L’idée de patience est ordinairement rendue dans nos versions de l’Ancien Testament par le terme « lent à la colère », qui traduit une expression hébraïque signifiant littéralement : « longueur de souffle » ou « de narines » (voir Nez). Dans le Nouveau Testament le terme macrothumia a pour traduction exacte « longanimité » plutôt que « patience ». Mais dans le langage courant, patienter (du latin pati = souffrir) n’est pas seulement savoir souffrir : c’est aussi savoir attendre.
Dieu est patient, parce qu’il a pitié de ses créatures et veut leur laisser le temps de se repentir (Nombres 14.18 ; Psaumes 86.15; Joël 2.13 ; Jonas 4.2, Nahum 1.3). Cependant l’Ancien Testament, qui n’a pas connu parfaitement l’amour de Dieu, ne donne pas non plus une place essentielle à la patience divine, qui est une forme de cet amour (voir, dans les Apocryphes ; Siracide 5.4 ; Siracide 18.11 ; Sagesse 15.1). Jésus, au contraire, révèle la richesse de la patience divine dans les paraboles de l’enfant prodigue (Luc 15.11), des deux fils (Matthieu 21.28 et suivants), des vignerons (Matthieu 21.33 et suivants), du serviteur impitoyable (Matthieu 18.23 et suivants), de l’ivraie et du bon grain (Matthieu 13.24 et suivants), du filet (Matthieu 13.47 et suivants), et surtout du figuier stérile (Luc 13.6-9 ; voir encore Romains 2.4 ; Romains 9.22 ; 1 Pierre 3.20, 2 Pierre 3.9-15).
La Bible donne des exemples de la patience des serviteurs de Dieu : Abraham (Hébreux 6.15), Job (Jacques 5.11), et en général les hommes de Dieu de l’ancienne alliance (Hébreux 6.12 ; Jacques 5.10). Les livres sapientiaux la recommandent (Proverbes 16.32 ; Proverbes 25.15 ; Ecclésiaste 7.8 ; Siracide 2.4 ; Sagesse 2.19). Dans le Nouveau Testament, la patience dans l’épreuve est intimement liée à la foi et à l’espérance (Romains 8.25). Elle est une des conditions du salut final (Luc 21.19), en même temps qu’un fruit de l’Esprit (Galates 5.22). L’apôtre Paul, qui l’a pratiquée lui-même (2 Corinthiens 6.4 ; 2 Corinthiens 12.13 ; 2 Timothée 3.10), la recommande fréquemment à ses lecteurs (Romains 12.13 ; 2 Thessaloniciens 1.4 ; 2 Thessaloniciens 3.5 ; Tite 2.2 ; voir encore Jacques 1.3 ; Apocalypse 15.8 ; Apocalypse 14.12). Le chrétien doit aussi exercer la patience envers ses frères, et cela pour répondre à la patience de Dieu à son égard (Matthieu 18.29 ; Matthieu 18.35). La patience est une des formes essentielles de l’amour fraternel (1 Corinthiens 13.4 ; Éphésiens 4.2 ; Colossiens 3.12 ; 1 Thessaloniciens 5.14). Jésus-Christ est l’exemple parfait de la patience divine, de la patience dans l’épreuve (Actes 8.32) et de la patience envers les hommes dont il supporta jusqu’à la mort l’incompréhension et la haine (cf. Marc 9.19).
Numérisation : Yves Petrakian