Mot hébreu, que l’usage liturgique a fait passer en grec, et qui a subsisté dans tous les cultes chrétiens.
La racine hébraïque contient les idées de fermeté, de fidélité, de vérité. La forme adverbiale employée pour approuver ce qui vient d’être dit, signifiant : ainsi soit-il ! cf. Deutéronome 27, ou pour annoncer une affirmation de valeur particulière, a été peu à peu réservée à l’affirmation solennelle des vérités divines et limitée à l’usage religieux. Jésus l’emploie quand il veut souligner le caractère d’autorité divine de ses paroles (Matthieu 5 ; Matthieu 6 ; Matthieu 8 ; Matthieu 10 ; Matthieu 16 ; Matthieu 18 ; Matthieu 21 ; Matthieu 24 ; Matthieu 25 ; Matthieu 26 ; Marc 10 ; Marc 12 ; Luc 4 ; Luc 12 ; Luc 23).
Par sa répétition, Amen prend encore plus de solennité. « En vérité, en vérité, je vous dis… » (Jean 3 ; Jean 5 ; Jean 6 ; Jean 8 ; Jean 10 ; Jean 12 ; Jean 14 ; Jean 16). Mais, dans ce cas, nos Évangiles, souvent, traduisent en grec l’amen hébreu, et dans chaque langue il a ses équivalents. Il n’aurait donc pas pu passer tel quel dans le langage religieux de tous les peuples chrétiens, s’il n’avait pris en Israël un caractère liturgique.
Au temps du Christ, il était usité à la synagogue ; l’assemblée saluait de l’Amen la louange ou la lecture de la Loi. Jésus et ses apôtres ont donc trouvé dans le culte de la synagogue l’Amen rituel, liturgique, condensant tout ce que la congrégation veut exprimer de sincérité, de ferveur et de soumission, dans la prière ou dans la louange. De la synagogue, Amen est tout naturellement passé dans le culte chrétien, où il se perpétue comme le mot liturgique le plus riche et le plus universel.
Quand l’Apocalypse fait d’Amen un titre du Christ, elle résume en quelque sorte le caractère absolu de la révélation en lui : il est l’Amen (Apocalypse 3.14). Mais il faut noter que, dans le langage religieux, Amen souligne l’acceptation de la révélation plutôt que la révélation même. Le Christ, proclamé l’Amen, est le Christ reconnu et acclamé comme l’incarnation même de la Vérité (cf. 2 Corinthiens 1.20). Dans les textes chrétiens sur papyrus, Amen est ordinairement écrit par le symbole des deux lettres grecques signifiant 99, ce nombre étant l’équivalent numérique de la somme des lettres du mot (1 + 40 + 8 + 50).
Et. C.
Numérisation : Yves Petrakian