Comme en français, ce mot en hébreu (lâchôn) et en grec (glôssa) désigne à la fois l’organe de la parole et le langage.
Les mentions bibliques de la langue, au sens propre, ont à peine besoin d’explications (Exode 4.10 ; Juges 7.5 ; Siracide 17.6 ; Marc 7.33-35). L’expression : n’oser remuer la langue (Josué 10.21) correspond à la nôtre : n’oser souffler mot ; on l’applique même aux chiens ! (Exode 11.7)
Quand on dit que les hommes se mordent la langue de douleur (Apocalypse 16.10), nous dirions plutôt : se mordre les lèvres.
Les anciens attribuent le venin de la vipère à sa langue (Job 20.16).
Quand le muet est guéri, sa langue proclame sa joie (Ésaïe 35.6; Luc 1.64 et suivants).
La langue brûlante qui ne peut être rafraîchie est un des pires supplices (Luc 16.24). Un autre supplice, la langue coupée, est infligé aux frères juifs martyrisés sous Antiochus (2 Macchabées 7.4-10), et lorsque l’impie Nicanor est tué et décapité, Judas Macchabée fait couper sa langue en morceaux qui sont jetés aux oiseaux (2 Macchabées 15.33).
Au figuré, comme la bouche et les lèvres (voir ces mots), la langue représente la parole par où s’affirme la personne humaine : la locution « toute langue » équivaut à « tous les hommes s’exprimant en paroles » (Ésaïe 45.23 ; Ésaïe 54.17 ; Romains 14.11 ; Philippiens 2.11) ; l’hébreu, toujours concret, dit parfois : langue, là où nos versions traduisent : paroles (ex., Ésaïe 3.8).
La langue est donc associée, au figuré, aux idées et aux sentiments, aux qualités et aux défauts — le plus souvent aux défauts — qui inspirent les paroles (Job 6.30 ; Psaumes 5.10 ; Psaumes 12.4 ; Psaumes 73.9 ; Psaumes 120.2 et suivant, Proverbes 6.17 ; Michée 6.12 ; Actes 2.26, etc.). La langue double (Siracide 6.1 ; Siracide 28.14 et suivant) est celle du mensonge, de l’hypocrisie et de la calomnie (voir ces mots).
Comme Esope (page célèbre de la préface de La Fontaine à ses Fables), mais avec une vigueur prophétique, la Bible met en lumière l’extraordinaire puissance de la langue, soit pour le bien, soit pour le mal (Proverbes 18.21 ; Proverbes 25.15-23 ; Jérémie 18.18 ; Siracide 37.18 ; Siracide 51.22 ; le passage classique à cet égard est Jacques 3.1 ; Jacques 3.12).
La Bible la compare :
Mais la langue peut aussi :
Il importe donc que l’homme garde sévèrement le contrôle de sa langue (Job 31.30 ; Psaumes 34.14 ; Psaumes 39.2 ; Proverbes 21.23 ; Siracide 25.8 ; Sagesse 1.11 ; Jacques 1.26 ; 1 Pierre 3.10).
Comme en réalité personne n’en est capable (Siracide 19.16, Jacques 3.8), l’inspiration bonne doit venir de Dieu (2 Samuel 23.2 ; Proverbes 16.1 ; Luc 12 : et suivant).
On trouve occasionnellement l’image anthropomorphique de la langue de l’Éternel (Ésaïe 30.27).
Les langues nommées dans la Bible sont :
Le « langage » de Pierre qui le fait remarquer à Jérusalem (Matthieu 26.73) était la prononciation et l’accentuation galiléennes de certains mots araméens. Les anciens appelaient « barbare » toute langue qui leur était inintelligible (Ésaïe 33.19 ; Ézéchiel 3.5).
La diversité des langues de la terre était attribuée par les Israélites à l’histoire de la tour de Babel (voir ce mot) ; les derniers prophètes prévoient que le message de Dieu franchira cet obstacle des langues multiples (Ésaïe 66.18 ; Zacharie 8.23 ; Apocalypse 5.9 ; Apocalypse 7.9 ; Apocalypse 17.15 etc.).
Pour le phénomène de la Pentecôte, symbolisé par des « langues » de feu et éclatant dans un langage extraordinaire (Actes 2), comme pour la glossolalie, signifiant : parler en langues, de 1 Corinthiens 14, voir Langues (don des) ;
Pour le langage du Christ en Palestine, voir Langue parlée par Jésus ;
Pour le langage figuré, voir Symbolisme.
Numérisation : Yves Petrakian