorphisme : « la face de Dieu » est très fréquent ; il n’était pas possible de la voir sans mourir (Exode 33.20 ; Juges 6.22 ; Juges 13.22, cf. Ésaïe 6.5), à moins d’une intervention spéciale de Dieu ; d’après le beau récit de Exode 33, Moïse, quoique assuré personnellement de la faveur de Dieu, voulait cependant, comme témoignage de la présence protectrice de Dieu sur son peuple, voir sa face, sa personne divine dans sa majesté, dans sa gloire ; Dieu lui répond en se manifestant à lui de la seule manière supportable à l’homme mortel : il lui montre non sa face, mais sa bonté (verset 19), car il ne peut être vu que par derrière (verset 23), indirectement, par les manifestations de sa grâce ou de sa puissance. De même Élie (1 Rois 19) s’enveloppe le visage de son manteau quand il perçoit la présence de Dieu dans le « son doux et subtil » (verset 12 et suivant). Quand, par une grâce particulière, Moïse peut parler à Dieu face à face (Exode 33.11, cf. Deutéronome 34.10), son visage est lui-même resplendissant de la lumière reçue de la face rayonnante de Dieu (Exode 34.29). De même, alors que le Christ s’entretient avec Moïse et Élie sur la montagne de la Transfiguration, son visage devient rayonnant et ses vêtements d’une blancheur éblouissante (Luc 9.29). D’où la prière, la promesse, la bénédiction : « Fais briller sur nous ta face, ô Seigneur ! » (Nombres 6.25 ; Psaumes 31.17 ; Psaumes 67.2 ; Psaumes 80.4 ; Psaumes 80.19 ; Daniel 9.17, etc., cf. 2 Corinthiens 4.6).
L’expression « ange de la face » (Ésaïe 63.9) peut signifier la présence personnelle de Dieu, de même que ce qu’on traduit ordinairement par « l’ange de l’Éternel » (cf. Genèse 16.7 et suivants, Juges 13.3 et suivants) correspond à une apparition, une sorte de délégation de Dieu, être invisible qui se met à la portée de l’homme sous la forme qui lui plaît. Le récit de la lutte de Jacob avec l’ange (Genèse 32.24 et suivants) à Péniel, signifiant : face de Dieu, confirme ce point de vue : en effet l’inconnu veut terminer la lutte avant le jour pour qu’un mortel ne voie pas la face de Dieu (verset 26), refuse de dire son nom et donne sa bénédiction (verset 29) ; il s’agit donc bien là de Dieu lui-même.
La face de Dieu tournée vers quelqu’un est un signe de faveur pour les fidèles (Genèse 33.10 ; Nombres 6.26 ; Psaumes 84.10) et de châtiment contre les infidèles (Lévitique 17.5 ; Lévitique 17.6 ; Lévitique 17.10 ; Psaumes 34.17 ; Jérémie 44.11 etc.).
Paraître en présence d’un grand de ce monde est aussi un signe de faveur (Genèse 43.3 ; Genèse 43.5 ; Esther 1.14 ; Esther 4.11 ; Esther 4.16).
En signe de deuil, on se couvre la face (2 Samuel 19.4), ce qui est également une marque de respect ou de crainte (Exode 3.6 ; 1 Rois 19.13), ou encore de décence ou de modestie (Genèse 24.65) ; couvrir la face de quelqu’un peut aussi avoir pour but de l’aveugler, au sens littéral (Marc 14.65) ou au sens figuré (Job 9.24).
La salutation ordinaire des Orientaux consiste à se prosterner la face contre terre (Genèse 33.3 ; 1 Samuel 20.41).
Ce geste est aussi celui de la prière (Siracide 50.17, Matthieu 26.39), une preuve de tristesse ou d’abattement (Genèse 4.5 ; 2 Rois 20.2).
La physionomie exprime en effet les émotions les plus variées, crainte, honte, joie, douleur. En cas de jeûne le visage était défait (Matthieu 6.16). L’impie, le pécheur obstiné endurcit son visage (Proverbes 21.29 ; Jérémie 5.3). Le jaloux détourne la face ( Siracide 14.8).
Cracher à la face est le comble du mépris : (Nombres 12.14 ; Deutéronome 25.9 ; Matthieu 25.9) « Je vous crache à la face », dira l’Oriental, alors qu’en réalité il crache par terre. L’expression courante : « devant ma face » signifie « devant moi » (Exode 20.3 ; Marc 1.2) ; et souvent le mot « face » employé librement signifiera présence, figure, ou la personne tout entière (Exode 10.28 ; Ésaïe 3.15). La notion est fréquemment spiritualisée et devient alors une allusion à la réalité intérieure de la communion avec Dieu : « Ne cache pas ta face ! » (Psaumes 27.8 ; Psaumes 44.25 ; Tobit 13.6 etc.), « la lumière de ta face » (Psaumes 4.7 ; Psaumes 90.8), « loin de ta face » (Psaumes 139.7 ; 2 Thessaloniciens 1.9), « alors, nous verrons face à face ! » (1 Corinthiens 13.12).
Numérisation : Yves Petrakian