Cette pratique consistant à marquer la peau de dessins en y introduisant par des piqûres une couleur indélébile, a été connue de nombreux peuples, qui lui attribuaient ordinairement une valeur religieuse : chez certains Noirs africains, « dépendance de l’homme à l’égard de son fétiche » ; chez les Polynésiens, signe du dieu de l’individu et de la tribu ; chez les Hindous, symboles de Vischnou, etc. (Chantepie de la Saussaye, Manuel d’Histoire des Religions, traduction fr. 1904, pages 18, 31, 425).
Les tatouages sont nettement interdits aux Israélites dans Lévitique 19.28, preuve qu’ils se pratiquaient en Canaan. C’est pourquoi certains auteurs voient aussi dans divers textes parlant de signes sur la main ou entre les yeux (Exode 13.9 ; Exode 13.16 ; Deutéronome 6.8 ; Deutéronome 11.18 ; Ézéchiel 9.4-6) des allusions à la coutume païenne de se tatouer la main ou le front en l’honneur de la divinité (Bible du Centenaire). Le « signe de Caïn » (Genèse 4.15) a parfois été interprété comme un tatouage qui était censé lui conférer un « tabou » (Bertholet, Histoire de la civilisation d’Israël, p. 156).
On peut rapprocher de cette pratique primitive la cruauté raffinée d’imprimer le fer rouge sur les esclaves ou les vaincus, comme les Juifs que Ptolémée commanda de marquer d’une feuille de lierre, emblème de Bacchus (3 Macchabées 2.29) ; comparer les mentions apocalyptiques de la marque de la Bête et du sceau des croyants (Apocalypse 13.16 ; Apocalypse 7.3) v. Marques et signes, Tav.
Quoi qu’il en soit de ces pratiques anciennes, plus ou moins obscures pour nous, il semble bien que le grand prophète de l’exil ait fait allusion par deux fois au tatouage, pour en tirer une saisissante image de l’immuable fidélité, d’abord celle de l’homme envers Dieu : « Il fera inscrire sur sa main : Je suis à l’Éternel » (Ésaïe 44.5), puis celle de Dieu envers l’homme : « J’ai gravé ton nom sur les paumes de mes mains » (Ésaïe 49.1-6 ; cf. L. Schneller, Connais-tu…, chapitre 24).
Dans Galates 6.17 et 1 Timothée 4.2, la Bible du Centenaire voit des allusions aux tatouages religieux que pratiquaient les adorateurs du paganisme en se marquant du nom ou de l’emblème du dieu auquel ils déclaraient ainsi appartenir : tatouages qui devaient être aussi plus ou moins considérés comme des talismans.
Numérisation : Yves Petrakian