D’après la tradition talmudique, le rocher actuellement recouvert par la mosquée dite d’Omar, à Jérusalem, serait le lieu où Abraham faillit immoler son fils Isaac.
La leçon du texte massorétique de Genèse 22.2 donne la désignation de l’endroit « au pays de Morija » ; mais on peut difficilement la tenir pour primitive. C’est bien plutôt une correction inspirée de Genèse 22.14, et il faut sans doute adopter pour Genèse 22.2 la leçon de la version syriaque de la Pechitto, « au pays des Amoréens » (la traduction grec a compris « au pays élevé »). En tout cas, il s’agissait ici du nom d’un pays et non d’une montagne.
La localisation du « sacrifice d’Isaac » est par conséquent absolument impossible. On sait seulement qu’Abraham séjournait à Béer-Séba (Genèse 21.33) et qu’il s’apprêtait à immoler son fils à trois jours de marche de son campement (Genèse 22.4-19). La tradition conservée par les Chroniques (2 Chroniques 3.1) appelle « montagne de Morija » l’emplacement sur lequel Salomon construisit son temple, mais n’évoque à ce propos que le souvenir de David, et non d’Abraham. Certains, mais à tort, ont parfois rapproché de Morija, Moré (Genèse 12.6 ; Deutéronome 11.30), situé à proximité de Sichem.
A. P.
Numérisation : Yves Petrakian