La Bible fait souvent mention de l’huile, et sauf Esther 2.12 (huile et myrrhe), c’est toujours d’huile d’olive qu’il s’agit, une des plus importantes productions de la Palestine (Juges 9.9 ; 2 Rois 18.32).
Dans tout l’Orient, elle est employée pour la cuisine, par exemple la confection de gâteaux (Lévitique 2.4 ; Lévitique 14.10 ; Nombres 11.8) ; chaque maison la conservait dans une cruche de terre, et malheur à ceux dont la cruche était vide (1 Rois 17.12-16) ! Elle était indispensable également pour l’éclairage, soit du tabernacle (Lévitique 24.2, cf. 1 Samuel 3.3), soit des maisons particulières (Matthieu 25.3 et suivant). Son usage médical est affirmé par Ésaïe, qui se plaint allégoriquement de ce que les blessures de son peuple n’ont pas été « adoucies par l’huile » (Ésaïe 1.6). Jésus la fait employer par le Samaritain (Luc 10.34) ; l’usage de l’onction des malades apparaît dans les Évangiles et dans les épîtres (Marc 6.13 ; Jacques 5.14).
L’huile, qui représentait une certaine aisance (Amos 6.6 ; Ecclésiaste 9.8), était employée dans la toilette (Ruth 3.3 ; Ézéchiel 16.9), dans la parure des jours de fête (Ésaïe 61.3 ; Psaumes 104.15) ; on s’en abstenait en temps de deuil (2 Samuel 12.20 ; 2 Samuel 14.2 ; Daniel 10.3) ou de jeûne (Matthieu 6.17). Répandre de l’huile parfumée sur la tête de ses hôtes était un devoir de l’hospitalité (Psaumes 23.5; Luc 7.46).
Oindre d’huile quelqu’un, c’était le choisir pour de hautes fonctions. Parmi ces « fils de l’huile », selon l’expression littérale de Zacharie 4.14, il faut ranger les rois (Saül, 1 Samuel 10.1 ; David, 1 Samuel 16.1 ; 2 Samuel 2.4 ; Psaumes 89.21 ; Salomon, 1 Rois 1.45 ; Jéhu, 2 Rois 9.1 ; 2 Rois 9.6 ; Hazaël, 1 Rois 19.15 ; Joas, 2 Rois 11.12, cf. Psaumes 45.8) ; Dieu ordonne à Élie d’oindre Élisée (1 Rois 19.16). Grand-prêtre et sacrificateurs étaient oints d’une huile aromatisée décrite dans Exode 30.22-25 ; Exode 30.30. d’après Psaumes 133.2, cette huile « découle sur la barbe d’Aaron qui flotte sur le bord de sa robe » (Reuss ; traduction plus probable que : « l’huile… qui découle sur le bord de sa robe »). L’« oint » de l’Éternel était le représentant, l’envoyé de Dieu (1 Samuel 2.10 ; 1 Samuel 26.9 ; 2 Samuel 1.14 ; Psaumes 2.2, Ésaïe 45.1 ; Ésaïe 61.1, etc.) : « Oint » est le sens du mot hébreu Messie et du mot grec Christ (voir Messie). L’huile d’onction était conservée dans une fiole (1 Samuel 10.1 ; 2 Rois 9.1) ou dans une corne (1 Samuel 16.1 ; 1 Rois 1.39).
Enfin, il était fait dans le culte un abondant usage d’huile. Jacob, déjà, consacrait ainsi des pierres saintes (Genèse 28.18 ; Genèse 35.14). L’habitude d’oindre les boucliers était au moins autant un rite de consécration qu’un moyen de conservation (2 Samuel 1.21 ; Ésaïe 21.5). Dans le culte sacerdotal, les ustensiles sacrés étaient oints de l’huile spéciale (Exode 40.9-11), et l’huile avait sa place dans les offrandes (Lévitique 2.1-7 ; Esdras 6.9, cf. Michée 6.7), les prémices (Nombres 18.12), le sacrifice pour la purification des lépreux (Lévitique 14.10 ; Lévitique 14.31) ; cf. les dîmes dans Deutéronome 14.23.
Le premier acte consistait à secouer les oliviers (voir ce mot) pour abattre les olives (Deutéronome 24.20) ; dans cet arbre dégarni, Ésaïe voit l’image de son peuple bouleversé par ses ennemis (Ésaïe 17.6 ; Ésaïe 24.13). En cueillant les olives avant leur pleine maturité, et en purifiant le jus qu’on en exprimait, on obtenait ce que nos versions appellent « huile pure d’olives concassées » (Segond) ou « broyées » (Version Synodale) ou « huile vierge » (Ostervald, Bible du Centenaire), et qu’on employait pour les lampes du tabernacle (Exode 27.20 ; Lévitique 24.2 ; 1 Rois 5.11).
Pour l’usage courant, on se servait de moulins à « presser l’huile » (Michée 6.15) qui était recueillie dans des cuves comme le vin (Joël 2.24). L’archéologie a révélé plusieurs modèles de moulins à huile. Ce pouvait être primitivement un simple trou dans le roc (Deutéronome 32.13), avec ruisseau d’écoulement dans un autre trou (Job 29.6). Ce pouvait être aussi un bloc de pierre évidé au centre, avec un orifice d’écoulement, et où l’on écrasait les olives avec une grosse pierre ronde : on en a retrouvé de ronds, de carrés et d’octogonaux (figure 110). Plus tard on se servit d’une pierre de meule, roulant circulairement dans l’évidement. Le premier traitement- des olives fournissait la meilleure qualité d’huile (Nombres 18.12 ; Amos 6.6).
On mettait alors la pulpe restante dans des paniers empilés les uns sur les autres, au-dessus desquels on actionnait une lourde masse de bois ; cette presse à huile donnait la seconde qualité. L’un et l’autre liquides, recueillis dans les jarres, formaient l’huile à l’état brut, nommée d’habitude à côté du vin nouveau ou « moût » (Nombres 18.12 ; Deutéronome 11.14 ; Deutéronome 12.17; Aggée 1.11), et qu’un mot hébreu spécial, itsehar, distingue de l’huile raffinée, chèmèn, obtenue par transvasements successifs (Genèse 28.18 ; Proverbes 21.17 ; Ésaïe 1.6).
Ce précieux produit que le pays livrait en abondance, et pour lequel on ne savait pas toujours remercier Dieu (Osée 2.8), faisait l’objet d’un important commerce intérieur (2 Rois 4.7 ; Matthieu 25.9; Luc 16.6, cf. Néhémie 5.11), et même d’un commerce d’exportation vers l’Égypte (Osée 12.2), vers Tyr (1 Rois 5.11, tribut de Salomon à Hiram), et par l’intermédiaire de Tyr (Ézéchiel 27.17).
Des images nombreuses se présentaient à l’esprit des écrivains bibliques. L’huile, c’était le symbole de la joie (Psaumes 45.8 ; Ésaïe 61.3), de la prospérité (Deutéronome 33.24), des paroles douces (Psaumes 55.22 ; Proverbes 5.3), de l’amitié (Psaumes 133.1 et suivant), ou bien de la force que Dieu donne (Psaumes 92.11) ; ou encore, à un autre point de vue, d’une chose insaisissable et fuyante (Proverbes 27.15). On sait enfin que l’onction (voir ce mot) est devenue l’image du choix, de la vocation divine.- (Ésaïe 61.1 ; Actes 10.38 ; 2 Corinthiens 1.21 ; 1 Jean 2.20 ; 1 Jean 2.27) J. R.iv.
Numérisation : Yves Petrakian