L’étymologie de ces mots français est claire. Le latin fanum signifie temple (d’où, par exemple, le mot fanatique, lequel s’applique à tout homme qui a un trop fort « esprit de clocher », qui se passionne à l’excès pour une opinion, religieuse ou autre). Tout ce qui est admis à l’intérieur d’un temple est tenu pour sacré, tandis que ce qui reste au dehors, devant (pro) le sanctuaire, est profane, c’est-à-dire considéré comme impur et ne peut y pénétrer sans le souiller. Nos versions de la Bible traduisent par : profane, profaner, les mots hébreux des racine khâlal, signifiant : souiller, et khânéph, signifiant : être souillé, et l’adjectif grec bébêlos avec ses dérivés. Celui-ci correspond assez exactement au latin prof anus, car bêlos désigne le seuil : qui franchit indûment le seuil d’un lieu sacré le souille, c’est donc un profane. Pour la profanation au sens de violation avec pillage d’un sanctuaire, voir Sacrilège.
L’emploi de ces termes au sens cérémoniel est assez fréquent dans l’Ancien Testament, où l’antithèse entre saint et profane équivaut, comme dans Lévitique 10.10, à l’antithèse entre pur et souillé (voir Pur et impur ; Saint). Il est parlé de profanation rituelle de l’autel (Exode 20.25), du sanctuaire (Lévitique 21.12 ; Lévitique 21.23 ; Ézéchiel 44.7, 1 Macchabées 2.12 ; Judith 9.8, Actes 21.28 ; Actes 24.6 etc.), des objets consacrés (Lévitique 19.8 ; Lévitique 22.9 ; Lévitique 22.15 ; Nombres 18.32 etc.), du nom de Dieu (Lévitique 21.6 ; Lévitique 22.2 ; Lévitique 22.32 ; Malachie 1.7 ; Malachie 1.12 etc.). Mais dans tout l’enseignement prophétique c’est le péché qui est le grand profanateur (Amos 2.7 ; Jérémie 34.16 ; Ézéchiel 20.39 ; Ézéchiel 36.20 et suivants, Ésaïe 56.2 ; Ésaïe 56.6 ; Malachie 2.11 ; Psaumes 74.7, cf. Lévitique 18.21, etc.). C’est aussi pour châtier les Israélites infidèles que Dieu profanera leur temple et leur héritage (Ézéchiel 7.22 ; Lamentations 2.2 ; Ésaïe 47.6 etc.). Le verbe profaner est occasionnellement remplacé par : souiller, violer, etc. (Jérémie 16.18 ; Psaumes 89.32 ; Exode 31.14 ; Matthieu 12.5, etc.). Les prophètes infidèles sont dénoncés comme profanes (Jérémie 23.11), comme confondant par leurs crimes le profane et le sacré (Ézéchiel 22.26). L’épithète de profane s’applique aussi aux impies (Ézéchiel 21.30 ; 1 Timothée 1.9 ; Hébreux 12.16), et, dans les épîtres pastorales, aux doctrines et discussions des hérétiques (1 Timothée 4.7 ; 1 Timothée 6.20 ; 2 Timothée 2.16 ; voir Pastorales, III, 4).
Numérisation : Yves Petrakian