Quoique cette Épître ne porte ni le nom de son auteur, ni salut, ni suscription, on n’a jamais douté qu’elle ne fût de l’apôtre saint Jean, surnommé l’ÉVANGÉLISTE. Le style et le caractère désignent assez qu’il en est l’auteur : ce qu’il dit du Verbe approche fort du premier chapitre de son Évangile, et le titre de petits enfants, qu’il donne fréquemment à ceux à qui il écrit, marque l’autorité que lui donnait son grand âge ; le soin qu’il a de les avertir souvent de s’aimer les uns les autres convient à ce qui est rapporté de lui par saint Jérôme, qu’étant dans une extrême vieillesse, il ne disait autre chose dans les assemblées des fidèles, sinon : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres ; et en effet, c’est ce qu’il répète plus de dix-huit fois dans cette lettre. Il paraît qu’il l’adresse aux Juifs et aux Gentils nouvellement convertis à la foi de Jésus-Christ. Saint Augustin suppose qu’elle a été écrite par les Parthes, c’est-à-dire aux fidèles répandus dans l’ancien empire des Perses (voyez liv. II, qu. Ev. qu. 39, n. 1, et son Commentaire sur l’Épître aux Galates, ibid., n. 40 ; et Possidius, in Indicul., cap. IX). On ne sait pas absolument le temps ni le lieu où il écrivit ; mais la plus commune opinion est que ç’a été à Éphèse, sur la fin de sa vie, étant revenu de son exil de l’île de Patmos, l’an 101 de l’ère vulgaire, la soixante-septième ou soixante-huitième année après la mort de Jésus-Christ ; ce que l’on appuie sur diverses conjectures : sur ce qu’il dit du bruit que l’on répandait que le jugement était proche, chap. II, v. 18 et 19 ; sur ce qu’il y combat diverses hérésies qui n’ont paru que vers ce temps-là, celle d’Ébion, de Cérinthe, et de Basilides, qui attaquaient la divinité de Jésus-Christ, niant qu’il fût Fils de Dieu (voyez chap. II, v. 18, 19, 22 et suiv., et chap. IV, v. 2 et 3) ; et qu’il se fût véritablement revêtu de notre chair (voyez chap. I, v. 1 ; chap. IV, v. 14 et 15 ; chap. V, v. 1, 5, 10 et suivants) ; et c’est contre ces hérétiques qu’il établit partout la nécessité de la foi en la divinité de Jésus-Christ, en sa filiation divine, et en son incarnation. Cet apôtre en tout cela a gardé peu d’ordre ; ce n’est proprement qu’un épanchement de cœur par lequel il fait connaître le zèle ardent qu’il avait pour le salut de ses frères ; et, malgré ses interruptions fréquentes, on ne laisse pas d’apercevoir un enchaînement et une liaison suivis dans ses principes. Cette Épître a été mise dans les anciens catalogues au nombre des Écritures généralement reçues de toutes les Églises chrétiennes. (Voyez Eusèbe, Hist., lib. III, cap. XVIII et XIX, et lib. VII, cap. XX, où il cite l’autorité de saint Denis d’Alexandrie, de saint Cyrille de Jérusalem, Catheches. IV.) (Voyez les conciles de Laodicée, can. LX, ann. 370 ; troisième de Carthage, can. XIV.) (Voyez ann. 397, et can. XXIV, en 419 ; ceux de Rome, sous Innocent Ier, et sous Gélase, ann. 494 ; et enfin le dernier concile général de Trente, sess. IV, de Canon. Script. ; et elle est citée par saint Irénée, advers. Hœres., lib. III, cap. XVIII.) (Voyez Eusèbe, Hist., lib. V ; cap. VIII ; saint Clément d’Alexandrie, Strom., lib. II, et Pœdag., lib. III, cap. XII, Tertullien, lib. de Anima, cap. VIII, alias XVIII, advers. Prax., cap. XV, et lib. de Pudicitia, cap. XVIII, Origène, Homil. IX in cap. XVI et XVII Numer.) (Voyez Eusèbe, Hist., lib. VI, cap. XIX ; et saint Cyprien, lib. de Orat. dom. et Epist. LI.)
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