Aujourd’hui en-Nâsira. Cette ville pose un problème, puisque certains se demandent pourquoi elle n’est mentionnée ni dans l’Ancien Testament, ni par Josèphe, ni dans le Talmud. Ce n’est pas le lieu d’exposer ici toutes les théories plus ou moins fantaisistes qui ont vu le jour à ce propos et qui compliquent bien inutilement la simple réalité.
L’Évangile de l’enfance place l’annonciation à Nazareth (Luc 1.26), où résidaient Joseph et Marie et où Jésus passa la plus grande partie de son existence. On pouvait fort bien dès lors l’appeler « le Nazaréen » (Jean 19.19 ; Actes 2.22) ou l’homme « de Nazareth » (Jean 1.45). C’était d’ailleurs à cette époque une mauvaise référence, car la localité souffrait d’un grand discrédit (Jean 1.46), soit à cause de son insignifiance, soit à cause du mauvais caractère de ses habitants. Ceux-ci ne se rallièrent pas à Jésus (Matthieu 13.54-58) ; même ils cherchèrent à lui faire un mauvais parti (Luc 4.29).
La tradition montre à 3 km au sud de Nazareth le lieu de la « précipitation »,djebel Kafzéh (figure 186). Cela semble bien loin et il est improbable que les maisons se soient avancées jusque-là. D’autre part, on ne peut pas dire que la ville actuelle soit bâtie sur le « sommet d’une montagne » et aucune ruine ne se relève sur le plateau du Nébi-Sahîn qui domine la ville. Toute localisation est donc malaisée ; et de tous les lieux saints que compte la Nazareth moderne, aucun n’apparaît certain. Seule, la source dite « Fontaine de la Vierge » a pu voir un des membres de la « sainte famille » venir y puiser de l’eau.
Les habitants de Nazareth jouissaient d’un panorama étendu, limité à l’est par les monts de Moab, au sud par les collines de Samarie, à l’ouest par la chaîne du Carmel. On comprend parfaitement que le souvenir d’Élie et d’Élisée (voir Carmel et Sunem) pouvait être évoqué devant eux (Luc 4.25-27). Il est remarquable que les premiers chrétiens furent qualifiés de « Nazaréens » (Actes 24.5). Aujourd’hui la petite ville est aux trois-quarts chrétienne et compte quelque trois cents protestants. Voir figure 188, 189, 190.
A. P.
Numérisation : Yves Petrakian