Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Renouvellement
Dictionnaire Biblique Westphal

En son sens strict, ce terme correspond aux mots grecs de la racine d’anakaïnizeïn, que le Nouveau Testament applique à la rénovation constante et graduelle, par le Saint-Esprit, de l’image divine dans l’âme du racheté (2 Corinthiens 4.16 ; Romains 12.2 ; Colossiens 3.10 ; Hébreux 6.6 ; comparez ananeoûsthaï de Éphésiens 4.23). Cette restauration continue du chrétien suppose sa régénération préalable, et les deux termes sont associés dans Tite 3.5 : le renouvellement (anakaïnôsis) du Saint-Esprit y suit le baptême de la régénération (palingenesià). Ce dernier terme grec (de palin = de nouveau, et genesis = naissance) a donc ici une application individuelle, qui se trouvait dans les religions des mystères (voir ce mot), mais dont la valeur profonde est une révélation de l’Évangile : pour les païens, une « palingénésie » pouvait être le réveil de la terre après l’hiver (Marc-Aurèle, stoïcien), la résurrection de nos connaissances par le souvenir (Olympiodore, platonicien), la réintégration d’un exilé aux honneurs (Cicéron), la réincarnation d’une âme (les Pythagoriciens, d’après Plutarque) ; pour le chrétien, « palingénésie » correspond à « nouvelle naissance » ou régénération (voir ce mot). Mais c’est surtout un sens collectif et général que le terme de palingénésie a pris dans l’histoire religieuse. De même qu’il désignait chez Philon la résurrection du monde matériel enseigné par le stoïcisme, ou encore la restauration de la nation juive, de même dans Matthieu 19.28 (seule mention dans le Nouveau Testament, en dehors de Tite 3.5) il évoque la nouvelle naissance de la création tout entière, et la plupart de nos versions l’y traduisent par : le renouvellement (ou : rétablissement) de toutes choses. Il s’agit de l’état messianique de perfection qui succédera à l’imperfection du monde actuel où le bien et le mal sont étroitement mêlés (cf. Matthieu 13.38-40 ; Matthieu 13.49), « l’avènement du Royaume de Dieu conçu comme la création d’un monde nouveau » (Bible du Centenaire). Voir Trench, Synonymes du Nouveau Testament, paragraphe 18.

Dans l’Ancien Testament perce déjà une telle conception, par exemple dans l’espérance du Jour de l’Éternel (v. article). La plupart des prophètes, cependant, pensent avant tout à la Palestine et au seul peuple juif : ainsi dans Amos 9.11-15 ; Michée 2.12 et suivant, Ézéchiel 40 à Ézéchiel 48 (la Nouvelle Jérusalem). Le renouvellement vraiment général n’est annoncé que dans Ésaïe 51.16 ; Ésaïe 65.17-25, où il se rapproche de conceptions mazdéennes (voir Prophète, VI). Le Nouveau Testament marque l’importance de cette idée dans la foi de l’Église primitive. Plusieurs expressions s’y rapportent : « le rétablissement (apokatastasis) de toutes choses » (Actes 3.21) « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (2 Pierre 3.13 ; Apocalypse 21.1), « faire toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21.5).

Ce renouvellement ne concerne pas seulement la terre et les humains, mais l’univers entier, lequel est profondément troublé. Placé sous la domination de puissances mauvaises, le monde présent a pour caractéristiques essentielles le péché, la mort et l’impuissance (1 Corinthiens 1.20 ; 1 Corinthiens 2.6 ; 1 Corinthiens 3.18 ; 2 Corinthiens 4.4 ; Galates 1.4) ; le désordre y règne et ne peut être aboli que par une transformation de la création tout entière (Romains 8.20 ; Romains 8.22), où la souveraineté de Dieu sera rétablie (1 Corinthiens 15.28). Cette transformation se produira lors de la glorification du Fils de l’homme (Matthieu 19.28), ou parousie (voir ce mot), à la fin des âges, qui doit par la victoire du Christ (1 Corinthiens 15.24 et suivant) inaugurer un univers où l’ordre sera rétabli (1 Corinthiens 15.26 ; Colossiens 1.19 et suivant). Ce renouvellement, d’autre part, est souvent rattaché à des prophéties de l’Ancien Testament (Matthieu 17.11 ; Actes 3.21 ; 2 Pierre 3.13).

Au point de vue des destinées humaines, la palingénésie sera-t-elle réellement un renouvelle Tient de toutes choses, comportant donc la conversion finale des méchants, ou bien un rétablissement seulement partiel qui laissera les réprouvés dans leur châtiment ? Certaines paroles de saint Paul pourraient faire croire à une régénération universelle (Romains 11.32 ; 1 Corinthiens 15.22 ; Éphésiens 1.10 ; Philippiens 2.10 et suivant) ; mais une étude plus attentive montre que l’apôtre ne croyait pas à la conversion totale de l’humanité incrédule (Romains 2.8-12 ; 1 Corinthiens 6.9 et suivant, Philippiens 3.19 ; 2 Thessaloniciens 1.9). Constatation confirmée par les autres écrits du Nouveau Testament (Matthieu 13.40-42 ; Matthieu 18.8 ; Matthieu 25.41 ; Matthieu 25.46 ; Marc 9.45 ; Actes 3.21 ; Actes 3.23 ; Apocalypse 20.10 etc.), en particulier par les passages relatifs au péché contre l’Esprit ; voir (Marc 3.29 ; Matthieu 12.31 ; 1 Jean 5.16). Péché.

En résumé, le Nouveau Testament, malgré plusieurs allusions à un renouvellement de toutes choses, ne professe pas de doctrine précise à cet égard ; certains textes semblent universalistes, mais d’autres textes semblent les contredire. Les auteurs chrétiens inspirés se bornent à l’affirmation de la foi : le rétablissement de l’absolue souveraineté de Dieu, lors de la consommation des temps ; Dieu régnera, et sa volonté ne rencontrera plus aucune opposition. Voir Eschatologie. Edm. R.


Numérisation : Yves Petrakian