Le nom ancien s’est conservé dans le Taannouk moderne, au sud-est de Tell el-Moutésellim (Méguiddo), sur la piste Haïfa-Djenîn, en bordure de Ta plaine d’Esdrélon (voir ce mot) et au pied du prolongement de la chaîne du Carmel. La ville cananéenne résista à Josué mais son roi fut vaincu (Josué 12.21). Cependant les Israélites durent compter encore avec ses habitants, qui ne devinrent leurs tributaires que plus tard (Josué 17.11-13). Attribuée à Manassé, Thaanac fut assignée aux lévites de la famille de Kéhath (Josué 21.25). On sait que le fameux combat de Débora et de Barak fut livré à Thaanac, aux eaux de Méguiddo (Juges 5.19). Thaanac fut la résidence d’un intendant de David (1 Rois 4.12) et l’une des quatre forteresses de la frontière de Manassé (1 Chroniques 7.29). Elle est mentionnée avec Méguiddo sur le mur du temple de Karnak, en Égypte.
Le site fut fouillé par Sellin, en trois campagnes (1902-1904), mais l’interprétation des monuments dégagés ne laisse pas que d’être fort controversée. L’installation primitive au centre du tell était enfermée dans une muraille en blocs non appareillés, au pied de laquelle on trouva des sacrifices humains de fondation (cf. 1 Rois 16.34). Un ensemble appelé « forteresse d’Ichtar Washour » livra des tablettes, des amulettes, des scarabées, datés du XVe siècle avant Jésus-Christ. À la période qui suit la conquête israélite, on attribue une petite forteresse, un bastion et un brûle-parfums en argile bien cuite, orné de reliefs. Diverses installations cultuelles (roche à cupules, masséboth) ont été signalées par Sellin, mais le P. Vincent leur reconnaît une utilisation essentiellement profane. Un cylindre est particulièrement intéressant comme preuve de la double influence égyptienne et babylonienne en Palestine : Atanahili, fils de Habsi, serviteur de Nergal, signait ses lettres en cunéiforme, et usait en même temps d’hiéroglyphes égyptiens pour décorer son cachet. Une étude des noms de personnes inscrits sur les tablettes trouvées à Thaanac a d’ailleurs révélé le même mélange d’influences opposées, ces noms étant cananéens, égyptiens, sumériens, akkadiens, subaréens, hourriens.
A. P.
Numérisation : Yves Petrakian