Comme les trois premiers livres du Pentateuque, celui-ci tire son nom de la traduction grecque des LXX, d’où il passa dans la Vulgate. Ce mot est pris dans le sens de dénombrement et ne se rapporte, en fait, qu’aux chapitres 1-4 et 26, qui parlent du recensement des Israélites et des Lévites au Sinaï, puis à la sortie du désert. Le terme de Bammidbar, signifiant : dans le désert, au milieu du premier verset du livre, dont les Juifs se servent pour le désigner, est plus conforme au contenu général du livre, dont l’intérêt est concentré sur le séjour des Israélites dans les divers déserts du Sinaï et de Paran et dans les plaines de Moab.
Ce livre, envisagé au point de vue du théâtre des événements qu’il raconte et des périodes dont il traite, est généralement divisé en trois sections :
Nombres contient quelques dates appartenant au document P et qui montrent que le canevas chronologique a été emprunté à ce document. Ces dates sont :
Il faut encore indiquer ici, comme appartenant aussi à P, le texte de 20.1 concernant la date de l’arrivée des tribus à Kadès et dans lequel l’indication de l’année est omise : « au premier mois… ».
De l’ensemble des données de P, il résulte que ce document se représente la situation comme suit : après l’envoi des espions au chapitre 13, envoi qui aurait eu le désert de Sin comme point de départ, les tribus, pour avoir murmuré contre Yahvé, auraient été condamnées à errer pendant 40 ans dans le désert de Paran (Nombres 14.32), jusqu’à ce que toute la génération adulte actuelle eût disparu. Cette période une fois écoulée, les Israélites se seraient avancés du côté du pays qui avait été exploré par les espions ; ils seraient arrivés à Kadès. D’après P, il semble que ce document n’ait raconté, comme s’étant passé à Kadès, que le fait rapporté dans Nombres 20.
Or, d’après JE, Kadès aurait été le point où les espions revinrent rendre compte de leur mission (Nombres 13.25) et qui fut, durant 38 ans, le centre de ralliement et le point de départ des pérégrinations des tribus ; c’est là que se seraient passés les événements racontés par JE, jusqu’au moment où ces tribus, s’étant vu refuser le passage à travers Édom, durent contourner ce territoire pour arriver dans la région de Moab. Comment, alors, concilier la donnée de P dans Nombres 20.1 (qui devait très probablement indiquer la 40e année comme étant celle de l’arrivée à Kadès) avec la donnée de JE, qui avait déjà fait arriver les tribus à Kadès au moment dont parle Nombres 13.26 ? Le compilateur des divers documents, pour éviter les contradictions qui existaient entre eux, se sera borné à omettre dans P (verset 1a) la mention de l’année et à insérer (verset 1) ces mots de JE : « et le peuple habitait à Kadès ».
Pour arriver à une suite chronologique acceptable des événements racontés dans Nombres, il faudrait, en coordonnant les données empruntées aux diverses sources, admettre que :
Reste la partie centrale des Nombres, à laquelle, d’après JE, on pourrait rattacher la plus grande partie des faits qui sont racontés, depuis le départ du Sinaï jusqu’au moment où les tribus se dirigent vers les rives du Jourdain ; les 38 ans de pérégrination, avec Kadès comme centre d’opérations et de ralliement, semblent donc bien représenter une réalité possible.
Il semble même que, vu la place si importante que Kadès a tenue dans l’histoire du séjour au désert, on doive souscrire à cette conclusion de Lods Israël, volume I, p. 201 : « Presque tous les épisodes intercalés, dans le texte actuel, entre le passage de la mer Rouge et l’arrivée au Sinaï (Exode 16-18) avaient primitivement pour théâtre la région de Kadès » qui, pour la forme ancienne de la tradition conservée par J, aurait été « l’objectif, tout au moins le premier objectif, de l’exode des Israélites, le lieu de leur première rencontre solennelle avec Yahvé ».
Comme Genèse, Exode et Lévitique, Nombres montre nettement qu’il n’est pas l’œuvre d’une seule main, et encore moins de celle de Moïse. Partout il est parlé de ce dernier à la 3e personne ; dans un passage même (Nombres 12.3 ; Nombres 12.8), il est question de lui en des termes si élogieux qu’il serait impossible de supposer qu’un tel hommage fût sorti de sa propre plume. Un seul fragment, le catalogue des étapes parcourues par Israël au désert (Nombres 33), est attribué à Moïse ; or, même pour ce chapitre, qui appartient à P dont il présente nettement les caractères particuliers et qui renferme 11 noms de stations ne se retrouvant que dans ce document, il paraît bien difficile d’admettre l’autoricité de Moïse ; il s’agit ici, au contraire, d’un des morceaux les plus récents du Pentateuque, de l’œuvre d’un rédacteur qui voulait grouper, en un catalogue unique, les traditions qui avaient cours sur l’ensemble du voyage au désert. Baentsch (Commentaire sur Exode, Lévitique et Nombres, p. 672) pense que l’auteur de ce chapitre a pu avoir à sa disposition un ou même plusieurs catalogues d’étapes, dont il aurait combiné les données avec celles du Pentateuque lui-même, dans lequel on ne retrouve pas 16 des noms mentionnés chapitre 33. On a même supposé que chacune des 40 stations de la liste devait représenter une des 40 années passées au désert ; toutefois, cette opinion ne paraît pas soutenable, car, si le compilateur admet que les tribus ont quitté le Sinaï un an après la sortie d’Égypte et qu’elles ont passé le Jourdain à la fin de la 40e année, il place 11 stations entre cette sortie et l’arrivée au Sinaï, tandis qu’il en assigne 9 à la 40e année et qu’il n’en laisserait plus que 21 pour les 38 années restantes.
L’analyse du livre montre avec évidence qu’on y retrouve les mêmes documents que dans Genèse, Exode et Le Seulement, ici, les emprunts faits à JE, la source combinée d’origine prophétique (voir Genèse et Exode), ne représentent qu’un quart à peine de l’ensemble du texte, l’apport de P, la source d’origine sacerdotale, constituant les trois autres quarts.
Le document JE réapparaît pour la première fois, depuis Exode 34, dans Nombres 10, où l’on distingue nettement J dans versets 29, 32 et E dans versets 33-36 (parce qu’on y retrouve le nom de Hobab dont ce document se sert pour désigner le beau-père de Moïse). Toutefois, étant donnée l’étroite parenté d’origine de ces deux documents, il n’est pas facile d’établir entre eux une distinction toujours satisfaisante. Lorsqu’on se trouve, notamment, en présence de conceptions théologiques ou archéologiques propres à J ou à E, cette distinction peut se faire avec assez de probabilité ; ainsi, par exemple, le tabernacle placé « hors du camp » (Nombres 11.16 ; Nombres 11.17 ; Nombres 11.24 ; Nombres 11.30), les songes et les visions comme moyens de révélations divines (Nombres 12) et l’accent mis sur l’élément prophétique de l’histoire d’Israël constituent des traits si caractéristiques de E qu’on n’éprouve pas d’hésitation à lui attribuer le chapitre 12. Les parties qu’on peut rapporter à J sont, entre autres : Nombres 10.29 ; Nombres 10.32 ; Nombres 11.4-15 ; Nombres 11.18-24 ; Nombres 11.31-35 ; Nombres 22.22-35 à E : Nombres 11.16 ; Nombres 11.17 ; Nombres 11.24-30 ; Nombres 12.1-15 ; Nombres 20.14-21 ; Nombres 21.21-24, et la plus grande partie de l’histoire de Balaam. C’est cette péricope (chapitres 22-24) qui offre un des meilleurs échantillons de l’art avec lequel le rédacteur qui a combiné J et E (Rje) a su faire, des sources employées par lui, un récit d’un très haut intérêt, bien qu’il n’ait pas atteint à une parfaite homogénéité (A.R.S. Kennedy, Commentaire sur Lévitique-Nombres, p. 18). Ce Rje a su, là où cela était nécessaire, harmoniser ses sources, par exemple dans Nombres 23.27 ; Nombres 23.29, et parfois, comme dans Nombres 24.11 ; Nombres 24.24, ajouter un développement de sa composition auquel la critique s’accorde à attribuer une date postérieure à celle de JE.
Dans JE, on trouve divers récits rentrant dans les catégories suivantes :
(a) des traditions ou légendes étymologiques, concernant certains noms de lieux auxquels on rattachait une histoire qui les expliquait (voir par exemple, chapitre 11, les noms de Tabeéra et de Kibrôth-Hattaavâ ; Nombres 20.11-13, le nom de Meribath-Kadès, etc.) ;
(b) des légendes cultuelles étiologiques, par lesquelles la tradition explique, sous la forme d’une narration historique, la raison d’être d’une institution ou d’un usage de culte ; voir par exemple, Nombres 21.4-9, l’histoire du serpent d’airain, par laquelle on expliquait et justifiait la présence, dans le temple de Jérusalem, de cette image d’un serpent d’airain, qui fut détruite sous Ézéchias (2 Rois 18.4) ; le récit étiologique, dans le cas présent, expliquerait un symbole qui serait provenu d’une origine étrangère au culte de Yahvé et qui, plus tard, aurait pris une signification nouvelle dans la religion populaire d’Israël (voir G.B. Gray, Commentary on Numbers, p. 275 ; Gressmann, Die Anfoenge Israels, pages 10-13).
À côté des emprunts faits à JE, il faut indiquer l’apport considérable du document sacerdotal P dans Nombres. Cet apport se présente sous la forme d’éléments narratifs d’une part, et d’éléments législatifs de l’autre. On retrouve ici, comme dans Exode, la combinaison de récits et de lois, les mêmes méthodes de composition et les mêmes caractères de rédaction.
(a) Les éléments narratifs, dans P, paraissent être d’une historicité moins certaine que ceux de JE, car ils appartiennent à une époque tardive et dénotent l’influence du milieu sacerdotal dans lequel ils ont pris naissance. Ainsi l’histoire de la révolte de Koré (qui se trouve actuellement mêlée à celle de Dathan et d’Abiram, dans chapitre 16 : voir plus loin) reflète les souvenirs de luttes sur le terrain hiérarchique, qui se seraient produites à l’époque postexilique ; on pourrait en dire autant de Nombres 25.10 ; Nombres 25.13, qui établirait les privilèges conférés aux descendants de Tsadok, pour l’exercice du sacerdoce. Voir encore les chapitres 17 et 18, qui fournissent un exemple remarquable de la façon dont P rattache au récit d’un fait (la verge d’Aaron fleurissant et confirmant la suprématie de sa tribu sur les autres) un ensemble d’institutions légales qui en aurait été la conséquence : la fixation des revenus et des fonctions des prêtres et lévites (Baentsch, ouvrage cité, p. LXIX). Enfin, tel récit de P, comme celui de la guerre d’extermination contre Madian (chapitre 31, appartenant sans doute à la couche secondaire, P 8), ne présente aucun des caractères propres à la narration d’un fait vraiment historique. Point de données sur le lieu de la bataille, ni sur les conditions de la campagne, mais, par contre, une énumération détaillée du butin conquis, et une grande importance attachée, d’un côté, à la purification rituelle d’une partie de ce butin, et de l’autre au prélèvement fait sur lui en faveur de Yahvé et des Lévites. Par des exagérations de chiffres, par l’invraisemblance du fait que 12 000 Israélites (mille hommes par tribu) exterminent tous les Madianites mâles, sans perdre eux-mêmes un seul homme (verset 49… et cependant, après cela, les Madianites ont continué leur existence nationale, comme le prouvent les luttes du temps des Juges, chapitres 7 et 8), on se rend compte qu’on est en dehors des conditions ordinaires de l’histoire, bien qu’à la base même du récit il ait pu y avoir certains éléments d’une tradition reposant sur un fond de réalité historique qu’il est actuellement impossible de déterminer. Avec ce chapitre 31, Gray observe très justement (ouvrage cité, p. 418) qu’on est ici en présence d’un exemple de ce genre littéraire que les Juifs appellent Midrasch, sorte de tractation d’un thème ou d’une pensée fournis par le texte sacré et dont l’imagination s’applique à donner un développement soit didactique, soit édifiant. Peut-être aussi, comme le supposent plusieurs commentateurs, le récit avait-il pour but d’appuyer par un exemple se rapportant à l’époque mosaïque la règle qui exigeait (depuis l’époque de David, 1 Samuel 30.24) le partage équitable du butin entre les combattants et ceux qui n’avaient pas pu prendre part au combat.
(b) Les éléments légaux sont largement représentés dans Nombres et renferment des prescriptions sur des sujets très divers, parmi lesquels il faut relever ici : la loi dite des « eaux de jalousie », concernant une épreuve, sorte de jugement de Dieu, que l’on imposait à la femme soupçonnée d’adultère (Nombres 5) ; la loi sur le naziréat (Nombres 6) ; celle sur l’eau de purification préparée avec les cendres de la vache rousse et destinée à laver celui qui avait contracté une souillure involontaire (Nombres 19) ; les temps fixés pour les sacrifices et fêtes religieuses (Nombres 28 et Nombres 29) ; la loi sur les vœux (Nombres 30). Pour bon nombre de ces lois de l’ordre rituel, on a observé que, dans Nombres, « les modifications introduites dans le rituel représentent surtout des sacrifices plus nombreux et des revenus plus considérables attribués aux prêtres ; elles correspondent, en partie, à des modifications qui se seraient produites à une époque plus récente, dans la pratique du culte ; et d’autres ne seraient même que l’énoncé de théories émises par les Scribes, plutôt que celui d’une réalité pratique tangible » (G.F. Moore, article Nombres, dans EB, col. 3449). Parmi ces lois, il en est qui ont pour nous un intérêt archéologique très réel, car elles reflètent des croyances et des pratiques qui devaient remonter à une antiquité assez reculée, mais qui ont été introduites dans la pratique d’époques plus récentes par les auteurs des lois contenues dans P, après avoir été dépouillées plus ou moins complètement de leur signification primitive, ainsi : au chapitre 5, l’épreuve des « eaux de jalousie » ; et au chapitre 6, la loi réglant le vœu de naziréat.
La majeure partie de Nombres est constituée par des emprunts faits à Psaume (g = Geschichte, histoire), partie fondamentale du document P, sorte d’histoire des institutions religieuses d’Israël contenant des éléments narratifs et législatifs. Mais on retrouve aussi, dans le livre, des fragments empruntés à une couche plus récente de P et qu’on a l’habitude d’appeler P et suivant (s = secondaire), couche reconnaissable à divers indices assez caractéristiques et qui, elle aussi, renferme des récits et des groupes de lois. Si Pg a dû être composé vers 500 avant Jésus-Christ, P et suivant l’aurait été vers 250, puisqu’il renferme des éléments qui sont postérieurs à la version des LXX Enfin on retrouve encore, mais en petit nombre, des fragments isolés qui ont été empruntés à P h (h = Heiligkeit, sainteté), c’est-à-dire à ce Code de Sainteté dont la majeure partie est actuellement concentrée dans Lévitique 17 à Lévitique 26. Les éléments de P h, dans Nombres, se trouvent à Nombres 15.37-41 ; Nombres 33.52 et suivant, et peut-être aussi Nombres 10.9 et suivant.
Comment le ou les compilateurs de nos documents JE et P ont-ils accompli leur travail ? Ils ont, comme ailleurs, employé deux méthodes :
Le récit de la mission des 12 espions envoyés en Canaan pour explorer le pays promis aux tribus a un but assez déterminé, qui est de répondre à la question suivante : pourquoi, après avoir été si miraculeusement libéré de la servitude en Égypte, Israël a-t-il dû errer si longtemps dans le désert, avant de pouvoir entrer en Canaan ? Les 2 chapitres montrent, dans ce fait, un châtiment qui fut appliqué à Israël pour le punir d’un manque de foi et d’une explosion de murmures contre son Dieu. Une lecture, même superficielle, de ces chapitres, révèle des variantes et contradictions qui ont mis depuis longtemps la critique en présence de deux et même de trois traditions d’un même fait ; les deux courants JE et P se retrouvent ici combinés, comme ailleurs, en un récit unique. On constate en effet que :
Les deux narrations de J et de E ne devaient pas, sous leur forme primitive distincte, présenter des variantes bien sensibles. Quant à celle de P, elle devait différer d’une façon plus marquée, mais le Rédacteur qui a combiné JE et P ne s’est pas astreint à résoudre à tout prix les divergences qui existent entre eux.
La reconstitution des deux grands courants narratifs JE et P est donnée par G.B. Gray (ouvrage cité, p. 130s) sous la forme graphique très claire et concluante de deux colonnes de textes parallèles.
Ils forment un ensemble au point de vue du but poursuivi par les rédacteurs. En effet, Nombres 16, partant du récit de la double révolte de Koré dirigée contre les prérogatives attribuées à la tribu de Lévi, et de celle de Dathan et d’Abiram contre l’autorité civile de Moïse, a pour aboutissement :
Dans Nombres 16, on constate facilement les indices d’une pluralité de récits distincts qui, à un moment donné, ont été réunis et combinés en une seule narration. On voit, d’abord, que trois causes différentes de révolte sont mentionnées :
Ces trois causes de révolte apparaissent distinctes les unes des autres, dans les récits groupés d’une part autour du nom de Koré, et, d’autre part, autour de ceux de Dathan et d’Abiram. En outre, les différents noms, dans la rédaction actuelle du chapitre 16, ne se présentent réunis qu’aux versets 1, 24, 27, où il est probable qu’ils ne furent groupés qu’à une époque postérieure, et ceci afin d’harmoniser les diverses couches de récits que l’on faisait rentrer dans cette rédaction unique. De plus, certains passages font allusion à tels des noms mentionnés au chapitre 16 et semblent ignorer les autres ; c’est ainsi que Nombres 27.3 ne rappelle que la révolte de Koré, tandis que Deutéronome 11.6 paraît n’avoir connu que celle de Dathan et d’Abiram, et que Psaumes 106.17 et suivant ne fait mention que du châtiment infligé à ces derniers, ce qui paraît indiquer qu’il ne confondait pas leur histoire avec celle de Koré. Enfin, la diversité des récits entrés dans la combinaison du chapitre 16 actuel ressort aussi du fait que le châtiment qui frappe Koré ne se produit pas au même moment et sous la même forme que celui dont furent frappés Dathan et Abiram ; pour le premier et sa bande, ce fut un tremblement de terre qui fendit le sol, lequel les engloutit vivants, tandis que les autres furent soumis à l’épreuve des brasiers enflammés et périrent dans un incendie.
Partant de ces diverses données, on est mis en présence :
On est généralement d’accord pour reconnaître que :
Il donne la répartition suivante du texte du chapitre 16 entre ces trois couches de récits :
Le texte renferme ce que la tradition nationale, reproduite sous des formes diverses par deux ou trois documents d’origine et d’âge différents, a pu savoir de la période durant laquelle les tribus vécurent au désert et se préparèrent à faire la conquête de Canaan. Ces traditions, au cours des siècles, se transmirent, soit par voie orale (et c’est à propos de celles-ci qu’il convient d’admettre les plus grandes possibilités de déformation), soit peut-être encore sous la forme de rédactions partielles (voir ce qui a été dit de Nombres 33), soit aussi sous celle de poèmes dont on verra plus loin que l’un d’entre eux, au moins, célébrait les victoires remportées par Yahvé sur les ennemis de son peuple (voir Nombres 21.14, « le Livre des Guerres de Yahvé »). Un des éléments les plus intéressants de Nombres, et spécialement de JE où ils sont le plus largement représentés, ce sont les fragments poétiques qu’on y rencontre. Nous ne ferons qu’énumérer brièvement ici :
Numérisation : Yves Petrakian