Signifiant : porte-lumière. Ce terme ne se trouve pas dans nos Bibles. C’est un adjectif latin (de lux = lumière, et ferre = porter) calqué sur l’adjectif grec phôsphoros (de phôs = lumière, et phereïn = porter) ; l’un et l’autre sont employés par certains auteurs anciens (Cicéron, Virgile ; Plutarque, Philon) comme épithète de l’astre qui apporte la lumière, c’est-à-dire la planète Vénus lorsqu’elle précède le soleil, ce qui la faisait appeler aussi l’étoile du matin (dans 2 Pierre 1.19, c’est le mot phôsphoros lui-même qui désigne par métaphore l’aurore du grand jour du Seigneur dans les cœurs).
Les traducteurs de la Bible en grec (vers, des LXX), trouvant dans Ésaïe 14.12 l’hébreu hélél qui signifie : astre brillant (Image de l’ancienne splendeur de Babylone), rendirent ce terme par phôsphoros ; et plus tard Jérôme, dans sa Bible latine (Vulgate), dit à son tour lucifer
Ces deux traductions étaient d’autant plus exactes que le prophète complète ce premier terme symbolique par un autre encore plus précis : fils de l’aurore, équivalent d’étoile du matin, claire allusion à Vénus (appelée parfois en assyrien mustelel ; comparez l’hébreu hélél). Seulement l’oracle d’Ésaïe n’évoquait ce brillant emblème de la gloire de Babylone que pour décrire en un plus puissant contraste le déclin et la chute de cet astre « tombé du ciel ».
Or, une image analogue devait être appliquée par Jésus à Satan, « tombant du ciel comme un éclair » (Luc 10.18), puis par l’Apocalypse à une étoile symbole d’une puissance (Apocalypse 9.1) et plus spécialement au Diable ou à Satan, « précipité sur la terre » (Apocalypse 12.7 ; Apocalypse 12.9).
Ce sont les commentaires des Pères de l’Église (Tertullien, Grégoire le G d, etc.) qui, combinant ces divers passages, ont désigné par le terme de Lucifer, devenu nom propre, non plus Babylone mais le Diable lui-même, chef des anges rebelles destiné à la chute finale. C’est donc par le détour inattendu d’une interprétation allégorique qu’est apparue l’illogique appellation de l’ange déchu, du Prince des ténèbres (cf. Éphésiens 6.12), par le titre de Porte-lumière.
Numérisation : Yves Petrakian