On appelle ainsi les corps naturels, durs et solides qui entrent dans la composition de l’écorce terrestre, par opposition aux parties meubles, terre et sable. Les pierres sont des fragments de cette matière, tandis que les gros amas sont appelés rocs ou rochers (voir article). Les petites pierres sont des cailloux. Les pierres sont plus ou moins dures selon leur nature : on distingue les pierres siliceuses (grès, silex, granit) et les pierres calcaires (craie, marbre, pierre ordinaire).
Les pierres ont des applications multiples : on les choisit d’après la facilité de leur travail et d’après leur dureté. Indépendamment de sa dureté, la pierre est plus ou moins résistante aux agents atmosphériques : certaines pierres craignent la gelée qui les effrite et sont dites gélives ; on doit les rejeter pour la construction.
La Palestine est une région essentiellement pierreuse (1 Rois 10.27). Le silex, qui se trouve sous forme de nodules dans beaucoup de ses calcaires (voir Palestine, VIII), doit à sa grande dureté d’avoir servi dès l’époque préhistorique à des usages auxquels plus tard les métaux ont mieux convenu : taillé en éclats, il donnait des pointes de flèches, des haches, des couteaux (Exode 4.25 ; Josué 5.2) ; il s’employa longtemps comme pierre à feu (2 Macchabées 10.3).
La pierre joua un grand rôle dans la vie des Israélites. Elle servait à la construction (Genèse 11.3 ; Deutéronome 27.6) ; elle était taillée suivant les besoins (Exode 20.25 ; Deutéronome 27.5 ; 1 Rois 5.17 ; 1 Rois 6.7-36 ; 1 Rois 7.2 ; 2 Rois 12.12 ; Esdras 5.8 ; Esdras 6.4 ; 2 Samuel 5.11 ; 1 Chroniques 22.2 ; Amos 5.11 ; Ésaïe 9.9 ; Ézéchiel 40.42). Des pierres marquaient des frontières (voir Borne) et servaient de repères topographiques (Josué 15.6 ; Josué 18.17 ; 1 Samuel 7.12 ; 1 Samuel 20.19 ; 1 Rois 1.9) ; elles constituaient des monuments (Genèse 28.18-22 ; Genèse 31.46 ; Deutéronome 27.4 ; Josué 4.5 ; Josué 24.26 ; 1 Samuel 6.18). Des tas de pierres ont couvert des cadavres (voir Revenant), d’autres ont constitué des autels primitifs (Exode 20.25 ; Deutéronome 27.5 et suivant, Josué 8.31).
Les pierres ont pu être utilisées comme oreiller (Genèse 28.11), comme siège (Exode 17.12), même pour les accouchements (voir Sage-femme), comme fermeture des puits (Genèse 20.2-8) ou des sépulcres (Josué 10.18 ; Marc 15.46 ; Matthieu 27.60 ; Matthieu 28.2 ; Jean 11.38). La pierre recevait des inscriptions (Exode 28.9 ; Exode 39.6 ; Deutéronome 27.8), et c’est sur des tables de pierre que fut écrite la loi (Exode 24.12 ; Exode 31.18 ; Exode 32.15 ; Deutéronome 27.2 ; Deutéronome 9.9 ; Josué 8.32). La pierre fut la matière la plus souvent employée pour la fabrication des idoles (Deutéronome 4.28 ; Deutéronome 29.17 ; 2 Rois 19.18 ; Jérémie 2.27 ; Jérémie 3.9 ; Ézéchiel 20.32 ; Daniel 5.4 ; Actes 17.29 ; Apocalypse 9.20). Semer des pierres dans un champ est un acte d’hostilité (2 Rois 3.19-25), ainsi que jeter des pierres contre quelqu’un ou l’en frapper (2 Samuel 16.6 ; Jean 8.59 ; Jean 10.31 ; Exode 21.18). Les pierres servaient de projectiles, soit pour des frondes (1 Samuel 17.49 ; Juges 20.16 ; Job 41.19 ; Proverbes 26.8), soit pour des machines (2 Chroniques 26.15, 1 Macchabées 6.51). Certains crimes étaient punis à coups de pierres, par la lapidation (voir Crimes, délits et peines).
Par analogie, les grêlons sont en hébreu des pierres de grêle (voir ce mot), et le fil à plomb une pierre d’étain (voir Métaux).
Au figuré, la pierre est une image de dureté (Job 41.15), d’impassibilité (Habakuk 2.19), d’insensibilité (1 Samuel 25.37), de saisissement qui « pétrifie » (Exode 15.16). Un cœur de pierre s’oppose à un cœur de chair, comme les tables de pierre aux tables de chair, aux cœurs vivants capables de sentir (Ézéchiel 11.19 ; Ézéchiel 36.26 ; 2 Corinthiens 3.3) ; la pierre a peu de valeur (Matthieu 7.9) ; elle est commune : (1 Rois 10.27 ; 2 Chroniques 1.15 ; 2 Chroniques 9.27) d’où la comparaison de Jésus entre les pierres (hébreu abânim) et les fils (hébreu bânim) d’Abraham (Matthieu 3.9; Luc 3.8), et sa remarque que même les pierres inertes crieraient (Luc 19.40, cf. Habakuk 2.11). La pierre de la vision de Daniel (Daniel 2.34 ; Daniel 2.44 et suivant), qui tombe sur la statue et devient une montagne, symbolise le royaume du Dieu Tout-Puissant. Les pierres font obstacle à la marche (Psaumes 91.12 parallèle Matthieu 4.6 ; Ésaïe 62.10 ; Ézéchiel 28.14) ; elles font broncher et deviennent des « pierres d’achoppement » ; voir (Ésaïe 8.14 ; Jérémie 6.21 ; Romains 9.32 ; Romains 14.13 ; 1 Pierre 2.7) Scandale. Par opposition à la pierre méprisée et rejetée, et à la pierre qui fait tomber, Jésus s’est comparé (Matthieu 21.42 ; Matthieu 21.44) à la pierre de l’angle (voir ce mot). Il a donné le surnom de Pierre à son apôtre Simon (voir ce mot), et plus tard a fait allusion à cette comparaison ; voir (Matthieu 16.18) Église, paragraphe 2.
À quoi fait allusion le « caillou blanc » de Apocalypse 2.17 ? C’est très discuté : on a pensé au niveus lapillus par lequel les Jurés romains exprimaient leurs votes d’acquittement (Ovide), au candissimus calculus qui marquait un jour heureux (Pline le Jeune), aux jetons d’admission gratuite pour les fêtes royales, aux pierres précieuses censées tombées du ciel avec la manne (tradition juive), à l’« urim et thummim » où le nom divin était inscrit (voir Éphod), à la croyance populaire aux amulettes portant un nom magique ; quoi qu’il en soit, ce caillou blanc est avec la manne le symbole de l’entrée libre du fidèle dans le Royaume de Dieu dont il est citoyen.
Numérisation : Yves Petrakian