L’hébreu khabatsèlèth, nom de fleur, n’est cité que deux fois dans l’Ancien Testament : une fois sans autre précision (Ésaïe 35.1), l’autre fois avec le déterminatif « de Saron » (voir ce mot) et le parallélisme soit de répétition soit de comparaison « le lis de la vallée » (Cantique 2.1). Les LXX et la Vulgate y ont vu le lis (krinon, lilium) dans le premier texte ; dans le second, le terme général qu’ils adoptent : fleur (anthos, flos), annonce le terme particulier de l’expression parallèle : lis. Les versions modernes ne sont pas d’accord entre elles : les unes y voient aussi le lis dans Ésaïe mais la rosé dans le Cantique (Luther, Version Synodale) ; d’autres la rosé dans les deux textes (vers, anglaise ; Ostervald, Martin, qui rendent le second terme dans le Cantique par : muguet) ; d’autres le narcisse (Reuss, Segond, Crampon) ; Gesenius et Löw le colchique ; des voyageurs le ciste, qu’ils ont trouvé abondant dans la plaine de Saron, tandis qu’on n’y trouve pas de rosiers. Disons quelques mots de chacun des genres proposés.
Le rosier est de la famille des Rosacées, genre rosa, dont il existe une centaine d’espèces ; arbrisseau épineux, à feuilles composées dont les stipules adhèrent au pétiole ; calice de la fleur tubulé, à 5 divisions souvent pinnatifides ; corolle grande, à préfloraison imbriquée, contournée ; étamines nombreuses ; styles latéraux, libres ou soudés entre eux à leur partie supérieure. La fleur des rosiers est citée comme type de beauté dans Siracide 24.14 ; Siracide 50.8, et les couronnes de boutons de rosés comme figure des plaisirs bientôt flétris des impies (Sagesse 2.8). Le nom de Rosé (grec rhodon) était souvent donné aux jeunes filles (Rhode), dans l’antiquité comme aujourd’hui, et le Nouveau Testament en offre un exemple : voir Rhode. L’île de Rhodes (voir ce mot) était l’île des Rosés.
Le colchique est de la famille des Liliacées, genre colchicum, dont il existe 30 espèces en Europe et dans la région méditerranéenne. Le colchique autumnale est une plante vivace à bulbe profondément enfoncé dans le sol, formé par la partie inférieure renflée de la tige, et auprès duquel se développe un second bulbe qui doit pourvoir à la végétation de l’année suivante. La fleur a une forme d’entonnoir à 6 divisions soudées en un long tube souterrain naissant du bulbe et qui simule un pédoncule. Étamines soudées à la gorge du tube ; 3 styles. Le fruit est une capsule ; graines globuleuses. Plante très vénéneuse.
Le narcisse est de la famille des Amaryllidacées, genre narcissus, dont il existe 35 espèces, la plupart méditerranéennes. Plante bulbeuse à feuilles radicales linéaires ; fleurs solitaires ou en ombelle au sommet d’une hampe nue enveloppée de spathes membraneuses avant la floraison, et surtout remarquables par une sorte de couronne annulaire, tubuleuse ou campanulée qui surmonte le tube de la fleur, souvent partagée en 6 lobes opposés à ceux du périanthe, et au centre de laquelle les étamines et le pistil font saillie. On a trouvé dans la plaine de Saron le narcissus tazetta
Le ciste est de la famille des Cistacées, genre cistus. Il en existe 160 espèces des régions tempérées, surtout méditerranéennes. Ce sont des arbustes souvent visqueux, à feuilles opposées, entières, à fleurs ordinairement grandes, solitaires, ou plus souvent en grappes ou en cymes, blanches, rosés, pourpres ou jaunes, à 3-5 sépales et 3-5 pétales.
Ch.-Ed. M.
Numérisation : Yves Petrakian