Les pieds, organes de la marche, doivent être fermes, résistants, d’aplomb (Psaumes 91.12, cf. Matthieu 4.6 ; Psaumes 94.18 ; Psaumes 121.3, etc.) ; les pieds d’argile de la statue, brisés par une pierre, sont cause que la statue tout entière est brisée (Daniel 2.33 et suivant). Les pieds sont solidaires des autres membres (1 Corinthiens 12.15) ; parfois ils représentent le marcheur lui-même. Au figuré ils symbolisent la marche morale, la conduite (Psaumes 26.12 ; Psaumes 36.12 ; Psaumes 119.101; Luc 1.79 ; Romains 3.15 ; Hébreux 12.13) ; et cette image, souvent affaiblie quand nos versions traduisent : pas, au lieu de : pieds, joue un grand rôle dans la langue et la pensée des auteurs bibliques : (cf. Psaumes 1.1) le juste doit craindre pièges et filets tendus devant ses pieds (Psaumes 25.15 ; Jérémie 18.22 etc.), prendre garde à ses pieds (Ecclésiaste 5.1), les préserver de broncher et de glisser (Psaumes 73.2), les garder de toute chute (Psaumes 56.13). La lumière éclairant leur chemin, c’est la Parole de Dieu (Psaumes 119.105). Les pieds révèlent les dispositions de l’âme, celles de l’insensé, du malfaiteur (Proverbes 1.15 et suivant ; Siracide 21.22), des porteurs de l’Évangile (Ésaïe 52.7), de l’Évangile de paix (Éphésiens 6.15). Couper le pied qui fait tomber dans le mal, c’est sacrifier son péché dans le don de l’âme à Dieu (Matthieu 18.8).
La Bible fait allusion à maints usages antiques : bijoux pour les pieds (Ésaïe 3.16 ; Ésaïe 3.20) ; irrigation des champs au moyen de roues actionnées avec les pieds (Deutéronome 11.10) ; roue du potier tournant au pied (Siracide 38.29) ; mesure de surface (Deutéronome 2.5 ; traduit pouce dans Actes 7.5). Les prisonniers avaient parfois aux pieds des chaînes ou des entraves (Siracide 6.24 ; Siracide 21.19, Actes 16.24). Les crucifiés avaient les pieds cloués à la croix comme les mains, ou seulement attachés par des cordes (voir Crucifiement). Les esclaves allaient nu-pieds (Ésaïe 20.2 ; Ésaïe 20.4) ; dans l’épreuve ou le deuil, en se couvrant la tête on se déchaussait (2 Samuel 15.30 ; Ézéchiel 24.17). Au contraire, la chaussure, qui foule le sol, était l’emblème de la propriété : (Psaumes 60.10) le vendeur d’un terrain la donnait symboliquement à l’acheteur (Ruth 4.7 et suivant) ; en cas de contestation, la partie lésée avait le droit d’arracher son soulier au défaillant, comme gage de sa renonciation (Deutéronome 25.9). Le port habituel de simples sandales ne protégeait pas les pieds de la poussière ou de la boue. De là l’usage, quand on entrait chez quelqu’un ou en la présence de Dieu, de se déchausser et même de se laver les pieds, par propreté et par respect (Exode 3.5 ; Exode 30.19 ; Josué 5.15 etc.). Laver les pieds d’un hôte, besogne d’esclave (1 Samuel 25.41 ; Jean 13.14), était devoir d’hospitalité (Genèse 18.4; Luc 7.38 ; Luc 7.44 ; Jean 12.3 ; Jean 13.5 ; 1 Timothée 5.10). Par contre, secouer la poussière de ses pieds contre quelqu’un, c’était rompre avec lui et le maudire (Matthieu 10.14 ; Actes 13.51). Voir Soulier.
Le pied, partie inférieure du corps, est d’autant plus méprisable qu’il est plus éloigné de la tête, du chef ; en même temps c’est sur lui que porte tout le poids du corps debout. L’homme s’en servira donc pour affirmer sa domination, son dédain ou sa victoire (voir Marchepied). On disait d’un chef qu’il avait son peuple ou ses soldats sous son pied, c’est-à-dire sous son commandement (sens littéral dans Exode 11.8 ; Juges 4.10 ; Juges 8.5). Le vainqueur mettait son pied sur le cou du vaincu (Josué 10.24, cf. les bas-reliefs égyptiens et assyriens ; Psaumes 8.7 ; Psaumes 47.4 ; Matthieu 22.44 ; Romains 16.20 ; 1 Corinthiens 15.25 ; 1 Corinthiens 15.27 ; Éphésiens 1.22 ; Hébreux 2.8). Que dire de l’impie qui prétendrait traiter ainsi le Fils de Dieu (Hébreux 10.29) ? Inversement, le suppliant, le repentant se jettent aux pieds de celui qu’ils espèrent fléchir (Esther 8.3 ; Marc 5.22 ; Marc 7.25 ; Apocalypse 1.17) ; ils vont jusqu’à lui embrasser les pieds (2 Rois 4.27; Luc 7.38) ; les malades sont déposés en suppliants aux pieds de Jésus (Matthieu 15.30) ; les disciples sont assis humblement aux pieds de leur maître (Deutéronome 33.3; Luc 8.35 ; Luc 10.39 ; Actes 22.3).
Numérisation : Yves Petrakian