Les personnages désignés par ces noms dans nos Evangiles nous y apparaissent avec une réputation détestable que le lecteur ne s’explique pas toujours. Pour la comprendre, il faut savoir quelque chose de l’impôt dont ils étaient les receveurs l’impôt perçu par l’étranger, par le Romain. Il semblait au Juif que payer cet impôt, c’était reconnaître le droit du conquérant, et c’était aussi, semblait-il, renoncer au titre de Peuple Elu, trahir à la fois le patriotisme et la Religion, être infidèle au Dieu d’Israël. La haine de l’étranger était grande en Palestine. L’impôt l’entretenait et l’exaspérait. C’était avec une effervescence où grondait la révolte qu’on posait sans cesse la question : « Faut-il payer le tribut à César (Matthieu 22.17} ? » On le donnait, certes, mais en protestant. Un certain Judas, le Gaulonite, s’était soulevé pour ne pas le payer. On comprend qu’il parût incroyable aux patriotes qu’un Juif pût consentir à devenir le receveur de cet impôt abhorré. On comprend que les publicains ou péagers fussent considérés et traités comme des parias. On les accusait, en outre, de retenir sur leurs perceptions un droit énorme. Aussi, traîtres et voleurs, étaient-ils exclus du droit de témoigner en justice. Dans le langage du temps, ils sont assimilés aux païens et aux pécheurs : « Qu’il soit pour toi comme un publicain et un païen » (Matthieu 18.17). — « Les publicains et les pécheurs s’approchaient tous de lui pour l’entendre » (Luc 15.1).
Numérisation : Yves Petrakian