Au sens propre, ce mot n’a guère besoin d’explication (voir Guerre) ; pour la fuite des meurtriers involontaires, voir Refuge (villes de). Fuir souffrance ou persécutions est humain (Psaumes 55.8 ; Proverbes 19.26 ; Matthieu 24.20) ; mais la peur du danger, qui fait fuir les disciples en Gethsémané (Marc 14.50), les rend infidèles au Maître et au devoir.
Au figuré, les visions apocalyptiques personnifient objets ou même abstractions en fuite : douleur, gémissements (Ésaïe 35.10 ; Ésaïe 51.11), mort, îles, terre et ciel (Apocalypse 9.6 ; Apocalypse 16.20 ; Apocalypse 20.11). La fuite représente aussi le remords du coupable (Genèse 4.12 ; Proverbes 28.1 ; Proverbes 28.17 ; comparez la Conscience, de Victor Hugo, Légende des Siècles), le désir du pécheur d’échapper à Dieu (Psaumes 68.2 ; Osée 7.13) et à son châtiment : (Ésaïe 10.3 ; Matthieu 3.7) espoir d’ailleurs insensé (Psaumes 139.7 ; Job 27.22, cf. Amos 5.18-20). Ce qu’il faut fuir, c’est le péché lui-même et la tentation (Siracide 21.2, cf. Sagesse 1.5 ; 2 Pierre 1.4).
L’allégorie du bon Berger condamne la fuite lâche du mercenaire devant le loup (Jean 10.12), image de l’infidélité des mauvais bergers envers leurs brebis, mais approuve la fuite prudente des brebis devant l’étranger (Jean 10.5), image de leur fidélité à leur Berger véritable. Dieu a le pouvoir de mettre le diable en fuite ; la fuite du démon chassé par la fumée d’encens, idée magique, dans l’apocryphe Tobit (Tobit 8.3), symbolise pourtant une réalité spirituelle : la victoire sur le mal par la prière ; la puissance de Jésus faisait fuir les esprits impurs (Luc 4.36), et son disciple, soumis à Dieu, en résistant au diable verra. celui-ci prendre la fuite (Jacques 4.7).
Numérisation : Yves Petrakian