Cette expression ne se rencontre que dans Marc 13.14 et le parallèle Matthieu 24.15. Elle provient, comme l’indique Matthieu., du livre de Daniel (Daniel 11.31 ; Daniel 12.11, cf. Daniel 9.27), qui fait très certainement allusion, dans ces passages, à la profanation du Temple de Jérusalem par Antiochus Épiphane en 168 avant Jésus-Christ, lorsque celui-ci fit transformer l’autel des holocaustes en un autel dédié à Zeus Olympien (1 Macchabées 1.54-59).
Quelle est cette « abomination de la désolation » annoncée ? Lorsque Luc, dans un discours très semblable, mentionne la désolation qui doit venir (Luc 21.20), il entend par là l’encerclement de Jérusalem par les armées romaines ; Mais cette explication ne s’accorde ni avec l’expression de Marc : « établie là où elle ne doit pas être », ni avec les mots de Matthieu : « établie au lieu saint ». Plusieurs interprétations ont été proposées, parmi lesquelles il est difficile de choisir. Il s’agirait :
- ou bien de la menace d’ériger une statue de Caligula dans le Temple ;
- ou de la profanation du sol du Temple par les Zélotes, lorsqu’ils le transformèrent en forteresse pendant le siège de Jérusalem ;
- ou encore de la profanation du Temple par la présence de Titus après qu’il s’en fut rendu maître. D’autre part, il semble bien que Marc 13.14 fasse allusion à une circonstance qui doit précéder la destruction de la ville, puisqu’il insiste sur le fait que cette apparition de « l’abomination de la désolation » doit être une mise en garde pour ceux de Judée qui n’auraient pas encore fui dans les montagnes. Il s’agirait donc de quelque événement avant-coureur de la chute de Jérusalem et pouvant être interprété par les chrétiens comme une annonce de la Parousie (cf. 2 Thessaloniciens 2.1-12). Est-ce la venue des troupes romaines ? est-ce l’intervention sanglante des Zélotes s’emparant du Temple peu de temps avant l’investissement complet de la cité ? Cette dernière hypothèse semble la plus vraisemblable, car elle est appuyée par une tradition que rapporte Eusèbe (Hist. Ecclésiastique III , 5.3) selon laquelle les chrétiens juifs, avertis par un oracle divin, auraient fui loin de la ville dès les débuts du siège.
Edm. R.