Nom donné par Abraham (Genèse 22.14) à l’endroit où il offrit le bélier en sacrifice à la place de son fils.
Cette expression signifie littéralement « l’Éternel voit » et peut aussi être traduite par « l’Éternel pourvoit ».
Le proverbe placé à la fin de ce verset est probablement une addition postérieure, peut-être du temps qui a inspiré 2 Chroniques 3.1. La montagne de l’Éternel dont il est question est certainement la montagne de Sion. Il paraît évident que pour l’auteur du récit, Morija est dérivé de rââh = voir-pourvoir, et par conséquent vient de la même racine que Jirê dans l’expression Jéhova-Jiré.
Mais en réalité les questions étymologiques sont ici obscures et fort discutées. La seule chose certaine c’est que le lieu où l’Éternel avait à pourvoir n’est pas à identifier avec la montagne de Sion. Cette tradition juive, dont Josèphe est le premier à parler, est parfaitement ignorée de l’Ancien Testament, lequel, si elle était fondée, n’aurait pas manqué de la mentionner soit lorsqu’il parle de l’érection de l’autel de David (2 Samuel 24.25), soit lorsqu’il raconte la construction du temple de Salomon (1 Rois 6), soit lorsqu’il est question de sa reconstruction après l’exil, ou de sa purification sous les Macchabées. Il paraît certain que le rapprochement fait à l’occasion de la parole d’Abraham : Jéhova-Jiré, et du proverbe qui y est accolé, vient d’une simple similitude de mots.
Si, comme le dit la version syriaque, le mot que nous traduisons Morija signifie dans sa vraie transcription : Terre des Amoréens, il n’y aurait rien d’impossible à ce que plusieurs endroits de Palestine eussent été désignés par ce terme. Il est dit que le lieu appelé par Abraham : Jéhova-Jiré, se voyait de fort loin (Genèse 22.4) ; cela suffirait pour le différencier de la colline appelée Morija dans 2 Chroniques 3.1, laquelle, avant d’être bâtie, était perdue au milieu de collines souvent plus hautes qu’elle. Voir Morija.
Numérisation : Yves Petrakian