Mot dont l’étymologie est douteuse et l’usage flottant. C’est ainsi qu’on parle couramment de « race latine » ou de « race slave », alors que la race n’est ni une question de langue ni une question de nationalité. « La race est un fait zoologique, la langue est un fait social » (Eug. Pittard). On parle aussi quelquefois de race juive, chrétienne ou musulmane, alors que la religion n’a rien à voir avec les origines ethniques d’une population. Cela dit, nous sommes bien obligés ici de nous plier à la langue usuelle pour caractériser les divers emplois du mot race dans la Bible, où il signifie :
Les espèces animales (Genèse 7.3).
Le genre humain (Actes 17.28 et suivant).
Les membres d’une même famille considérée dans la durée : « la race des géants » (Nombres 13.13), « la race d’Abraham » (Ésaïe 41.8 ; Nombres 16.40 ; Actes 7.19 ; Actes 13.26 etc.), d’Israël (1 Chroniques 16.13 ; Jérémie 31.36 ; Néhémie 9.2 etc.).
Les personnes qui ont une extraction ou une qualité de même ordre : « race royale, race de chefs » (Daniel 1.3 ; Actes 4.6).
Les individus qui constituent par générations une dynastie déterminée (1 Rois 11.1).
Au sens moral la Bible se sert du mot race pour désigner un groupe d’êtres qui méritent la même réprobation : race perverse et trompeuse (Deutéronome 32.5 ; Deutéronome 32.20), incrédule et perverse (Marc 9.19; Luc 9.41 etc.), indocile (Psaumes 78.8), méchante (Ésaïe 14.20), adultère (Ésaïe 57.3 ; Matthieu 12.31), menteuse (Ésaïe 57.3, Version Synodale : infidèle), indocile et rebelle (Psaumes 78.8), de vipères (Matthieu 3.7 ; Matthieu 12.34).
Au sens religieux, race sert à désigner la prérogative d’Israël (Psaumes 12.8 ; Psaumes 73.15 ; Ésaïe 41.8 ; Ésaïe 43.5 ; Ésaïe 44.3 ; Ésaïe 61.9 ; Ésaïe 65.23), ou les qualités du peuple élu (Psaumes 14.5 ; Esdras 9.2). Chez les Hébreux, le sentiment de la race était étroitement uni à la foi en l’élection divine. Des Israélites, cette foi a passé chez les chrétiens. C’est ainsi que Pierre dit aux premiers croyants de l’Église de Jésus-Christ : « Vous, vous êtes la race élue… le peuple que Dieu s’est acquis » (1 Pierre 2.9).
Numérisation : Yves Petrakian