Les mots hébreux âch et sâs, celui-ci devenu en grec ses, désignent à diverses reprises les petits insectes qui dévorent et dévastent les étoffes (Ésaïe 50.9 ; Ésaïe 51.8 ; Osée 5.12, Lettre de Jérémie 12,73 ; Matthieu 6.19 ; Jacques 5.2), et dont les dégâts rappellent à l’homme la fragilité de ses biens et de sa vie (Psaumes 39.12 ; Job 4.19 ; Job 13.28).
Nos versions traduisent quelquefois par : vermisseau ou ver, noms vulgaires de larves, ou plus exactement de chenilles, car il s’agit de lépidoptères (papillons) : ce sont les diverses espèces de teignes (genre tinea, et toute la famille des tinéidés), appelées aussi mites ou gerces, qui s’enveloppent dans un fourreau soyeux fabriqué avec les matières dont elles se nourrissent : laine, plumes, fourrures, crin, soie, etc. ; peut-être y a-t-il une allusion à ce fourreau dans « la maison que se construit la teigne » (Job 27.18).
En Orient où ces insectes sont innombrables, ils étaient d’autant plus nuisibles que les « trésors » y consistaient principalement en étoffes de luxe, objets de riches cadeaux ou d’opulents achats. Aussi le Seigneur Jésus, exhortant ses disciples à placer le centre de leurs affections sur les valeurs éternelles et non sur les trésors précaires des fortunes d’ici-bas, ajoute-t-il à l’exemple des monnaies thésaurisées mais rongées de rouille celui des vêtements de prix collectionnés mais mangés des teignes (Matthieu 6.19 et suivant, Luc 12.33). Comp, ce passage de Pindare (Fragments, 222) : « L’or est enfant de Zeus : la teigne ni le ver ne le dévorent. »
L’adjectif composé grec sêtobrôtos = mangé des vers, qu’on ne connaît que dans Jacques 5.2 et Job 13.28 (LXX), a été retrouvé dans un oracle sibyllin, appliqué à des idoles de bois.
Pour l’interprétation qui voit dans le nom hébreu âch ou aïch (Job 9.9 ; Job 38.32) la constellation de la Teigne, c’est-à-dire des Hyades, voir Ourse.
Numérisation : Yves Petrakian